Crime, vice, hérésie : mandaté par le pape, le grand inquisiteur de Toulouse Bernard Gui traque jusqu’à l’obsession apostats, blasphémateurs, sorciers et autres déviants. Ses ennemis ont pour noms catharisme, valdéisme, béguinisme. Ses principes reposent sur une règle, celle des dominicains, inspirée des concepts fondamentaux de saint Augustin. Ses méthodes sont celles des moines prêcheurs chargés des juridictions d’exception, tribunaux fondés sur une stricte interprétation du droit canonique.
Voici donc les sentences rendues en séances publiques par Bernard Gui durant son mandat à Toulouse, de 1308 à 1323. Autant d’histoires de familles et de villages, de tranches de vie et de rebondissements qui jettent un éclairage saisissant sur les mentalités de l’Occident médiéval à une période charnière de son histoire. Ces arrêts nuancent l’image du personnage froid et sanguinaire mis en scène dans Le Nom de la rose. Inflexible, Bernard Gui n’en recherche pas moins la vérité, la date juste, le témoignage correct. Il mène des enquêtes contradictoires. Et, contrairement à une légende tenace, peu nombreux seront les condamnés au bûcher.
Profession Inquisiteur
Bernard Gui 1261-1331 (de son vrai nom Bernard Guidoni, nom latin Bernardus Guidonis), né en 1261 dans l'ancienne paroisse de Royère aujourd'hui hameau de la commune de La Roche-L'Abeille dans le Limousin, et mort en 1331 à Lauroux dans l'actuel département de l'Hérault, est un dominicain français, évêque de Lodève et de Tui (Galice) (Espagne). Il a été surtout rendu célèbre par son rôle d'inquisiteur de l'hérésie en Languedoc.
Il embrasse les ordres à l'âge de dix-neuf ans (1280) en entrant comme novice au couvent dominicain de Limoges. Il devient prieur d'Albi dix ans plus tard (1294), puis de Carcassonne, de Castres et de Limoges1. Finalement, il est nommé inquisiteur de Toulouse en 1308 et occupe cette fonction jusqu'en 1323.
Médiocre théologien, il donne toute sa mesure dans ses nouvelles fonctions. Durant sa charge, il doit faire face aux trois grands types d'hérésies de son époque : le catharisme (1307–1323), le valdéisme (1316–1322) et les Béguards et Béguines (1319–1323).
Il appartient à la seconde génération d'inquisiteurs qui rendent à l'institution inquisitoriale son poids et son efficacité après une période de contestation. Il en est aussi le grand ordonnateur juridique. Il est l'auteur du premier des manuels d'Inquisition, la Practica Inquisitionis hæreticae pravitatis, rédigé entre 1319 et 1323. Réputé pour la sévérité de ses sentences (mais aussi pour la rigueur de ses enquêtes contradictoires), il envoie notamment au bûcher Pierre Autier, dernier "bon homme" hérétique actif en Languedoc (avril 1310). Il participa aussi au près du franciscain et opposant à l'Inquisition Bernard Délicieux (1319).
Son Liber sententiarum (Livre des sentences) recueille les actes de 11 sermons généraux (appelés sermo generalis) et ses 916 décisions de justice prises, pendant son mandat d'inquisiteur à Toulouse, contre 636 personnes (décisions individuelles ou concernant toute une communauté).
El nom de la rosa (Bernard Gui, l'Inquisidor)
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