La rencontre annoncée dans cette correspondance entre deux génies de poésie russe du XXe siècle est un événement littéraire exceptionnel. Exceptionnelle, elle l'est doublement, cette relation épistolaire entre poète soviétique et poète de l'émigration, alors que, après une phase de liberté surveillée où les échanges étaient encore possibles, la culture russe se scinde irrémédiablement, et ceci pour toute la durée de l'expérience soviétique. Boris Pasternak et Marina Tsvetaeva s'étaient rencontrés à Moscou en 1918. Ce n'est qu'en 1922 qu'ils se sont véritablement découverts au travers de leurs écrits respectifs. Pendant quatorze années, ils ont entretenu une correspondance d'une densité et d'une intensité rares dans laquelle se tissent, étroitement mêlées, passion sentimentale et poésie, sur fond d'époque historique et d'histoire littéraire. Plus de trois quarts des lettres échangées entre ces deux êtres radicalement différents sont inédits. Dessinant une courbe en arc de cercle, la relation se noue, suit un mouvement ascendant jusqu'à atteindre un pic paroxystique, décroît, se dénoue et finit par se défaire définitivement. Il faut lire les lettres de Tsvetaeva et de Pasternak comme leur poésie, comme une œuvre à part entière. Loin d'être en marge de leur destin littéraire, les lettres étaient, au cœur même de celui-ci, laboratoire de l'écriture - mais également laboratoire de la vie, car c'est au gré de ces lettres que se façonnent les événements majeurs de leur biographie. Les mots échangés sont dérobés à la vie, au quotidien, à la famille. La fille de Tsvetaeva, Ariadna Efron, avait décidé que ces lettres ne devaient être publiées qu'après cinquante ans, à condition que cette édition soit intégrale. Elle les confia aux Archives nationales de Moscou qui n'autoriseront leur parution qu'en l'an 2000.
Boris PASTERNAK – Un siècle d'écrivains : 1890-1960 (DOCUMENTAIRE, 1998)
Poète célèbre et célébré en Russie dans les années vingt, Boris Pasternak est toujours identifié et reconnu comme poète à l’Est de l’Europe et comme romancier à l’Ouest. Il est l’auteur du célèbre "Docteur Jivago" qui lui valut le prix Nobel de littérature en 1957. À travers une biographie chronologique abondamment illustrée, le film fait la part belle à l’œuvre poétique : plusieurs poèmes sont dits et traduits. Cette lecture rythme le film, entre en harmonie avec les images de la Russie, de ses paysages enneigés et tourmentés. Le fils de l’écrivain, Evgueni Pasternak, intervient à plusieurs reprises dans ce film. Ses archives personnelles - photographies, dessins, films d’amateurs, enregistrements sonores - ont été largement sollicitées par le réalisateur et contribuent à donner vie au portrait du poète.
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