dimanche 3 avril 2011

Livre - H - Les Hospitaliers - De Jérusalem à Rhodes - 1050-1317 - Alain Demurger

 À l'origine de l'ordre des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem se trouve un hôpital fondé dans la Ville sainte au milieu du XIe siècle pour héberger les pèlerins venus prier sur le tombeau du Christ. Pendant deux siècles, les frères accueillent des voyageurs, riches ou pauvres, malades ou non, portent assistance aux déshérités et délivrent des soins médicaux aux blessés de guerre.
D'abord ordre religieux, il est investi de responsabilités militaires dès le XIIe siècle avant même de devenir pleinement un ordre religieux-militaire. Pour preuve, l'apparition de frères d'armes, engagés avec les Templiers dans la défense des Lieux saints et des États latins d'Orient, et la grande forteresse du Crac des Chevaliers, qui atteste aujourd'hui encore de l'importance des moyens consacrés à cette tâche.
La Terre sainte, mais aussi la péninsule Ibérique, sont le terrain d'élection de leur engagement dans les combats et la défense des forteresses. Pour mener leurs missions sur le « front », ils peuvent s'appuyer sur des ressources accumulées à « l'arrière », dans la chrétienté latine d'Occident, grâce à un puissant réseau de maisons et provinces. Chassé de Terre sainte à la chute d'Acre en 1291, l'hôpital se replie à Chypre avant de s'établir à Rhodes à partir de 1310.
Assiégé par Soliman le Magnifique, il se réfugie à Malte fin 1521. De nos jours, l'ordre de Malte est revenu à la vocation charitable de ses débuts.



Les Chevaliers Hospitaliers

- Qu'ils soient issus de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem ou de Saint-Lazare, les hospitaliers étaient présents en Terre Sainte avant les Croisades. Au départ créés pour soigner les pèlerins et les nécessiteux, ils s'armèrent peu de temps après la prise de Jérusalem.

 

Forteresse de Belvoir

Juchée à plus de 300 mètres au-dessus de la vallée du Jourdain, la citadelle de Belvoir est bâtie en bordure du plateau de Naphtali, face aux collines de Guilead. Justement nommée Belvoir (également « le Coquet » !) par les Croisés, de part les vues qu’elle pouvait offrir sur la plaine d’Esdrelon (aujourd’hui plaine de Jezréel), la forteresse originelle fut édifiée par un obscur seigneur franc, Velos – vassal du comte de Tabarie – non loin des ruines d’un antique village juif nommé « Kochav », c’est-à-dire “l’Etoile” (curieuse correspondance : en arabe, la citadelle répond au doux nom de Kaukab al-Hawa, littéralement, “l’Étoile des vents”). Ce Velos vendit son apanage en 1168 à l’ordre des Hospitaliers, lesquels, comprenant l’importance stratégique de ce site, non loin du pont de Dudaire (actuel pont Allenby), décidèrent d’y bâtir une forteresse d’exception.

Dans la décennie qui suivit la prise en main de la citadelle par les frères Hospitaliers, celle-ci fut épargnée par le fracas des batailles. Ce ne fut qu’avec les coups de boutoir successifs de Saladin contre les verrous francs de Galilée et de la Terre de Suète, que Belvoir fut soudainement projetée au coeur des combats.


Une première fois, au cours de l’été 1182, les troupes de Saladin rencontrèrent l’armée franque en contrebas de la forteresse, au niveau du bourg de Forbelet (‘Afrabalâ, village arabe détruit pendant les affrontements de 1948). Saladin ne s’en prit de nouveau à la forteresse que cinq années plus tard, suite à sa victoire retentissante contre l’armée franque aux Cornes de Hattin. Ce siège, qui dura près de dix-huit mois, est resté totalement ignoré des chroniques franques (ce qui pourrait peut-être s’expliquer par l’isolement de la forteresse, au regard des lambeaux côtiers du royaume de Jérusalem encore aux mains des Francs). On sait toutefois par les chroniqueurs arabes que la stratégie employée fut celle du blocus, et que les forces laissées par le sultan furent rudement malmenées au cours d’une sortie nocturne de la garnison, au terme de laquelle l’émir commandant les troupes fut tué. Saladin fut donc contraint de venir superviser lui-même le siège en mars 1188, et comprit rapidement que la forteresse, bien approvisionnée en vivres et en hommes déterminés, devrait être emportée de vive force. Il revint avec des troupes plus considérables l’hiver suivant, après la chute de Safed. Sous une pluie battante et un vent violent, les troupes ayyoubides, embourbées, parvinrent finalement à saper la muraille externe de château sur le front sud. La garnison se rendit le 5 janvier, et put rejoindre sans condition la ville de Tyr. En 1217-1218, les fortifications du château furent démantelées par les gouvernants musulmans qui craignaient sa reconquête par les Francs. En 1240, l’habile politique de Frédéric II aboutit à sa rétrocession. Mais faute de fonds, la forteresse ne fut pas relevée et les Musulmans s’en réemparèrent quelques années plus tard…

Elle est bâtie en bordure du plateau de Naphtali, face aux collines de Guilead. Justement nommée Belvoir (également « le Coquet » !) par les Croisés, de part les vues qu’elle pouvait offrir sur la plaine d’Esdrelon (aujourd’hui plaine de Jezréel), la forteresse originelle fut édifiée par un obscur seigneur franc, Velos – vassal du comte de Tabarie – non loin des ruines d’un antique village juif nommé « Kochav », c’est-à-dire “l’Etoile” (curieuse correspondance : en arabe, la citadelle répond au doux nom de Kaukab al-Hawa, littéralement, “l’Étoile des vents”). Ce Velos vendit son apanage en 1168 à l’ordre des Hospitaliers, lesquels, comprenant l’importance stratégique de ce site, non loin du pont de Dudaire (actuel pont Allenby), décidèrent d’y bâtir une forteresse d’exception.


Dans la décennie qui suivit la prise en main de la citadelle par les frères Hospitaliers, celle-ci fut épargnée par le fracas des batailles. Ce ne fut qu’avec les coups de boutoir successifs de Saladin contre les verrous francs de Galilée et de la Terre de Suète, que Belvoir fut soudainement projetée au coeur des combats.

Une première fois, au cours de l’été 1182, les troupes de Saladin rencontrèrent l’armée franque en contrebas de la forteresse, au niveau du bourg de Forbelet (‘Afrabalâ, village arabe détruit pendant les affrontements de 1948). Saladin ne s’en prit de nouveau à la forteresse que cinq années plus tard, suite à sa victoire retentissante contre l’armée franque aux Cornes de Hattin. Ce siège, qui dura près de dix-huit mois, est resté totalement ignoré des chroniques franques (ce qui pourrait peut-être s’expliquer par l’isolement de la forteresse, au regard des lambeaux côtiers du royaume de Jérusalem encore aux mains des Francs). 


On sait toutefois par les chroniqueurs arabes que la stratégie employée fut celle du blocus, et que les forces laissées par le sultan furent rudement malmenées au cours d’une sortie nocturne de la garnison, au terme de laquelle l’émir commandant les troupes fut tué. Saladin fut donc contraint de venir superviser lui-même le siège en mars 1188, et comprit rapidement que la forteresse, bien approvisionnée en vivres et en hommes déterminés, devrait être emportée de vive force. Il revint avec des troupes plus considérables l’hiver suivant, après la chute de Safed. Sous une pluie battante et un vent violent, les troupes ayyoubides, embourbées, parvinrent finalement à saper la muraille externe de château sur le front sud. La garnison se rendit le 5 janvier, et put rejoindre sans condition la ville de Tyr. En 1217-1218, les fortifications du château furent démantelées par les gouvernants musulmans qui craignaient sa reconquête par les Francs. En 1240, l’habile politique de Frédéric II aboutit à sa rétrocession. Mais faute de fonds, la forteresse ne fut pas relevée et les Musulmans s’en réemparèrent quelques années plus tard…

 

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