C'est l'histoire d'une seule croisade, la première, déclenchée par la prédication d'Urbain II à Clermont en novembre 1095, qui allait lancer les foules et les barons vers la Terre sainte.
Une expédition totalement différente de celles qui suivirent. C'était la croisade de conquête et de libération, alors que les croisades postérieures seront de défense et de conservation.
Ce fut une aventure absolue, hasardée, un formidable élan désordonné, souvent inconscient, qui déborda largement les calculs du pape.
Jacques Heers raconte d'une part l'événement fondateur, la mobilisation et le rassemblement des croisés (quatre armées " régionales " au lieu de l'armée unique prévue par le pape), l'enthousiasme des foules entraînées par une autre prédication, celle des ermites, des vagabonds porteurs de rêves messianiques, des imposteurs aussi qui jettent sur les routes, avant même les armées, un peuple hétéroclite de pèlerins voués au désastre. Il met l'accent d'autre part - et c'est l'un des grands intérêts de ce livre -, sur les arrière-plans sociaux, mentaux et spirituels, sur le climat d'une entreprise tellement inédite et déraisonnable.
Puis Jacques Heers décrit les longues marches à travers l'Europe centrale et les déserts d'Anatolie, les querelles byzantines devant Constantinople, les sièges interminables, la découverte de l'Orient. La croisade désordonnée, pathétique des " pauvres gens " n'aura qu'un temps.
Fourvoyée par des meneurs incapables ou indignes, ils se feront massacrer par les Turcs en octobre 1096. La vraie croisade, la croisade victorieuse, c'est celle des quatre armées accompagnées de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, démunis, sans vivres ni armes.
Elles n'atteignirent la Ville sainte que le 7 juin 1099, après plus de trois années d'épreuves, de disette, de combats, de conflits internes que seule la menace turque ou égyptienne parvenait à calmer momentanément.
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