Boualem Sansal propose un panorama synthétique de l'islam contemporain et de ses rapports avec les pouvoirs politiques.
L'ouvrage est didactique, sans être pour autant neutre : l'auteur n'y abandonne pas ses prises de position humanistes, intransigeantes, qui l'ont amené à dénoncer en Algérie à la fois le pouvoir militaire et le totalitarisme islamiste.
Il explique en détail l'histoire de la religion musulmane, ses mouvances multiples, ses tensions et ses contradictions. Après avoir brossé un tableau d'ensemble des courants musulmans, Sansal s'interroge sur les acteurs de la propagation de l'islamisme : les États prosélytes, les élites opportunistes, les intellectuels silencieux, les universités, les médias, la rue arabe?
Il questionne aussi l'échec de l'intégration dans les pays d'accueil des émigrés. Plus largement, sa réflexion interroge l'identité du monde arabe : alors que les Arabes ne représentent qu'une minorité des musulmans (la grande majorité est en Asie), ils revendiquent à la fois l'origine et la propriété de l'islam.
Or le 'monde arabe' est une fiction : tous les pays colonisés par les Arabes étaient à l'origine habités par d'autres peuples qui existent toujours (à commencer par les Berbères en Algérie), mais chacun fait comme si le monde arabe était une entité cohérente, éternelle.
L'islamisme arabe tend à s'imposer, mal évalué par les pouvoirs occidentaux qui lui opposent des réponses inappropriées, tandis que les femmes et les jeunes, ses principales victimes, sont de plus en plus à sa merci. Le texte s'apparente moins à un pamphlet qu'à une synthèse engagée, précise, documentée.
Des annexes proposent des compléments intéressants : synthèse sur les différents courants de l'islam, répartition des musulmans dans le monde, monographie du monde arabe, extraits des Prolégomènes d'Ibn Kaldoun consacrés aux Arabes.
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