Sōseki Natsume: Né(e) à : Tokyo , le
09/02/1867 Mort(e) à : Tokyo , le
09/12/1916, de son vrai nom Kinnosuke
Natsume, est un auteur japonais de romans et de nouvelles,
représentatif de la transition du Japon vers la modernité, pendant l'ère
Meiji.
Né un an avant la révolution Meiji, il se passionne, au collège, pour la
littérature chinoise et se sent voué à l'écriture. Il a étudié à partir
de 1884 l'architecture et l'anglais à l'université impériale de Tokyo,
puis, durant trois ans, il étudia en Angleterre.
Il prendra comme nom de plume, en 1888 "Sōseki" (littéralement : « se rincer la bouche avec une pierre »).
A son retour au Japon il enseigna à son tour la littérature anglaise à
l'université impériale de Tokyo. Ces études de littérature anglaise ont
fait de Soseki Natsume un des premiers écrivains japonais à avoir écrit
des œuvres dans lesquelles l'influence de l'écriture occidentale se fait
sentir.
Auteur de nombreux essais et de plus de 2500 haïkus, c'est en 1905 qu'il
connut soudainement la célébrité grâce à son roman "Wagahai wa neko de
aru" (Je suis un chat), une satire sur la société japonaise de l'ère
Meiji. Fort de ce succès, il se consacra exclusivement à l'écriture
(laissant tomber l'enseignement).
Son livre intitulé "Kokoro" ("Cœur", dans le sens spirituel du terme),
qui marque les différences générationnelles grandissantes à l'époque ou
le Japon connut de grands changements (passage de l'ère Meiji à l'ère
Taishô), est considéré au Japon comme son plus grand chef-d'oeuvre.
L'importance de Soseki Natsume dans l'histoire culturelle du Japon est
si importante que les billets de 1000 Yens sont à son effigie et
qu'aujourd'hui encore, de nombreux écrivains s'inspirent de son travail.
NATSUME SŌSEKI (1867-1916) : D'un Japon clair-obscur – Une vie, une œuvre [2003]
Oreiller d'herbes est singulier par son écriture, impressionniste,
poétique, et par son projet même. Un peintre se retire dans une auberge
de montagne pour peindre et réfléchir sur son art, sur l'acte de
création. L'atmosphère subtile et poétique d'Oreiller d'herbes est
admirablement rendue par les traducteurs.
Mort en 1916 à quarante-neuf ans, Natsume Sôseki vécut aux confins de la
psychose la déchirure dont pâtirent tous les intellectuels nés avec la
révolution industrielle, politique et culturelle du Meiji. Formé aux
lettres classiques chinoises, au haïku, mais envoyé en Angleterre de
1900 à 1903 pour pouvoir enseigner ensuite la littérature anglaise, il
s'imprégna si profondément du ton de Swift, de Sterne et de De Foe que,
sans nuire à tout ce qu'il y a de japonais dans "Je suis un chat", cette
influence nous impose de penser au voyage de Gulliver chez les
Houyhnhnms; sans doute aussi d'évoquer "Le chat Murr" d'Hoffmann. C'est
pourquoi le traducteur peut conclure sa préface en affirmant que "Je
suis un chat" «suffit amplement à démentir l'opinion si répandue selon
laquelle les Japonais manquent d'humour». Ni Hegel, ni Marx, ni Darwin,
qu'il a lus, ne lui ont fait avaler son parapluie.
La gouaille, voire la désinvolture apparente, n'empêchent pas les
chapitres de s'organiser, cependant que tous les styles (jargon des
savants et du zen, ou argot d'Edo, ancien nom de Tokyo) se mêlent pour
présenter la satire désopilante d'une société en transition, et même en
danger de perdition. Kushami-Sôseki se demande parfois s'il n'est pas
fou, mais c'est la société d'alors qui devient folle, elle qui déjà
enferme en asile ceux qui la jugent. Le chat ne s'y trompe jamais, lui :
aucun ridicule n'échappe à ce nyctalope. Alors que peut-être on en
devrait pleurer, on rit follement. Si vous voulez comprendre le Japon,
identifiez-vous au chat de Sôseki.