Vie éprouvante que la sienne, toute pétrie de tristesses et de privations, assumée au milieu des larmes et du labeur. Sa famille n’était pas, au départ, des plus pauvres ; mais dans les années mil sept cent quatre-vingt-dix, avec une industrie textile en crise, le métier d’ourdisseur, la peinture des armoiries et les ornements d’église – alors occupations de Félix Desbordes, le père – ne nourrissaient guère leur homme !
La voilà donc partie, aux côtés de sa mère – elle a tout au plus douze ans – depuis son Douai natal pour le Sud-Ouest, gagnant à la sueur de son jeune talent, déjà comédienne et à peine adolescente, de quoi joindre la Guadeloupe à la recherche de la fortune rêvée incarnée par un cousin lointain. Une première fois, a prétendu Marceline, mais ce n’est qu’une belle légende, les Desbordes avaient refusé la fastueuse richesse offerte par des grands-oncles hollandais, sans héritiers, protestants, qui auraient exigé en échange leur conversion collective… La voilà de retour ; cousin introuvable, mère victime de la fièvre jaune, orpheline, sans le sou, le capitaine du navire l’ayant dépouillée de tout, sauf de sa vertu, et encore fut-ce de justesse. Confirmée comédienne, c’est la période de sa première liaison (un enfant mort presque tout de suite). Puis une deuxième, plus sérieuse ; un second enfant naturel qui mourra à cinq ans et demi.
Mère dans ses fibres les plus secrètes, son premier-né légitime, fruit
de son union avec un camarade de théâtre de Bruxelles, Prosper Valmore,
ne vivra que quelques semaines. Des trois autres enfants qu’elle aura,
les deux filles disparaîtront, Inès à l’adolescence, Ondine jeune femme,
après avoir elle aussi perdu un tout jeune enfant. Seul Hippolyte a
survécu à ses deux parents.
Est-ce en écho à des disparitions multiples, dans la fleur de l’âge, de trop de ses proches
Une vie, une œuvre
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