De la décadence à la renaissance
Comme en beaucoup de beaux et saints
lieux, la folie destructrice des Révolutionnaires de 1789 n’épargne pas
le prieuré et l’œuvre de miséricorde auprès des plus pauvres qui s’y
vit depuis le XIIe siècle. Une partie du prieuré
est détruite. La décadence du lieu commence, jusqu’à la ruine. Malgré
cela, comme le montrent les ex-voto datés d’après la Révolution,
l’attachement au lieu demeure et les habitants continuent à venir en
pèlerinage, pour demander des guérisons… ou remercier pour des grâces
obtenues.Vendu aux enchères, le prieuré est racheté par plusieurs
propriétaires privés. Parmi eux, le marquis d’Albertas, qui rachète
l’ensemble pour y héberger des Capucins. Revenant d’Espagne où ils
avaient été exilés, c’est depuis Saint Jean de Garguier que ces « frères
de Saint François » refondent leurs couvents de Marseille et d’Aix. Les
derniers propriétaires furent la famille d’Aillaud de Cazeneuve, qui
donne un nouvel élan aux pèlerinages de la Saint Jean. Grâce à eux, le
culte continue d’être célébré dans la chapelle jusqu’à la fin de la
guerre de 1914. La chapelle du prieuré devient leur chapelle familiale.
A partir de 1920, c’est l’orphelinat
Vitagliano, de Marseille, qui vient ici en colonie de vacances, rendant à
ce lieu sa destination séculaire d’œuvre de charité. Puis avec la
guerre de 1939, la colonie de vacances est envahie par des familles
fuyant les combats, puis saccagée. La végétation envahit les bâtiments.
La toiture tombe par morceaux. Les bâtiments ne sont presque plus
utilisables. La messe, déjà, n’est plus célébrée depuis longtemps dans
ce qui ressemble de plus en plus à une ruine.
Mais, pour Mlle Jeanne de Cazeneuve, qui
hérite de la parcelle avec le prieuré, il est impensable que ce lieu
disparaisse. C’est pourquoi elle en fait don, en 1952, à l’évêché de
Marseille. La mobilisation des habitants du coin, des pèlerins et des
nombreux amis du prieuré permet dès lors une partielle restauration et
le lieu est ainsi rendu au culte le 24 juin 1954.
Monseigneur Lucien Gros, vicaire général
du diocèse de Marseille, vient s’installer ici pour sa retraite dès
1954, accueillir des groupes de scouts pour des camps et préserver ce
qui peut encore l’être – les ex-voto notamment. L’association des Amis
de Saint Jean de Garguier prend le relais dans les années 1980 et se
mobilise admirablement pour lever des fonds destinés à restaurer les
ex-votos et, plus largement, le prieuré. Jusque dans les années 2000 où
le diocèse de Marseille décide d’engager d’énormes travaux (2003 – 2013)
pour donner au prieuré l’éclat qu’il a aujourd’hui. Désormais, le
prieuré est une maison diocésaine, destinée à accueillir des groupes des
pèlerins, de retraitants, de randonneurs, pour leur faire découvrir
l’histoire du prieuré et leur faire goûter l’amour de Dieu qui a béni ce
lieu saint depuis des siècles.