dimanche 5 avril 2020

Livre - Le fusil de chasse - Le maître de thé - Yasushi Inoué



Tu avais fini de frotter le canon et tu remontais la culasse, que tu avais également nettoyée.
Alors tu levas et abaissas plusieurs fois le fusil en épaulant à chaque fois. Mais peu après le fusil ne bougea plus. Tu l'appuyas fermement contre ton épaule et tu visas, en fermant un œil.
Je me rendis compte que le canon était manifestement dirigé vers mon dos.

 

 

 

 

 

 


"Monsieur Rikyu a assisté à la mort de beaucoup de samouraïs... Combien d'entre eux ont dégusté le thé préparé par Monsieur Rikyu avant d'aller trouver la mort sur le champ de bataille ? Quand on a assisté à la mort de tant de guerriers, on ne peut pas se permettre de mourir dans son lit !"

Non, Monsieur Rikyu (1522-1591), Grand Maître de thé issu du bouddhisme zen, n'est pas mort dans son lit ! Il s'est fait hara-kiri à l'âge de 69 ans. Pourquoi s'est-il donné la mort ? Un vieux moine, son disciple, tente d'élucider le mystère de ce suicide.

Ce livre enquête nous projette dans le Japon de la fin du XVIème et du début du XVIIème siècle. A cette époque, la cérémonie du thé était un acte grave, un rituel qui témoignait d'un engagement redoutable, empreint d'exigences éthiques et politiques, prétexte parfois à des négociations secrètes.

Le Maître de thé est donc tout naturellement un roman d'initiation, de méditation, lyrique et sensuel à la fois. A travers la figure historique de Rikyu, Yasushi Inoué (1907-1991) dresse le portrait d'une génération hantée par la mort. Étrange de penser qu'il a écrit là son dernier récit et sans doute son chef-d’œuvre, publié en 1991, l'année même de sa disparition !


YASUSHI INOUE (1907-1991) – Un siècle d'écrivains [1997]

 

Yasushi Inoué  Né(e) à : Asahikawa , le 06/05/1907 Mort(e) à : Tokyo , le 29/01/1991

 est un romancier japonais.

Fils d'un chirurgien militaire souvent muté, il est pendant un temps élevé par la maîtresse de son arrière grand-père, une ancienne geisha qu'il appelle grand-mère - alors qu'elle est étrangère à la famille Inoué. Il racontera plus tard cette enfance dans son roman autobiographique "Shirobamba". Il est un pratiquant assidu du judo (ceinture noire).

Il écrit des poèmes dès 1929. Après des études en philosophie à Kyoto et une thèse sur Paul Valéry, il se lance dans la littérature en publiant des poèmes et nouvelles dans des magazines, puis dans le journalisme, carrière entrecoupée par le service militaire (1937-1938).

En 1949, il publie "Le fusil de chasse" et se fait connaître grâce à une nouvelle récompensée la même année par le prestigieux Prix Akutagawa : "Combats de taureaux". Il se met ensuite à publier un grand nombre de romans et de nouvelles dont les thèmes sont souvent historiques et minutieusement documentés, comme "La Tuile de Tenpyō" (1957) "Le loup bleu" - roman sur Gengis Khan (1959) ou "Le Maître de thé" (1981).


En 1964, il est élu à l’Académie des Arts et préside l’Association littéraire japonaise de 1969 à 1972. Il reçoit l’Ordre National du Mérite en 1976. Il est également élu vice-président du PEN Club International en 1984.

Certaines de ses œuvres ont été adaptées au cinéma. "Le Sabre des Takeda" (en 1953) est adapté par Hiroshi Inagaki. "Asunarô" est adapté en 1955 par Akira Kurosawa et filmé par Hiromichi Horikawa. "Le Maître de thé" inspira Kei Kumai pour son film "La Mort d'un maître de thé" en 1989 qui obtint un Lion d'argent au Festival du film de Venise.

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