Croisade contre le Graal est un livre qui mérite doublement d'être lu.
Tout d'abord pour ce qu'il nous conte : la lutte acharnée de l'Église
catholique contre l'hérésie cathare qui dura de 1209 à 1255 et qui
ravagea le Languedoc et le comté de Toulouse.
Albigeois : nom donné au 12ème siècle aux cathares du Languedoc
PROLOGUE
LE CATHARISME, UNE MENACE POUR L’ÉGLISE ET POUR LE ROI
Vers le milieu du 12ème siècle, alors que l’Europe est dominée par une profonde et ardente foi catholique, le Midi toulousain est gagné par une hérésie toute aussi enflammée, le Catharisme. Cette nouvelle religion, qui apparaît vers le 12ème siècle dans les Balkans, s’appuie essentiellement sur une dualité. Ses disciples, « les Parfaits », croient en deux principes divins opposés : d’une part un monde spirituel avec un Dieu bon, celui de l’Évangile, et de l’autre un monde matériel et corrompu avec un prince du mal et des ténèbres, Dieu de l’Ancien Testament. Les valeurs morales et l’austérité de ses adeptes contrastent avec l’opulence et le relâchement des représentants de l’Église catholique. Les cathares rejettent les sacrements, les indulgences, le purgatoire et le culte des saints. Ils ne glorifient point le sacrifice de la croix, et ne reconnaissent pas le pape comme le successeur légal des apôtres. Refusant le concept de propriété et condamnant le serment, ils sont considérés comme subversifs par la société féodale et par la royauté. Les fondations du christianisme vont chanceler, au point de décider le pape Innocent III à déclarer les « Bons Hommes » et les « Bonnes Dames », hérétiques.
En France, lorsque les croyances cathares apparaissent, la chrétienté est partagée au sein de l’Église et une grande divergence d’idées demeure entre les Français du Nord et les gens du Midi. Alors que ceux du Nord admettent la foi catholique romaine, dans les régions du Sud l’on a adopté l’« arianisme » depuis les premières heures du christianisme. Cette disparité va opposer le Languedoc à l’autorité de Rome, et faire de lui un foyer où les hérésies et les schismes vont se développer sans contrainte.
L’ÉTINCELLE
C’est vers le début du 13ème siècle, en 1204, que le pape Innocent III demande au roi Philippe Auguste (Philippe II) de mener une croisade contre les hérétiques cathares du Languedoc. Pour mener à bien la lutte contre cette nouvelle religion qui fait vaciller les dogmes de l’église catholique, le pape nomme dans cette région les légats apostoliques Pierre de Castelnau et Arnaud Amaury. Le sud de la France va alors s’embraser dans une guerre fratricide, qui opposera ses habitants et ses seigneurs aux forces de l’Église Catholique qui ont pris la Croix. Plus connue sous le nom de Croisade des Albigeois, cette guerre dévastera le midi et durera plus de 30 ans. La région sera dévastée, pillée et ruinée. Les années de destructions et de combats vont plonger le pays dans la famine et l’appauvrissement. Avec autant de morts et de désolation, peut-on parler de génocide ? Même de nos jours, il est difficile de faire ressortir un véritable coupable de cette triste page de notre histoire.
PREMIER APPEL A LA CROISADE
L’expédition porte officiellement le nom d’«Affaire de la Paix et de la Foi» (en latin, negotium pacis et fidei).
Innocent III promet les mêmes indulgences que pour un pèlerinage à Jérusalem. Philippe II refuse la proposition ; il est trop occupé dans son combat avec les Plantagenêt et ne prend pas part à la croisade contre l’hérésie cathare. Il préfère se tenir en retrait, ne voulant pas écorner son image en guerroyant contre des gens qui sont ses sujets. Il n’est pas d’accord avec le pape qui s’apprête à s’investir dans une affaire intérieure au pays, et il le lui fait savoir. Mais il accorde néanmoins sa bénédiction à ses vassaux et ne s’oppose pas à ce que l’abbé Guy des Vaux-de-Cernay recrute parmi les barons du nord.
Le légat pontifical Pierre de Castelnau essaie alors de se tourner vers Raymond VI de Toulouse, afin que celui-ci prenne la tête d’une force armée destinée à soumettre l’hérésie cathare. Mais le Comte de Toulouse, descendant du notoire Raymond IV de Saint-Gilles, chef de la Première Croisade en terre sainte, réfute l’offre du pape, arguant qu’il ne veut pas combattre ses propres sujets. Jugé trop complaisant envers les ennemis de l’Église, il sera excommunié. Fait inédit dans l’Histoire, pour la première fois une croisade est dirigée contre des disciples du Christ. Cet événement ne semble pas troubler les contemporains de cette époque ; il est vrai que l’hérésie cathare ne peut être tolérée.
Le choix d’Innocent III va se porter sur Simon de Montfort, un petit seigneur d’Île-de-France. Ce dernier va mettre le Languedoc à feu et à sang.
LES CROISES SUR LES ROUTES DU LANGUEDOC
CHRONOLOGIE
QUELQUES DATES :
1207
– 29 mai 1207 : Accusé d’être complaisant à l’égard des Cathares, Raymond VI de Toulouse est excommunié par Pierre de Castelnau, légat du pape Innocent III, et l’interdit est jeté sur ses terres.
– mai 1207 : Innocent III confirme par lettre la sentence d’excommunication de Raymond VI de Toulouse.
1208
– janvier : Raymond VI requiert vainement le pardon de l’Église.
– 14 janvier : alors qu’il traverse le Rhône près de Saint-Gilles, à Trinquetailles, le légat Pierre de Castelnau est assassiné par un homme à la solde du Comte de Toulouse. Cet événement est considéré comme le déclencheur de la Croisade des Albigeois.
– 10 mars : Pierre de Castelnau est canonisé. (Bulle d’Innocent III contre les assassins de Pierre de Castelnau). Toutes les tentatives du pape pour ramener les hérétiques au sein de l’Église catholique ont échoué. A la cour de France comme à Rome, on est décidé à mettre un terme aux ambitions d’indépendance du Languedoc.
RUINE ET DÉVASTATION DU MIDI
1209
– Au printemps : le cœur de l’armée croisée se réunit à Lyon. Tandis que le gros des troupes se forme, Arnaud Amaury prend le commandement de l’expédition.
– 18 juin : acte de soumission de Raymond VI à l’Église ; il est publiquement flagellé et humilié à Saint-Gilles. Nonobstant, il rejoint la croisade et prend la croix.
– 22 juin : afin de protéger ses terres de la convoitise des barons du Nord, Raymond VI se joint à l’armée croisée, et ne peut donc pas être attaqué.
– 22 juillet : prise de Béziers ; la population est massacrée. On dénombrera entre 20 000 et 30 000 morts.
– 1er août : début du siège de Carcassonne. Tentative de médiation, sans succès, de Pierre d’Aragon entre Raymond-Roger Trencavel et les croisés d’Arnaud Amaury.
– 15 août : capitulation de Carcassonne privée d’eau. Raymond-Roger Trencavel est fait prisonnier, et enfermé dans une de ses propres basses-fosses.
– fin août : à l’instigation d’Arnaud Amaury, Simon de Montfort prend la tête de la croisade. Il devient le nouveau Vicomte de Carcassonne, Béziers, Albi et Razès.
– En automne : la « quarantaine » (service militaire obligatoire de 40 jours) s’achève pour un grand nombre de croisés, et les rangs de l’armée du Christ se disséminent. La résistance occitane en profite pour se réorganiser. Les « faydits » désertent leurs bastions, devenus vulnérables, pour gagner les forteresses de montagne difficiles à investir.
– Septembre : reddition de Fanjeaux.
– Septembre : les habitants de Castres font allégeance à Simon de Montfort.
– Prise de Pamiers au Comte de Foix (Raymond-Roger de Foix).
– Les habitants d’Albi font allégeance à Simon de Montfort.
– Prise de Preixan et de Montréal.
– Fin octobre : rencontre entre Pierre d’Aragon et Simon de Montfort.
– 10 novembre : Raymond-Roger Trencavel meurt au fond de son cachot, probablement de soif et de dysenterie (Simon de Montfort sera accusé plus tard de l’avoir fait empoisonner).
LA RÉSISTANCE S’ORGANISE
1210
– Début de la rédaction en langue d’Oc de la chanson de la Croisade des Albigeois.
– Mars : l’épouse de Simon de Montfort, Alix de Montmorency, arrive dans le Languedoc avec des renforts.
– 15 juillet : Début du siège de la ville de Minerve (Héraut, France).
– 22 juillet : prise de Minerve. 140 cathares périssent sur le bûcher.
– 1er août : début du siège de la place forte de Termes (Aude France).
– Septembre : nouvelle excommunication de Raymond VI.
– Octobre : chute du château de Puivert.
– 23 novembre : prise de la place forte de Termes.
1211
CONCILE DE MONTPELLIER
En 1211, le concile se réunit à Montpellier pour statuer sur le cas du Comte de Toulouse. Bien que Raymond VI se soit rallié à la croisade, les faveurs du synode ne penchent toujours pas de son côté. L’assemblée, réunie pour la circonstance, maintient donc sa sentence d’excommunication envers lui. Cette décision est assortie d’une charte qui devra être respectée, point par point, par le Comte de Toulouse et ses descendants.
– Pierre II d’Aragon tente de négocier la paix entre Raymond VI de Toulouse, le légat Arnaud Amaury, et Simon IV de Montfort.
– avril : bataille de Montgey.
Victoire des troupes du Comté de Foix, placées sous les ordres de Raymond-Roger de Foix, face aux forces de l’armée croisée.
– 3 mai : prise de la forteresse de Lavaur par Simon IV de Montfort. 400 cathares périssent sur le bûcher.
La guerre devient impitoyable ; bûchers et massacres se multiplient. Avec la prise de Lavaur on atteint un sommet dans la cruauté. Les 80 défenseurs de la ville sont pendus, la dame de Lavaur (Guiraude de Lavaur, dite aussi Guiraude de Laurac), figure emblématique de la résistance des Albigeois, bonne catholique, est livrée aux soudards, puis jetée, poignets liés, dans un puits. Les 400 « Parfaits » qui ont refusé de renier leur foi sont brûlés sur un bûcher ; il sera le plus important de la croisade. On les enjoindra vainement à se convertir, et, comme à Minerve, ils iront à la mort en chantant.
– 5 juin : Raymond II Trencavel abandonne tous ses droits sur Carcassonne et Béziers à Simon IV de Montfort.
– 15 juin : l’armée des croisés bat celle du Comte de Toulouse devant la ville de Toulouse. Simon IV de Montfort commence le siège de la ville.
– 29 juin : Simon IV de Montfort quitte le siège de Toulouse et part ravager, en représailles, le Comté de Foix.
– Septembre : premier siège de Castelnaudary.
Victoire des Croisés de Simon IV de Montfort face aux troupes assiégées de Raymond VI de Toulouse.
(Une pierrière manœuvrée par les croisés).
1212
– Guy des Vaux de Cernay devient évêque de Carcassonne.
– Arrivée dans le Languedoc de Pierre des Vaux de Cernay (chroniqueur de la Croisade des Albigeois). Il a participé à la 4ème croisade (1202-1204) ; il est le neveu de Guy des Vaux de Cernay.
– Avril : Simon IV de Montfort reçoit des nouveaux renforts et se lance à la conquête de l’Albigeois et du Quercy.
– Les armées croisées sont victorieuses à Montcuq, Moissac, Castelsarrasin et Agen.
– Printemps : Chute de Puylaurens. Les croisés dominent la Gascogne et le Béarn.
– Retour d’Arnaud Amaury comme archevêque de Narbonne.
– A Pamiers, Montfort décrète l’abrogation des coutumes du pays d’Oc au profit de celles du nord de la France.
– Été : Simon IV de Montfort conquiert l’Agenais.
– 25 juillet : Montfort s’empare de Penne-en-Agenais. Après un siège de 50 jours, la ville capitule.
– Décembre : à Pamiers, Simon IV de Montfort fait rédiger une charte, « les statuts de Pamiers ». C’est une abrogation des coutumes civiles et religieuses des régions annexées dans le Midi, au profit de celles du nord de la France.
1213
– Janvier : le pape Innocent III suspend les hostilités. Une trêve est instaurée à l’initiative de Pierre II d’Aragon.
– 21 janvier : Pierre II d’Aragon se déclare protecteur de son beau-frère, le Comte de Toulouse.
– mai : fin de la trêve. Le fils de Philippe Auguste,Louis, futur Louis VIII, prend la croix ; la croisade reprend.
– 12 septembre : bataille de Muret (Haute Garonne).
Victoire des troupes croisées de Simon IV de Montfort, sur celles de Pierre II d’Aragon le catholique, du Comte de Toulouse Raymond VI, de Raymond Roger, Comte de Foix, et de Bernard IV de Comminges. Le roi d’Aragon, Pierre II, perdra la vie lors du combat.
En sortant victorieux de la bataille de Muret, Simon IV de Montfort annonce les débuts de la domination française sur l’Occitanie, et la fin des prétentions territoriales de la couronne d’Aragon au nord.
1214
– La région de Foix est à nouveau saccagée. Raymond Roger, Comte de Foix, se soumet à l’Église. Son château est investi et concédé en gage au légat du pape, qui le donnera par la suite à Simon de Montfort.
– Avril : le pape ordonne l’arrêt des combats. Nouvelle cessation des hostilités à la demande d’Innocent III. En novembre, le futur Concile de Latran décidera du sort du Languedoc.
– juin : Simon de Montfort s’empare de Marmande, Casseneuil, et rétablit son autorité sur l’Agenais.
LE CONCILE DE LATRAN
1215
– 8 janvier : le Concile de Montpellier attribue provisoirement les biens de Raymond VI de Toulouse à Simon IV de Montfort.
– Dominique de Guzman, futur « Saint Dominique », chargé par le pape d’extirper définitivement l’hérésie cathare, fonde l’Ordre des Dominicains.
– Toulouse accueille le premier contingent de frères prêcheurs, fondé par le futur saint Dominique.
– 11 novembre : ouverture du 4èmeConcile de Latran.
– Appel du pape à la 5ème croisade vers l’Égypte (1217-1221).
– 30 novembre : clôture du 4èmeConcile de Latran.
– 15 décembre : à l’issue du Concile de Latran, le pape Innocent III lègue définitivement le comté de Toulouse, le duché de Narbonne, les vicomtés de Carcassonne et de Béziers à Simon IV de Montfort. Le marquisat de Provence est donné à Raymond VII de Toulouse, le fils de Raymond VI de Toulouse.
1216
– Hiver : dépossédé de ses terres, Raymond VI de Toulouse s’enfuit en Espagne. Son fils Raymond VII, lui, reste en Provence.
– Avril : à Paris, Simon IV de Montfort rend hommage au roi Philippe Auguste. Ce dernier lui confirme ses droits et le reconnaît comme Comte de Toulouse.
– Mai : Raymond VII s’empare de Beaucaire et assiège le château tenu par Lambert de Limoux, un officier de Montfort.
– juin : Montfort met le siège devant Beaucaire.
– 6 juin : retranché dans Beaucaire, le futur Raymond VII résiste aux assauts de Simon IV de Montfort. En l’absence de ce dernier, Toulouse tente de se soulever.
– 16 juillet : mort du pape Innocent III.
– 24 août : échec de Simon IV de Montfort devant Beaucaire. Les croisés lèvent le siège et s’en retournent à Toulouse pour tenter de réprimer le soulèvement.
1217
– Été : raids de Simon IV de Montfort dans l’Ariège.
-Juillet : l’armée de Simon IV de Montfort part guerroyer dans la vallée du Rhône contre le Comte de Valentinois, Aymar II de Poitiers. Le chef des Croisés se bat du côté de Viviers, Montélimar, puis assiège Crest.
– septembre : siège de Toulouse.
Profitant de l’éloignement de l’armée du Nord, les Toulousains se révoltent, et demandent de l’aide à Raymond VI. Le comte, bientôt rejoint par son fils Raymond VII, parvient à s’infiltrer dans la ville, où il organise sa résistance. Rappelé en catastrophe, Simon IV de Montfort rejoint son frère Guy de Montfort qui vient de débuter le siège de la ville.
1218
– 25 juin : percuté par un projectile lancé par une pierrière actionnée par des femmes, Simon IV de Montfort décède aux pieds des remparts de Toulouse.
– 26 juin : Amaury de Montfort succède à son père à la tête des armées du Nord.
– 25 juillet : levée du siège de Toulouse ; Amaury de Montfort se replie sur Carcassonne.
LE PRINCE LOUIS ENTRE EN LICE
Armes de France
– A la demande du pape Honorius III, le futur Louis VIII, fils du roi Philippe Auguste, donne son aval pour continuer la croisade.
1219
– Mai : Louis VIII arrive dans le Languedoc à la tête d’une forte troupe composée d’une vingtaine d’évêques, une trentaine de comtes, six cents chevaliers et dix mille archers.
– 2 juin : le prince héritier Louis rejoint Amaury de Montfort qui assiège Marmande.
– 10 juin : reddition de Marmande ; 5000 habitants sont massacrés et la ville est incendiée.
– 16 juin : Début du 3ème siège de Toulouse par le prince Louis et Amaury de Montfort.
– début août : après avoir été à maintes reprises victorieuses, les armées croisées échouent devant Toulouse. La ville demeure insoumise. La quarantaine achevée, le futur roi Louis VIII repart pour le nord de la France. Dès lors, Raymond VII entreprend la reconquête du royaume de son père.
1220
– Naissance de Jeanne de Toulouse, fille de Raymond-le-Jeune (Raymond VII) et de dona Sancha d’Aragon.
– 13 juillet : second siège de Castelnaudary mené par Amaury de Montfort.
– Révolte des habitants de Béziers contre le légat Conrad de Porto.
– Raymond-le-Jeune s’empare de Lavaur, de Puylaurens, et de Montréal.
1221
– prise de Montréal par Raymond-le-Jeune.
– prise de Minerve par Raymond-Roger de Foix.
– 6 août : mort de Dominique de Guzman (Saint Dominique).
VERS LE RATTACHEMENT DU LANGUEDOC A LA COURONNE ?
– 2 août : mort de Raymond VI de Toulouse ; son fils Raymond VII lui succède. Ce dernier va continuer de guerroyer contre les armées croisées d’Amaury de Montfort afin de récupérer son héritage. Il demandera au roi de France Philippe II, Auguste, de lui en accorder la légitimité.
– Roger-Bernard de Foix continue la lutte et reprend Fangeaux, Limoux et Pieusse.
1223
– 27 mars : mort de Raymond-Roger, Comte de Foix, allié du Comte de Toulouse.
– 3 avril : Roger-Bernard II, Comte de Foix, lui succède.
– 1 mai : le cardinal Conrad de Porto, légat du saint siège, sollicite le roi Philippe Auguste d’organiser un concile de l’épiscopat français, afin de juguler l’avancée de l’hérésie cathare.
– 2 juin : le cardinal Conrad de Porto demande par une missive à tous les prélats français de se réunir à Sens.
– juin : prise de Mirepoix par Roger-Bernard II.
– juillet : réunion du Concile de Sens, pour mettre un terme à la Croisade des Albigeois.
– 14 juillet : mort du roi de France Philippe II, Auguste ; son fils Louis VIII monte sur le trône.
– 6 août : couronnement dans la cathédrale de Reims de Louis VIII.
1224
– Amaury de Montfort se retranche dans Carcassonne assiégée.
– 14 janvier : après avoir perdu presque toutes les conquêtes de son père, il finit par quitter le midi de la France pour toujours.
– Février : Amaury de Montfort cède ses droits en Occitanie au roi Louis VIII de France.
– Raimond II Trencavel, le fils du vaincu de 1209, rentre en possession de ses fiefs et terres et reprend la tête de Carcassonne.
– 3 juin : à Montpellier, le Comte de Toulouse Raymond VII et ses alliés, Roger-Bernard II, Comte de Foix, et Raymond II Trencavel, demandent au pape de reconnaître leur légitimité et leurs droits héréditaires sur les Comtés de Toulouse, de Foix, et de Carcassonne. En retour, ils promettent de purger le Languedoc de l’hérésie cathare, et de restituer les biens pris au clergé.
– 25 août : le pape Honorius III accepte leur serment, et les certifie dans leurs fiefs.
1225
– 29 novembre : début du Concile de Bourges pour régler l’hérésie cathare. Raymond VII réitère sa requête auprès du pape. Mais ce dernier se heurte à Amaury de Montfort, qui fait valoir ses droits en Occitanie et espère voir ses possessions du Comté de Toulouse récupérées par la couronne de France.
– Mort d’Arnaud Amaury à l’abbaye de Fontfroide.
1226
– 28 janvier : fin du Concile de Bourges. Raymond VII, n’ayant pas satisfait aux conditions imposées par le pape Honorius III, est excommunié.
– Louis VIII prend la croix contre les Albigeois.
– Avril : promulgation d’une ordonnance, la première en France, qui condamne les hérétiques à être suppliciés par le feu.
– 10 juin : début du siège d’Avignon.
– 9 septembre : reddition d’Avignon après un siège de trois mois. A la suite de la chute de la ville, de nombreuses cités, comme Nîmes, Castre, Carcassonne et Albi, déposent les armes et se rallient au roi, qui soumet ainsi le Languedoc et s’empare du Toulousain.
– Octobre : le roi quitte le Midi pour s’en retourner à Paris.
– 29 octobre : Louis VIII fait étape à Montpensier, en Auvergne, où il tombe gravement malade.
– 3 novembre : souffrant de dysenterie et sentant sa mort prochaine, le roi organise sa succession. Il confie la régence à sa reine Blanche de Castille, et fait jurer à ses proches d’être fidèle à son fils aîné, encore mineur, le futur Louis IX (Saint Louis), et de le faire sacrer roi.
– 8 novembre : mort de Louis VIII le lion.
1227
– 18 mars : mort du pape Honorius III ; son neveu Grégoire IX lui succède.
– Le Concile de Narbonne confirme les excommunications de Raymond VII de Toulouse, du Comte de Foix Roger-Bernard II, et de Raimond II Trencavel.
– Eté : siège et prise de la ville de Labécède.
– Sous les ordres d’Humbert de Beaujeu, sénéchal de Carcassonne, assisté de l’Archevêque de Narbonne et de l’Évêque de Toulouse, les armées croisées ravagent le Languedoc. Les troupes du roi mettent le siège devant le château de Labécède, en Lauragais, tenu par Pons de Villeneuve et Olivier de Termes, vassaux du Comte de Toulouse. A l’issue de la bataille, plusieurs défenseurs ont pu s’enfuir. L’Évêque sauvera la vie à un grand nombre de femmes et d’enfants. Cependant, il ne sera fait aucune pitié à Gérard de la Mothe, diacre hérétique, et à ses adeptes ; ils seront tous brûlés vifs.
1228
– 31 janvier : mort de Guy de Montfort, frère de Simon de Montfort, « le lion ».
– Été : les troupes du Roy, placées sous les ordres d’Humbert de Beaujeu, sénéchal de Carcassonne, mettent à sac les environs de Toulouse.
– novembre : Pons de Villeneuve et Olivier de Termes font acte de soumission.
1240
LA RÉVOLTE DE RAYMOND II TRENCAVEL (1204-1267)
Dès son retour d’Espagne où il s’était retiré, le fils de Raymond-Roger Trencavel veut récupérer les terres perdues par son père en 1229. Dans son combat il entraîne avec lui un grand nombre de faydits (seigneurs occitans dépossédés de leurs domaines, fiefs et terres).
– 7 septembre : Raymond II Trencavel met le siège devant Carcassonne.
-11 octobre : les seigneurs occitans sont forcés de lever le siège de Carcassonne. Cet échec marque définitivement la fin des prétentions de Raymond II Trencavel dans la reconquête des possessions de ses pères.
1247
Raymond II Trencavel se soumet définitivement à Paris.
Raymond Trencavel II
(1204 ou 1207 – entre 1264 et1267)
DYNASTIE
Lignée Trencavel.
NAISSANCE ET FAMILLE
Fils de Raymond-Roger Trencavel et d’Agnès(fille de Guilhem VIII de Montpellier et d’Agnès de Castille), Raymond, dit le jeune, naît vers 1204 et meurt vers 1267. A la mort de son père, en 1209, lors de la Croisade contre les Albigeois, Raymond est dépossédé de ses biens par Simon de Montfort. Alors âgé de deux ans, il est confié à la garde de Raymond-Roger de Foix qui deviendra son tuteur.
TITRES
Les membres de la maison Trencavel étaient parmi les seigneurs du Midi les plus puissants. Ils possédaient les vicomtés d’Agde, Albi, Ambialet, Béziers, Carcassonne, Nîmes et du Razès. Ils étaient les vassaux du Comte de Toulouse et du roi d’Aragon.
MARIAGE ET DESCENDANCE
Raymond, dit le jeune, se marie vers 1235 avec Saurine X (née vers 1220 – ?). De cette union naîtront deux fils :
Roger de Béziers, Vicomte de Béziers (naissance vers1240 – ?).
Raymond-Roger de Béziers (naissance ? – 1270).
SON ACTION
La collaboration des Trencavel aux côtés des Comtes de Toulouse, à la Croisade des Albigeois, les place parmi les acteurs majeurs des combats de cette période. Ils luttèrent avec ferveur contre l’invasion des barons du Nord menés par Simon de Montfort. Le père de Raymond Trencavel II, Raymond-Roger Trencavel, perdra la vie (le 10 novembre 1209), lors du siège et de la prise de Carcassonne (le 15 août 1209). Leur action mettra un terme à la fin des possessions seigneuriales et territoriales de la maison Trencavel, et celle des Comtes de Toulouse.
En 1240, Raymond II Trencavel organise le soulèvement du Languedoc et entraîne avec lui une multitude de petits seigneurs (dont Olivier de Terme). Sa tentative pour reprendre Carcassonne par la force échoue pendant le siège de la ville. Ainsi, il ne pourra pas récupérer les fiefs et terres de ses pères. En 1246, battu et épuisé, il abandonne ses droits au roi de France Louis IX.
En 1248, on retrouvera Raymond II Trencavel participant à la 7ème Croisade aux côtés de Saint Louis en Terre Sainte.
La date de sa mort demeure inconnue. On suppose qu’il décède peu avant 1267, quand son fils Roger apparaît sous le titre de Roger de Béziers, fils de Trencavel, dit Vicomte de Béziers.
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