vendredi 10 avril 2009

Livre - H - Contre les hérésies - Démonstration de la prédication apostolique - Saint Irénée de Lyon


 La vie d'Irénée, évêque de Lyon vers 177, est peu connue dans ses détails. En revanche, son grand ouvrage « Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur », couramment désigné sous le titre « Contre les hérésies », éclaire la personnalité de l'évêque de Lyon et révèle, par-delà son intelligence vive des mystères de la foi, sa vocation de pasteur lucide, pleinement conscient des responsabilités qui lui incombent à un moment clé de l'histoire de l'Église, quand l'hérésie gnostique gagne du terrain et menace de submerger les communautés chrétiennes. La présente traduction, publiée dans la collection « Sources chrétiennes » en neuf volumes, se veut accessible à un large public : elle est donnée sans appareil technique et annotation, à l'exception des notes indispensables à la compréhension du texte.

 

 


« Tel est le chemin de la vie », dit, à la fin du petit livret de la « Démonstration », Irénée, évêque de Lyon dans la seconde moitié du IIe siècle. Il vient ainsi de reprendre succinctement, en faveur d'un ami qu'il appelle Marcien, son grand ouvrage : il a laissé les hérésies de côté, et s'applique sobrement à mettre en relief les aspects positifs de la doctrine chrétienne. Celle-ci, appuyée sur l'Ancien et le Nouveau Testament, conduit, à travers les vérités qu'elle transmet, droit au but du chemin, à la Vie. Ce livret eût été perdu sans la traduction arménienne dans laquelle il a été précieusement conservé. Il convenait d'en refondre entièrement l'édition, car d'heureuses publications de fragments arméniens ces dernières années ont apporté des éléments d'information qui exigeaient un nouvel examen du texte. À cet examen, le P. A. Rousseau, déjà éditeur de la grande œuvre d'Irénée et spécialiste de l'arménien, s'est livré avec le talent et la minutie qu'on lui connaît. Le résultat en est cette publication où latin, grec, arménien se côtoient et se renforcent pour donner une traduction française qui devrait satisfaire aussi bien les savants férus d'authenticité que les chrétiens qui veulent se nourrir de la pensée d'Irénée.
 

 

KTO - Saint Irénée de Lyon

Pour fêter avec le diocèse de Lyon l’année Saint-Irénée qui vient d’être inaugurée le 28 juin 2019 par Mgr Dubost, La Foi prise au mot votre propose de découvrir Saint Irénée de Lyon, haute figure de l’Église du IIe siècle. En effet, quoique son fameux ouvrage Contre les Hérésies soit l’un des grands traités patristiques, nous n’avons pas eu l’occasion d’en parler dans nos séries sur les Docteurs de l’Église, puisque traditionnellement, Irénée n’en fait pas partie. Qui fut-il ce second évêque de Lyon, né vers 130 et mort vers 202 ? Et surtout, que contient son œuvre ? Vous le saurez en retrouvant les deux invités de Régis Burnet : sœur Véronique Minet, membre du Service évangélisation Diocèse de Grenoble-Vienne et auteur de Prier 15 jours avec saint Irénée de Lyon (Nouvelle Cité), et le frère Elie Ayroule vice-postulateur de la cause de Saint Irénée.

 

 Irénée de Lyon 130-202 ou saint Irénée (en grec ancien Εἰρηναῖος Σμυρναῖος / Eirênaĩos « pacifique » Smyrnaĩos « de Smyrne »), est le deuxième Évêque de Lyon au IIe siècle entre 177 et 202. Il est un des Pères de l'Église. Il est le premier occidental à réaliser une œuvre de théologien systématique. Il rédige ses œuvres afin de présenter la doctrine catholique contre les thèses gnostiques

De culture et de langue Grecque, Irénée est né à Smyrne en Asie Mineure vers 130. Il témoigne avoir connu saint Polycarpe, qui lui-même avait connu l'apôtre Jean.
Arrivé en Gaule vers 157, il s'associa aux travaux de Pothin, premier évêque de Lyon. Quand Pothin périt victime d’une persécution de Marc Aurèle, en 177, Irénée fut choisi pour le remplacer.
Son épiscopat est marqué par une forte expansion missionnaire : un grand nombre de diocèses furent fondés par des missionnaires envoyés par Irénée. C'est le cas de Besançon et Valence qui doivent à l'évêque de Lyon leurs premiers pasteurs.
Soucieux de l'unité de l'Église, il met en valeur son nom d'homme de paix (Εἰρηναῖος). C'est ainsi qu'il intervient auprès du pape lors de la querelle autour de la date de Pâques. Dans une partie de l'Asie, on célèbre Pâques le 14 Nisan, comme les juifs. Ailleurs, Pâques est fêtée le dimanche suivant. Après plusieurs tentative de résolution au cours du IIe siècle, le pape Victor Ier veut mettre un terme à cette dispute. Vers 190, il se décide à excommunier les asiates. 


Par son intervention, Irénée (qui fête lui-même Pâques le dimanche) lui enjoint de laisser chaque Église libre dans les matières qui ne portent pas sur la Foi. Le conflit ouvert est ainsi évité. Les Églises orientales prendront progressivement et pacifiquement l'usage majoritaire.
Il dresse la liste de succession des papes à Rome2
Il meurt à Lyon en 202 après la publication d'un édit de persécution par Septime Sévère. D'après les témoignages tardifs de Jérôme au Ve siècle et de Grégoire de Tours au VIe siècle, il serait mort martyr à cette occasion. Ses reliques sont conservées dans l'église Saint-Irénée auprès d'autres martyrs de Lyon depuis le Ve siècle malgré le sac de l'église par les protestants du baron des Adrets en 1562. 


 

 

Livre - H - Traité des reliques - Jean Calvin

 


Ouvrage irrévérencieux et d'un humour inattendu chez le père du protestantisme français et pour le 500e anniversaire de sa naissance en 2009, ce traité des reliques, publié en 1543, recense les reliques de saints dont, à son époque, le monde chrétien s'enorgueillissait. Il ironise sur les innombrables croix et couronnes d'épines, les corps de saints en double ou triple exemplaire, les vêtements et autres objets intacts depuis 1500 ans, tous objets de jalousie et de pèlerinage.
Pour Calvin, il s'agit par là de se débarrasser du culte des idoles pour s'attacher à dieu seul. Ce texte, s'il fait appel à la raison pour repousser l'idolâtrie, est aussi un texte de combat, un pamphlet théologique au service de la foi seule. Il témoigne enfin d'une maturité de la langue française qui le place entre Rabelais et Montaigne, autres grandes figures de la renaissance.



Jean Calvin
Il voyait la vraie sagesse dans une double connaissance : celle de Dieu, celle de soi. Réformateur, théologien, prédicateur, pédagogue, Jean Calvin (1509-1564) participe à la mise en place de structures religieuses, sociales, politiques ou économiques appelées à se développer pendant des siècles. Depuis Genève, son rayonnement s’étend sur l’Europe tout entière. Inventeur d’un art d’écrire qui est une sorte de « rhétorique de la simplicité », il est considéré comme l’un des créateurs de la langue française classique. Derrière la légende – souvent noire –, se cache un individu complexe et un immense écrivain.



Jean Calvin 1509-1564, dit Calvin, est l'un des principaux théologiens français du protestantisme - ou encore, de la « Réforme ».

Après des études de droit, Calvin rompit avec l'église catholique romaine vers 1530. Du fait des persécutions contre les protestants en France, Calvin se réfugia à Bâle en Suisse où il publia la première édition de son œuvre maîtresse, l'Institution de la religion chrétienne en 1536. La même année, il fut recruté par Guillaume Farel pour aider à la réforme de l'église à Genève. Le conseil municipal résista à l'application des idées de Calvin et de Farel et les deux hommes furent expulsés. À l'invitation de Martin Bucer, Calvin se rendit à Strasbourg où il devint pasteur d'une église de réfugiés français. Il continua de soutenir le mouvement réformateur à Genève et fut finalement invité à revenir dans la ville.

Après son retour, Calvin introduisit une nouvelle liturgie et des idées politiques novatrices malgré l'opposition de plusieurs puissantes familles de la ville qui tentèrent de s'opposer à son autorité en particulier via le procès de Michel Servet. L'arrivée de réfugiés favorables à Calvin et de nouvelles élections permirent néanmoins d'évincer ses opposants du conseil municipal. Calvin passa les dernières années de sa vie à promouvoir la Réforme à Genève et dans toute l'Europe.

Calvin était un polémiste et un écrivain apologétique infatigable qui provoqua de nombreuses controverses. Il échangea également des lettres cordiales et favorables avec de nombreux réformés comme Philipp Melanchthon et Heinrich Bullinger. En plus de l'Institution, il rédigea des essais sur la plupart des livres de la Bible de même que des traités de théologie et des confessions de foi. Il réalisait régulièrement des sermons dans tout Genève. Calvin fut influencé par la tradition augustinienne qui le poussa à disserter sur les concepts de prédestination et de la souveraineté absolue de Dieu dans la rédemption et dans la damnation. Les écrits et les prêches de Calvin ont fourni la base de la branche de la théologie qui porte son nom. Les églises réformées et presbytériennes ont depuis propagé la pensée de Calvin dans le monde entier.

Livre - R - Restitution du christianisme - Michel Servet

 


La Restitution du Christianisme est le grand-oeuvre du médecin humaniste Michel Servet (1511-1553), dont l'histoire est liée à celle de Calvin. Eveillé par Erasme à l'antidogmatisme, Servet quitte la suite de Charles-Quint pour rejoindre les réformateurs rhénans, puis s'en sépare après ses deux premiers livres. Mu par " une sorte d'impulsion divine ", il proclame insuffisante la révolution luthérienne. Le christianisme reviendra à ses sources par une lecture renouvelée des textes fondateurs, à la lumière de la philologie et de l'histoire. Parallèlement à sa carrière scientifique, armé des axiomes d'Aristote et de la Bible, il convoque les Pères anténicéens pour construire avec les philosophes présocratiques, hermétiques et platoniciens, une cosmogonie en harmonie avec la révélation messianique. La Restitutio, au discours souvent autobiographique et lyrique, est la plus remarquable manifestation littéraire de la Réforme radicale.

 


Michel Servet (Miguel Servet ou Serveto, en espagnol), né le 29 septembre 1511 à Villanueva de Sigena dans le Royaume d'Aragon et exécuté le 27 octobre 1553 à Genève, est un théologien et médecin espagnol. Le médecin re-découvrit la façon dont le sang passe dans les poumons pour s'oxygéner. Le théologien développa une théologie radicale, refusant notamment le dogme de la Trinité, qui lui valut de nombreuses condamnations de ses idées, aussi bien de la part des catholiques que des protestants. Il fut arrêté à Genève, et condamné à mort pour hérésie, le 27 octobre 1553.
 

 

 

 

 

Michel Servet et Jean Calvin

Lors de l'affaire Servet, Calvin n'avait pas encore de statut officiel à Genêve. C'est un ennemi de Calvin qui a condamné Servet et Calvin s'est même opposé au bûcher qu'il trouvait trop cruel. Pourquoi alors parler de cette "affaire Servet" plutôt que des milliers de bûchers que l'inquisition a dressé aux protestants? Parce que la propagande jésuite de l'époque a monté en épingle cette affaire Servet pour mieux détourner l'attention de ses propres exactions. Il faut donc rétablir la vérité dans cette affaire. Jean Calvin a sa part de responsabilité dans la mort de Michel Servet. L'affaire Servet a laissé une tache d'autant plus voyante qu'elle est isolée dans l'histoire de la réforme.

Michel Servet

Michel Servet était un médecin espagnol, humaniste brillant. C'est lui qui a fait connaître la petite circulation sanguine.
Il avait une théologie marginale(1): Servet s'opposait à la doctrine de la trinité et à la divinité de Jésus-Christ.
Il était parfois excessif dans son propos: Michel Servet nomme ceux qui croient à la Trinité "Athéistes". Il appele la Trinité "un diable et monstre à trois têtes" et dit que le baptême des petits enfants n'est "qu'invention diabolique et sorcellerie".

En 1553, alors qu'il était à Vienne en France, Michel Servet est condamné au bûcher(2) par l'inquisiteur (catholique) Mathieu Ory. Servet parvient à s'évader et se rend à Genève. L'inquisition le condamne donc par contumace et seule son effigie et ses livres sont brûlés.

Contexte politique et rôle de Calvin à Genève

Qu'allait chercher Michel Servet à Genève?
« Peut-être a-t-il pensé qu'il avait une chance de remplacer Calvin », suggère le documentaliste allemand Oliver Eckert.

En effet, en 1553, un gros problème se pose à Jean Calvin. Le parti des "libertins" a pratiquement pris le pouvoir politique au Conseil des Deux-Cents qui gouverne la ville de Genève. Ses membres sont tous des adversaires de Calvin et aimeraient bien se débarasser de lui.

La situation officielle de Jean Calvin à Genève n'est pas encore établie. Il exerce seulement une influence spirituelle(3).
Servet est sans doute au courant de cette opportunité. Dans ses lettres, Servet traite Calvin de haut. Il le considérait comme quantité négligeable, ne comprenant rien à rien, et ne méritant pas d'être à la place où il était. Il n'hésitait pas à le traiter "d'ignare" ou "d'âne". On ne peut pourtant pas dire que Calvin ait manqué d'érudition.

Le dimanche 13 août 1553, Michel Servet se rend au culte au temple où Jean Calvin prêche. Est-ce une provocation délibérée? En tous cas à la sortie du temple, Michel Servet est arrêté(4). Servet se retrouve alors en prison. Malgré des conditions de détention rudes, il pouvait écrire à qui lui semblait bon et commander les ouvrages qu'il voulait en vue de sa défense.

Servet pensait que les choses allaient bien tourner pour lui, voici ce qu'il écrit de sa prison:

Si j'avais dit cela, non seulement dit, mais écrit publiquement, pour infecter le monde, je me condamnerais moi-même à mort. C'est pourquoi, Messeigneurs, je demande que mon faux accusateur [Jean Calvin] soit puni, et qu'il soit détenu prisonnier comme moi, jusqu'à ce que la cause soit définie pour mort de moi ou de lui, ou autre peine. Et pour se faire, je m'inscrit contre lui à la dite peine du talion. Et suis content de mourir s'il n'est convaincu de ceci et d'autre chose, que je lui mettrai dessus. Je vous demande justice, Messeigneurs, justice, justice.
Cette requête était accompagnée de certains articles sur lesquels Servet demandait que Calvin soit interrogé.

Dans cette affaire Calvin jouait lui aussi sa vie. Les Libertins au pouvoir avaient pris le parti de Servet, moins par intérêt pour ce malheureux qu'afin de nuire à Calvin. Ce procès était devenu une affaire politique(5).

Procès de Michel Servet, rôle de Jean Calvin

Calvin va demander d'assister au procès qui se déroule devant le Petit Conseil. Le Conseil ordonne a Calvin d'extraire mot à mot du livre de Servet les propositions répréhensibles. Calvin le fit, et Servet répondit en latin.

Tout donnait à penser que le parti des libertins opposé à Calvin allait être favorable à Servet. Paradoxalement, ils ne veulent pas apparaître comme des hérétiques. Ils ne le défendront pas quand il aurait fallu le faire. Servet sera victime de la situation la plus mauvaise pour lui, mais aussi pour Calvin. Certains ne pensaient qu'à bannir Servet, ce qui aurait pu se produire. Mais Servet tente sa chance et attaque Calvin, il l'accuse d’hérésie et exige que tous les biens de Calvin lui soient légués. Il va jusqu'à dire : "C'est lui ou moi. Il s'agit de savoir qui vous voulez suivre". Ayant l'habitude des affaires de l'État, on savait que Calvin avait des aptitudes pour gouverner(6), ce qui n'était sûrement pas le cas de Michel Servet. Servet se montra donc très maladroit en attaquant ainsi Calvin.

Condamnation au Bûcher de Michel Servet (Genève 1553)

Le magistrat se prononça rapidement contre Michel Servet, ce à quoi Calvin ne s’attendait pas(7). Plus encore, le conseil de la ville s’approprie l’accusation. Les expertises des autres cantons protestants sont demandées mais avant que ceux-ci ne puissent se prononcer, le conseil de la ville constitue sa propre accusation, rédigée par un adversaire de Calvin.

Les expertises des villes (protestantes) de Bâle, de Schaffhouse et de Zurich arrivent, elles sont unanimes: les réponses sont toutes en faveur de Calvin. On considérait Michel Servet comme un surexcité. En même temps, les réponses sont modérées : aucun canton ne propose la peine de mort. On affirmait seulement la nécessité de réagir. Le 26 octobre 1553, Servet est condamné à la mort sur le bûcher. Le jugement est exécuté le lendemain, bien que Calvin et les autres pasteurs aient demandé une forme d’exécution moins cruelle(8).

Conclusion sur l'affaire Calvin Servet

Jean Calvin a contribué à la mort de Michel Servet, on ne peut pas l’exonérer de sa responsabilité dans cette affaire. Calvin, en mettant ses lettres à disposition du tribunal, a participé au procès(9). Il n’a pas essayé d’arrêter le conseil de Genève (il n’aurait toutefois pas eu réellement la possibilité de le faire.) Il a une responsabilité claire dans la mort de Servet – pas plus. On ne peut pas affirmer qu’il s’agisse d’un procès de Jean Calvin contre Michel Servet. Aucune autre ville n’aurait agi autrement. Avant et après Servet, des centaines d’hérétiques ont été exécutés, que ce soit par des régimes protestants ou catholiques. Aujourd’hui, il est facile de condamner Calvin. Mais nous ne pouvons pas appliquer nos critères modernes aux actions de Calvin car celles-ci reflètent seulement l’esprit du 16e siècle(10).

On doit convenir que dans cette affaire Servet, Calvin ne montre pas d'inclination à la tolérance. En cela, il est resté un homme du Moyen Âge. Comme l'affirme l'historien Gibbon : «La liberté d'opinion fut en réalité le résultat et non l'objectif de la Réforme».

En conclusion: que ce soit d'un point de vue catholique ou protestant, Michel Servet est "hérétique" c'est à dire qu'il soutient des doctrines extravagantes et anti-bibliques(11). Par contre l'évangile, ne demande absolument pas qu'on brûle qui que se soit.

Jean Calvin et Genève s'étaient distanciés de l'intolérance catholique de l'époque pour revenir à la pureté évangélique dans de nombreux domaines: on ne peut que regretter qu'ils ne l'aient pas fait dans ce cas précis(12). Les protestants d'aujourd'hui sont unanimes à condamner ce bûcher et l'ont fait en érigeant un monument à Michel Servet. Ils espèrent qu'un jour le Vatican répudiera aussi catégoriquement les crimes de l'inquisition et de la saint Barthélemy.

Sur ce personnage que fut Calvin, sur la manière contrastée dont il est perçu aujourd’hui et dont il a été perçu par le passé, il nous faut un regard lucide. Ni saint ni dictateur, Calvin, homme de son temps, fut cependant un esprit de premier plan au XVIe siècle.

Quant à Michel Servet -même si l'on désapprouve sa théologie- son érudition mais surtout le fait qu'il ait été brûlé pour ses idées force le respect.

Sources: reformiert-online


Notes

(1) Michel Servet est proche de l'arianisme: il ne reconnaîssait que Dieu le créateur. Pour Servet Jésus et le Saint Esprit sont des expressions de l’action divine mais non Dieu lui-même.
(2) Voici la genèse de cette condamnation: à Genève, un certain Guillaume de Trie entre en correspondance avec son cousin Arneis (catholique) resté à Lyon. Ce dernier écrit que les Genevois mènent une vie désordonnée et que la pagaille y règne. Guillaume de Trie répond qu'à Vienne, on tolère les pires hérétiques, au point de les héberger au palais archiépiscopal. Arneis demande des précisions. De Trie lui apprend que Michel Servet nie la trinité, et jusqu'à la divinité de Jésus-Christ, et qu'il est néanmoins le médecin de l'archevêque de Vienne. Arneis demande alors des preuves, que Guillaume de Trie va trouver chez Calvin. De Trie savait que Calvin avait entretenu toute une correspondance avec Servet. Celle-ci n'était pas confidentielle, puisque l'essentiel en avait été imprimé par Servet lui-même. Il faut le dire à la décharge de Calvin. De Trie avait prévenu Calvin de ce qu'il voulait envoyer un certain nombre de textes à son cousin de Lyon. Calvin était réticent, il se doutait bien que l'histoire pouvait mal se terminer. Ainsi, des documents autrefois chez Calvin se sont retrouvés, via le cousin catholique, en possession de l'Inquisition à Lyon. Ils ont servi à condamner Michel Servet.
(3) Officiellement, Jean Calvin n'est rien à Genève, n'ayant toujours pas le droit de bourgeoisie, qu'il n'obtiendra qu'en 1559. Il est un simple prédicateur.
(4) probablement à l'instigation de Calvin
(5) certains pensent que Servet avait été appelé à Genève par les ennemis de Calvin, qui voulaient se servir de lui comme d'un instrument pour éliminer le réformateur. Servet était en relation avec eux: son livre "la Restitution de la religion chrétienne" avait pour imprimeur un nommé Guéroult, originaire de Genève et du parti des libertins. Les libertins représentaient un parti politique opposé à Calvin, revendiquant le droit de vivre à leur guise. Ils n'étaient pas satisfaits de la vie très compassée qu'on était obligé de mener à Genève sous la férule du Consistoire.
(6) Quand Calvin avait quitté Genève en 1538 les choses ne s'étaient pas alors très bien passées pour la ville. Ainsi, les Genevois tenaient à le garder.
(7) Jean Calvin pensait que le combat serait plus rude vu la dimension politique que ses adversaires "libertins" auraient voulu donner à l'affaire Servet.
(8) c'est le pouvoir politique opposé à Calvin qui a décidé de la peine et non pas les réformateurs. Ces derniers ont été consultés et écoutés concernant l'orthodoxie de la doctrine de Michel Servet mais pas sur la peine à appliquer au "coupable". On voit souvent Calvin comme un dictateur à Genève. En fait, il n'a jamais été favorable à une emprise du pouvoir religieux sur le pouvoir politique. Bien au contraire il a milité ardemment pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat. A noter: Servet souhaita parler à Calvin deux heures avant de mourir. "Je te demande ton pardon, lui dit le condamné. – Moi, dit le réformateur, je proteste que je n'ai jamais poursuivi contre toi aucune injure particulière." [C.-S. Jourdan, Vie de Servet]
(9) Cette correspondance n'était toutefois pas confidentielle, puisque l'essentiel en avait été imprimé par Servet lui-même
(10) même le modéré Melanchthon félicite Calvin pour son rôle dans le procès de Servet! Il y eut cependant des réactions dans le monde protestant de l'époque. Le chancelier de Berne, Zurkinden, estime que "ce n'est pas comme cela qu'on parviendra à convertir les gens. Même si quelqu'un est actuellement un fléau pour l'église, il peut devenir un champion de la bonne cause. On n'a donc pas le droit de supprimer tout avenir à quelqu'un." Une leçon très évangélique au Réformateur! L'exécution de Servet déclenche aussi une polémique entre Calvin et Sébastien Castellion, défenseur de la tolérance religieuse qui a eu cette belle phrase: "Tuer un homme, ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme."
(11) Voir: divinité de Jésus-Christ, et trinité
(12) Curieusement, Calvin lui-même a fait preuve de plus d'intransigeance envers les protestants extrémistes comme Servet que vis-à-vis des catholiques avec lesquels il collabora plus d'une fois.

 

Livre - R - Institution de la religion chrétienne - Jean Calvin

 


Cette nouvelle édition complète en français moderne et en un volume de l'Institution de la religion chrétienne permet au lecteur d'aujourd'hui de découvrir toute la saveur et la pertinence de cette œuvre majeure du réformateur français. Dans cette véritable théologie, historique et systématique, Calvin traite de la connaissance de Dieu, de la création et de la providence, de l'histoire du salut, de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ, le Médiateur de l'alliance entre Dieu et les hommes, de l’œuvre du Saint-Esprit, applicateur du salut, de la vie du chrétien, de la prière, de l'Église et des sacrements.




Emission KTO  - Calvin

« C'est au pied des imposantes et lourdes flèches de la cathédrale de Noyon que naît par un beau jour d?été 1509 Jean Cauvin, dit Jean Calvin » (Jean-Luc Mouton, « Calvin », Gallimard Folio). Pour le 5ème centenaire de sa naissance, Régis Burnet nous propose de découvrir la personnalité et l'oeuvre du réformateur genevois. Une émission exceptionnelle de 90 minutes en partenariat avec le journal protestant « Réforme ». Emission du 17/05/2009

Livre - R - Traité de civilité puérile - Erasme

 



Bien qu'écrit à l'adresse du jeune prince Henri de Bourgogne, le Traité de civilité puérile est pensé pour l'éducation et l'élévation morale des enfants. Érasme, théologien âgé, alors au sommet de sa renommée, s'attache à les guider vers les règles élémentaires dela politesse et de la courtoisie. C'est que celui quifut précepteur dans ses jeunes années connaît la polissonnerie. En rédigeant les conseils de maintien et les leçons de conduite plus usuelles, Érasme inaugure un genre littéraire à part entière qui fera florès dans toutes les écoles chrétiennes.




La Civilité puérile d'Erasme

Paule CONSTANT, 27 juin 2001

C'est pour Henri de Bourgogne, "enfant de grande espérance", qu'Erasme, au sommet de sa gloire, rédige La Civilité puérile, mais au-delà du jeune prince il pense aussi aux enfants moins bien nés. C'est pour eux que son traité de savoir-vivre aura le plus d'importance. Compensant les hasards de la naissance, il leur permettra de trouver les armes de la survie et de la conquête du monde. Cette belle ambition dépassa toutes les espérances. En mettant par écrit les conseils de maintien et les leçons de conduite les plus usuelles, Erasme inaugura un genre littéraire à part entière. Son traité de civilité fut repris au fil du siècle puis refondu par Jean-Baptiste de la Salle qui fit de ce livre de politesse un vrai livre de lecture. Tous les enfants passant par les Ecoles chrétiennes apprendront à lire dans les caractères dits de civilité, et copieront des modèles d'écriture qui furent surtout des modèles de conduite. Et la civilité, à la fois courtoisie et politesse, maintien et soins d'hygiène, restera pour longtemps la part la plus importante de

tous les traités d'éducation, se substituant longtemps à l'instruction.

Le livre est étonnant par tout ce qu'il révèle des moeurs d'un enfant du XVIe siècle, qui aura à faire son chemin entre les écueils d'une vraie rusticité et d'une courtoisie trop raffinée. C'est contre la crasse, la crotte, la morve, les poux, Erasme l'écrit en toutes lettres, que l'enfant doit mener son premier combat et gagner la maîtrise de son corps. Il évitera les bruits incongrus, les giclures d'urine, les dégoulinures de morve, tout en s'abstenant de se gratter la tête, de se nettoyer les dents à la pointe du couteau ou de nourrir les chiens à table tout en se goinfrant jusqu'à vomir. Cette tâche de salubrité élémentaire s'accompagne simultanément d'exigences plus subtiles comme le port du chapeau, les salutations et autres révérences, la bonne place à table et surtout le contrôle de chaque trait du visage, de chaque mouvement du corps.

Le danger contre lequel Erasme met en garde son jeune élève est surtout un danger social.

Dans une communauté au sang chaud, il faut éviter le moindre signe de provocation. Un sourcil froncé, une bouche tordue, un rictus hautain, des jambes croisées alors qu'elles devraient être jointes, sont des prétexte suffisants pour attirer sur soi les foudres de gens qu'un rien blesse et qui exigent réparation à la pointe de l'épée. La leçon de politesse n'est pas une gymastique

hypocrite et vide de sens mais un code de survie dont on doit posséder le détail. Il n'est pas inutile, comme on le lira dans les traités de physiognomonie, de surveiller les signes

subliminaux qu'enverrait telle ou telle contraction de la face.

Pour convaincre son élève, Erasme se sert d'un merveilleux bestiaire plein de taureaux, de singes, de sangliers, de cigognes, de hérissons, de renards. En n'agissant pas selon les lois de la société humaine, l'enfant est menacé de tous les maux de l'animalité. Or élever un enfant n'est-ce pas, au XVIe siècle, pour un esprit aussi chrétien que celui d'Erasme, arracher l'enfance à l'animalité, redresser celui qui rampe, porter un mouchoir à la bouche qui bave, mettre des phrases sur les lèvres qui bredouillent, donner sa langue à la langue, vêtir, ceinturer, botter, chapeauter enfin?

C'est vers la morale, la plus belle des facultés humaine qu'il faut diriger l'enfant, en lui

montrant que les fautes contre l'apparence ou contre la société sont des fautes contre soi.

 

Les bonnes manières sont liées à la morale pour former une conduite. Erasme vise les défauts de l'époque. L'enfant doit certes éviter la violence, l'effronterie, la méchanceté, l'arrogance mais aussi la sournoiserie, la légèreté, l'imbécillité, la lascivité. Il se doit d'être franc, respectueux, discret, silencieux et pudique. En redressant le corps, en déterminant l'attitude, en choisissant le costume, en indiquant le discours, Erasme forme déjà un honnête homme.

En écrivant La civilité puérile, Erasme tient à rajeunir pour se mettre à la portée de son élève.

La réussite de son traité tient à ce qu'il n'est jamais pontifiant mais toujours explicatif, jamais général et abstrait mais toujours familier et concret. Il trouve un ton naturel pour parler de tout, dans le détail, et surtout expliquer et convaincre. Il n'est jamais là pour imposer des ordres, des règles ou des lois mais pour soutenir l'enfant et l'aider à trouver des solutions qui tiennent compte des exigences de la société et de celles de son tempérament.

Il y a chez Erasme un souci de la nature qui passe d'abord par le corps, la grande

préoccupation de la Renaissance. A la même époque Rabelais réglait la vie de Gargantua. Il arrachait son bon gros géant à l'oisiveté, à la bêtise, aux longues messes, au par coeur à l'endroit et à l'envers, pour lui apprendre les bains, le sport, la courtoisie et le dialogue avec Dieu. Erasme façonne plus qu'il ne réprime la complexion venteuse, cracheuse, bailleuse, presque rabelaisienne, de son jeune prince. C'est avec une profonde tendresse qu'il l'accompagne du lever au coucher en lui découvrant les obstacles d'une société qui se méfie des enfants et ne les accepte qu'à condition qu'ils soient, à l'âge de raison, de petits hommes ou de petites femmes. Il donne en plaisantant les recettes pour que l'enfant soit toléré et même aimé.

Avec Erasme, le traité de civilité n'est pas un art de feindre, mais un manuel d'intégration. Dans l'art d'instruire, il place la civilité au rang de la piété, des belles lettres et des devoirs de la vie. Il en fait une "humble section de la philosophie". Dans son projet perce l'ambition du pédagogue.

Ce n'est pas sans déplaisir qu'il envisage de "greffer" son sauvageon de prince, d'être au sens propre son tuteur, de le former coeur, esprit et corps, et ainsi de l'ajuster à une société...évidemment vertueuse.



Vocabulaire - Syndrome de l'imposteur

 Les personnes atteintes du syndrome de l'imposteur, appelé aussi syndrome de l'autodidacte, phénomène de l'imposteur, expérienc...