Il était une fois, au temps où les pèlerins descendaient
de toute l’Europe vers Saint-Jacques de Compostelle, un oratoire,
peut-être au creux d’un rocher, qui abritait une statuette de Marie.
Selon la légende populaire, elle y avait été découverte, environnée
d’une vive lumière, par de petits bergers ; le curé de la paroisse
voisine, Lestelle – « l’étoile », en dialecte pyrénéen – la fit
transporter ailleurs ; mais disparue pendant la nuit, on la retrouva à
la place de la veille. Avec Notre-Dame de l’Estelle, celle que l’Église
nomme l’Étoile du matin fut désormais honorée en ce lieu.
Il était situé au bord d’un torrent qu’on
appellera plus tard le Gave de Pau. L’endroit était sauvagement beau,
mais dangereux : c’est le point précis où la gorge de la rivière,
libérée des tenailles de la montagne, s’ouvre sur la lumineuse plaine
béarnaise. Une passerelle branlante permettait de gagner la rive gauche
pour continuer vers Oloron et Ostabat.