Jean Siméon Chardin
Le parisien Jean-Baptiste Siméon Chardin (1699-1779) représente une
position radicalement opposée à l’art de Cour et à la tendance dominante
dans la peinture française du XVIIIe siècle. Il est peut-être le seul
grand artiste de son siècle qui n’ait fait ni le canonique voyage à Rome
ni des études académiques régulières.
La pourvoyeuse, 1739, Jean Siméon Chardin (Paris, musée du Louvre). Exposée au Salon de 1739, cette toile frappe par la composition habile. La perspective de la porte ouverte, avec le bassin de cuivre et la servante qui parle à son amoureux, souligne la figure de la vivandière, saisie dans une attitude absente, comme si son esprit était bien loin de la banale et pure évocation réaliste.
La Gouvernante, 1738, Jean Siméon Chardin (Ottawa, Musée des Beaux-Arts du Canada). L’enfant s’apprête à partir à l’école ; il écoute sagement les dernières recommandations de sa gouvernante pendant que celle-ci lui brosse son chapeau, où peut-être s’agit-il d’une réprimande pour avoir laissé traîner ses jeux ? Les cartes, la table, sont les mêmes objets qu’apparaissent dans le tableau « Le château de cartes ». Présentée au Salon de 1739, il existe plusieurs versions de cette œuvre.
La Ratisseuse de navets, 1738, Jean Siméon Chardin (Washington, National Gallery). Un intérieur domestique avec des humbles ustensiles, comme dans la peinture hollandaise du XVIIe siècle. Cependant, la référence à des scènes de la cuisine néerlandaise n’est qu’apparente, la similitude est imitée seulement au choix d’accessoires et à la prédominance de la couleur brune. La scène ne contient aucune allégorie, il montre simplement une cuisinière dans l’instant de s’arrêter dans son travail. Son expression, ni de tristesse ni de joie, regarde dans le vide, dans une éternité qui abrite un refuge contre la peur et l’éphémère. Le moment du repos se fige dans l’intemporalité.
La mère laborieuse, 1740, Jean Siméon Chardin (Paris, Musée du Louvre). Ce tableau présenté au Salon de 1740, fait pendant au « Bénédicité ». Il incarne un idéal de vie typiquement bourgeois, très loin de celui de l’aristocratie de cour. Chardin souligne cette distance par l’utilisation de couleurs pâles et fondues.
Le bénédicité, 1740, Jean Siméon Chardin (Paris, Musée du Louvre). Tendresse et retenue sont les mots que l’on pourrait employer pour décrire cette peinture, l’une des plus célèbres œuvres du peintre. La petite fille, les mains jointes, se montre attentive à la demande de la mère de réciter la prière avant le repas. Le thème de cette scène avait été représenté par les maîtres hollandais du XVIIe siècle.
La table d’office, dit aussi Le débris d’un déjeuner, vers 1763, Jean Siméon Chardin (Paris, Musée du Louvre). Objets rustiques et raffinés se mêlent ici dans une virtuosité faite de contrastes.
Nature morte avec les attributs de l’art, 1766, Jean Siméon Chardin (Saint Petersbourg, Musée de l’Ermitage). Dans ce tableau, commandé par Catherine II pour l’Académie des Beaux Arts de Saint Petersbourg, Chardin expérimente toutes les matières et toutes les dégradations de la couleur. Le « Mercure » de Pigalle, symbole de la sculpture, apparaît avec les attributs de la peinture (une palette avec des pinceaux) et de l’architecture (des plans et des outils d’architecte). Sur la table les médailles du mérite artistique, notamment la médaille de l’ordre de Saint Michel reçue du sculpteur Pigalle en 1765.
L’enfant au toton, 1738, Jean Siméon Chardin (Paris, Musée du Louvre). Ce portrait exquis fut présenté au Salon de 1738. Il s’agit du portrait d’Auguste Gabriel, fils du joaillier parisien Charles Godefroy jouant au jeu du toton. Le toton est une toupie d’ivoire qu’on lance au-dessus d’un tableau de nombres avec l’espoir qu’elle s’arrêtera sur celui qu’on avait souhaité. Ce jeu est resté célèbre, notamment en raison du portrait peint par Chardin. Le modèle, apparemment un enfant un peu agité, le peintre lui demande, pour qu’il reste calme, de se livrer à son jeu préféré pendant la séance de pose.
Le château de cartes, 1737, Jean Siméon Chardin, (Washington, National Gallery). Dans ce tableau merveilleusement intimiste et contemplatif, il nous livre le portrait du fils de l’un de ses amis, M. Lenoir, marchand de meubles et ébéniste. La composition présente une structure pyramidale classique. L’enfant est présenté de profil, les cheveux attachés par un ruban, il est tout absorbé à faire tenir sa frêle construction. Sur la table, quelques pièces et le Roi de cœurs en réserve dans le tiroir. La simplicité de la composition, dépouillée et en même temps élégante, la caractérisation physique et psychologique du petit garçon, le savant emploi des couleurs, préludent le tableau Les Joueurs de cartes de Cézanne.
La fillette au volant, 1737, Jean Siméon Chardin (Florence, Musée des Offices). Chardin illustre ici une fois de plus le thème des jeux. Rien ne laisse entrevoir une sensation de mouvement, le personnage est figé en train de poser pour le peintre. Comme tous les enfants, habillés à l’époque comme les adultes, la fillette porte une robe à paniers, ses cheveux sont couverts par une petite coiffe à fleurs bleues et rouges. Le ruban de satin bleu retient de petits ciseaux de couture ainsi qu’un coussin à épingles. Elle a été autorisée peut-être à interrompre sa classe pour se donner une petite recréation. Le fond monochrome et neutre est entièrement au service de la représentation plastique de l’enfant. Le jeu chromatique entre le blanc de la robe, les bruns du corset et de la chaise, et les tons rosés de la peau se voient renforcées par les touches bleues du ruban et le rouge du coussin.
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