« Kaamelott premier volet » : à la table ronde des éclopés
L’avis du « Monde » – à voir. Les drôles de chevalier d’Alexandre Astier débarquent au cinéma, après avoir été déclinés avec succès à la télévision et en bande dessinée.
Le voici, le voilà, fermement attendu par quelques fans si l’on en croit les chiffres de la série de quatre cent cinquante-huit épisodes qui inspire ce film : diffusée sur M6 de 2005 à 2009, Kaamelott, parodie de la légende arthurienne, réalisée et interprétée par Alexandre Astier, attira en moyenne trois millions et demi de spectateurs par épisode. Sa déclinaison cinématographique, annoncée dès 2009, se heurta cependant à de multiples avanies, depuis le conflit juridique sur ses droits jusqu’à la pandémie de Covid-19.
C’est dire si ce premier volet de ce qui se présente d’ores et déjà comme une future trilogie suscite l’impatience des fidèles. Et sans doute aussi la circonspection des cinéphiles tant il y a loin, en matière d’écriture, de souffle et de dramaturgie, entre l’univers d’une série au format unitaire réduit et une œuvre de cinéma.
Alexandre Astier, de son côté, ignore superbement ou minimise habilement – selon les points de vue – ce hiatus en faisant de son film la suite de la série là où elle s’était interrompue, les dix ans d’écart qui se sont écoulés dans la réalité entre les deux étant transposés dans la fiction.
On se souvient donc, ou pas, que le roi Arthur, profondément déprimé, pour ne pas dire suicidaire, confiait voilà dix ans les rênes du royaume de Logres à Lancelot qui, notamment sous l’influence pernicieuse du sardonique Méléagant, virait illico au despote timbré, pourchassant désormais Arthur et ses chevaliers, voulant faire en un mot table rase de la Table ronde. Kaamelott premier volet met donc en scène le grand retour d’Arthur, extirpé d’une retraite insulaire, et aidé par la résistance clandestine des « semi-croustillants » qui s’était organisée en son absence.
Double dimension
Ce récit de reconquête oscille donc entre deux pôles, également sujets à raillerie. D’une part, celui qui pointe la mollesse persévérante d’Arthur (Alexandre Astier lui-même), la modestie querelleuse de la résistance, et la tendance gaffeuse générale du mouvement ; d’autre part celui qui fait son miel du côté obscurément filandreux de la cour de Lancelot, personnage auquel Thomas Cousseau, engoncé dans un col qui lui grimpe jusqu’aux yeux, confère une rigidité semi-cadavérique, bien entouré par un Sting campant au petit poil le Saxon machiavélique et une bande de pleutres retors parmi lesquels se distinguent Christian Clavier et François Rollin.
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