La religion égyptienne a toujours exercé une fascination sur ceux qui
l'observaient de l'extérieur. Entre répulsion et tentative
d'appropriation, l'Antiquité classique nous a légué cette hésitation qui
a perduré bien après le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion.
L'égyptologie en tant que discipline est supposée remettre les choses à
leur juste place. Pourtant, l'Égypte ancienne ne peut être reliée, même
indirectement, à aucune de nos différentes cultures contemporaines.
Elle est autre, tant par son ancienneté que par le fait qu'elle a cessé
d'exister depuis près de deux millénaires et qu'aucun informateur ne
peut venir corriger nos erreurs et nous remettre sur le bon chemin. Les
mythes, par le terme même dont nous les désignons, sont marqués d'une
tare indélébile : ce sont pour nous des fables auxquelles on ne peut
croire ; ils supposent, au mieux, un état primitif de la pensée. C'est
là un piège auquel il est difficile d'échapper, d'autant que, pour les
Égyptiens, les mythes n'existaient pas.
En s'interrogeant sur la façon dont les Égyptiens vivaient leurs
croyances, en questionnant les raisons qui ont amené leur clergé à
élaborer des édifices théologiques complexes, on perçoit mieux la façon
dont ces croyances ont modelé une société, imprégné leur perception de
ce temps que nous nommons historique ; nous comprenons aussi pourquoi
l'écriture a été un support et un
La Chaire du Louvre
Dimitri Meeks Égyptologue, directeur de recherche honoraire du CNRS
Les Egyptiens et leurs mythes
Cycle de conférences du 27 septembre au 11 octobre 2018
Pour les Égyptiens, le mythe n’est pas une fable, mais un outil d’explication du monde. De plus, la notion même de religion n’existant pas pour eux, comment définissaient-ils ce qui est pour nous un dieu, le sacré, la foi ?
Cycle de 5 conférences à l'Auditorium du Louvre : La Chaire du Louvre. Les Egyptiens et leurs mythes, du 27/09/2018 au 11/10/2018.
« Anastylose » est un terme qui, en archéologie, désigne une technique permettant de reconstituer un monument ruiné en utilisant les fragments qui lui appartiennent et trouvés habituellement sur le site même où ce monument a été érigé.
Pour les Égyptiens, chaque pharaon accédant au trône inaugurait l’an 1. L’histoire pharaonique est une succession de recommencements qui tissent une trame bien différente de notre histoire linéaire. Les annales royales sont calquées sur le modèle des dynasties divines.
L’écriture hiéroglyphique, à laquelle on donnait le nom de « paroles divines », est une écriture révélée. Elle a d’abord été parlée par les dieux comme une parole-écriture, les deux étant intimement mêlées, avant d’être transmise aux hommes qui n’ont cessé d’en découvrir le caractère infini. Tout ce qui a été créé, êtres, choses, concepts, gestes, peut être transcrit en hiéroglyphes.
En tant que discipline, l’égyptologie est l’héritière du siècle des Lumières. Elle est de ce fait, dans ses méthodes, sa perception de ce que l’Égypte ancienne nous a laissé, partie prenante de la culture européenne occidentale. Au côté des temples majestueux, la complexité théologique de la religion égyptienne s’exprime dans des textes que nous considérons sous l’influence d’une des grandes religions monothéistes contemporaines, sans être non plus toujours conscients que le sens précis de la plupart des mots qu’ils contiennent nous est mal connu. Quelles que soient les difficultés et les limites, notre façon d’approcher la pensée de l’Égypte ancienne doit être reconsidérée.
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