En l’an 997, à la fin du haut Moyen Âge, l’Angleterre doit faire face à
des attaques de Gallois à l’ouest et de Vikings à l’est. Les hommes au
pouvoir exercent la justice au gré de leurs caprices, s’opposant non
seulement au peuple, mais aussi au roi. Sans l’existence d’un État de
droit, c’est le règne du chaos
Dans cette période agitée, trois personnages voient leurs destins
s’entrecroiser. La vie du jeune Edgar, constructeur de bateaux, bascule
quand la seule maison dans laquelle il ait jamais vécu est détruite au
cours d’un raid viking, le forçant lui et sa famille à s’installer dans
un nouveau hameau et repartir de zéro. Ragna, jeune noble normande
insoumise, se marie par amour à l’Anglais Wilwulf et le suit de l’autre
côté de la Manche. Cependant, les coutumes de la terre natale de son
époux sont scandaleusement différentes des siennes. Tandis qu’elle prend
conscience que dans son entourage se joue une bataille perpétuelle et
violente pour le pouvoir, elle craint que le moindre faux pas n’ait des
conséquences désastreuses. Aldred, moine idéaliste, rêve de transformer
sa modeste abbaye en un centre d’érudition qui serait reconnu à travers
toute l’Europe. Chacun d’eux à son tour s’opposera au péril de sa vie à
l’évêque Wynstan, prêt à tout pour accroître sa richesse et son pouvoir.
Trente ans après la publication des Piliers de la Terre, vendu à plus de
27 millions d’exemplaires dans le monde, Le Crépuscule et l’Aube nous
transporte dans une époque historiquement riche dans laquelle se
confrontent ambition et rivalité, vie et mort, amour et haine, et nous
conduit aux portes des Piliers de la Terre.
Avec “Le Crépuscule et l’Aube”, Ken Follett remplit consciencieusement son cahier des charges
Le crépuscule et l’aube de Ken Follet est le prequel du livre à succès Les Piliers de la terre. On ne présente plus l’écrivain qui est un des plus célèbres auteurs de romans dans le monde. Plus de 170 millions d’exemplaires de ses 36 livres ont été vendus dans 80 pays en 33 langues. Le plus lu reste Les Piliers de la terre, saga romanesque sur fond de construction de cathédrales au XIIe siècle publié en 1990, il y a donc plus de 30 ans. Il publie une suite Un monde sans fin en 2008 suivi d’Une colonne de feu en 2017.
u début du roman, nous sommes en 997 dans un petit
village d’Angleterre, le port de Combe. Comme dans un générique de film,
les vikings attaquent, tuent, pillent et bousculent en quelques
secondes le destin de quelques familles de pauvres paysans. La famille
d’Edgar, jeune homme bien sous tous rapports, précurseur en quelque
sorte de Leonard de Vinci dans une version plus rurale puis de Mac
Gyver, doué pour construire des bateaux, des bâtiments, des ponts, un
ingénieur doué et génial avant que il n’existe des écoles pour les
ingénieurs, est ruinée. Elle se voit cependant confier quelques champs
difficilement exploitables dans un village voisin Dreng’s Ferry. Mais
entre l’aubergiste Dreng qui maltraite son personnel et vole les
clients, le brigand « Masque de fer» détroussant dans la forêt voisine,
la rivière voie d’accès des vikings à moins que cela ne soit des
gallois hostiles, sans compter le monastère local qui tombe en ruine,
l’ambiance dans le village est plutôt malsaine !
De l’autre côté de La Manche l’unique fille du comte de Cherbourg,
Ragna, une jeune femme de bonne famille plutôt douée et déterminée
connait ses premiers émois amoureux. Elle va être emmenée en Angleterre
pour se marier avec un noble de passage, Wilwulf, qui supervise le
territoire ou Edgar a atterri.
Les années 1000 : une époque agitée
Quelle époque ! Il y a bien un début d’ordre social avec un roi déléguant son pouvoir localement à un shérif mais tous deux semblent en grande partie impuissants par rapport aux nobles locaux et au clergé complices pour s’enrichir en exploitant les paysans.
C’est donc plutôt la sauvagerie à tous les étages. Les prisonnières de guerre sont transformées en esclaves domestiques ou sexuelles, les femmes sont souvent battues ou violées, les maris bafouent leurs épouses, les querelles entre hommes se règlent par des assassinats, les condamnés sont soumis à d’atroces tortures. Aux guerres intestines s’ajoutent les menaces aux frontières nécessitant régulièrement des campagnes guerrières. Et surtout, c’est un fantastique milieu à intrigues, à machinations et à mensonges.
Le crépuscule et l’aube : des personnages emblématiques
De cette fange, Ken Follet se plait à faire émerger de belles figures éprises de justice et d’humanité mais bien sur fortement contrariées dans leurs projets d’émancipation et de progrès par tous les méchants du roman. Outre Edgar et Ragna déjà cités, mentionnons aussi Aldred un moine idéaliste, ayant de véritables convictions spirituelles dans un clergé gangréné par l’ambition.
Du coté des méchants, le lecteur a encore plus de choix ! Dans le village, le doyen Degbert et son frère le tavernier Dreng sont licencieux, avares, cupides. A un niveau hiérarchique plus élevé, la bêtise brutale et gratuite de Wigelm, la tyrannie rusée, machiavélique de l’évêque Wynstan sont spectaculaires !
Le savoir-faire de Ken Follett pour élaborer un page turner
Ken Follett est un maître incontesté du roman historique. Le contexte historique est particulièrement documenté. L’abondance de détails sur la vie quotidienne de l’époque facilite l’immersion du lecteur dans cette époque du haut moyen âge plutôt mal connue.
Les héros sont attachants. L’auteur n’hésite pas à nous faire partager leurs passions, leurs envies et même leurs désirs dans des scènes d’intimité.
Mais il y aussi un rythme efficace dans le roman. Les récits dans les différents lieux s’entrelacent ménageant le suspens. La technique narrative se rattache à l’écriture du cinéma et des séries : description détaillées des scènes d’action, psychologie des personnages sans surprises et découpage s’accélérant jusqu’au dénouement.
Chaque problème résolu, parfois par des moyens radicaux, de nouveaux événements ou conspirations imprévus surgissent, empêchant le lecteur de reprendre son souffle !
Il faudra bien pourtant envisager un certain apaisement au bout des 850 pages. Le pont construit par Edgar rebaptise le nom du village de Dreng’s Ferry en King’s Bridge. L’action des Piliers de la terre se met en place !
En l’an 1006, l’intelligence et le camp du bien semblent l’emporter.
Souhaitons leur bonne chance pour la suite car la route est longue !
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