« Adieu Paris » : Edouard Baer réunit huit vieilles gloires du cinéma à La Closerie des Lilas
Le réalisateur aux penchants dadaïstes livre un film désinvolte où s’enchaînent coups de colère ineptes et bons mots laborieux.
Animateur, acteur, auteur, réalisateur, Edouard Baer cultive sous ces diverses casquettes une persona que le public a volontiers adoptée : celle d’un dandy désinvolte, élégant et drôle qui regarde son époque avec la distance nécessaire pour ne surtout pas la prendre trop au sérieux. L’exercice est appréciable et agréable, mais s’expose inévitablement à une certaine usure, que Baer pallie, précisément, par la polyvalence et la finesse de son talent. Flirtant avec la pataphysique et l’absurde, affectionnant l’éloge du dérisoire et la mise en abîme du milieu bohémo-artistique, affichant des castings somptueux soumis au régime d’une improvisation réelle ou fictive, son œuvre de réalisateur est quant à elle insolite et parcimonieuse (quatre longs-métrages en vingt ans depuis La Bostella en 1999).
Adieu Paris irait-il trop loin dans la tendance déconstructiviste floue d’Edouard Baer ? On est en droit de se poser la question tant il semble difficile d’en rapporter le propos et d’en saisir l’esprit. La meilleure manière de décrire le film consisterait à le poser au plus près de son dispositif : Adieu Paris est un huis clos qui réunit huit vieilles gloires à La Closerie des Lilas, à l’occasion de la délibération d’un jury mondain qui remet un prix à une personne qui n’a rien fait de l’année. Pour rehausser le côté dadaïste de l’affaire, ce sont rien moins que Benoît Poelvoorde, François Damiens, Pierre Arditi, Daniel Prevost, Bernard Le Coq, Jean-François Stévenin, Jackie Berroyer et Bernard Murat qui s’y collent.
De quoi il s’ensuit à peu près rien, sinon le plaisir de voir des acteurs qu’on aime ainsi réunis. Pour le reste : des coups de colères ineptes et métronomiques, des bons mots laborieux, des perfidies et fâcheries de circonstance, de la bonne humeur faisandée, des acteurs qui ne savent pas quelle contenance adopter, un auteur qui ne semble lui-même pas avoir résolu de quel côté – entre la caricature un peu navrante et la tendresse réelle – son intrigue pencherait. L’impression, en un mot, que c’est quand même le travail qui a ici, tout bêtement, manqué.
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