vendredi 4 février 2022

Vocabulaire - Syndrome de l'imposteur


 Les personnes atteintes du syndrome de l'imposteur, appelé aussi syndrome de l'autodidacte, phénomène de l'imposteur, expérience de l'imposture, expriment une forme de doute maladif qui consiste essentiellement à nier la propriété de tout accomplissement personnel. Ces personnes rejettent donc plus ou moins systématiquement le mérite lié à leur travail et attribuent le succès de leurs entreprises à des éléments qui leur sont extérieurs (la chance, leurs relations, des circonstances particulières). Elles se perçoivent souvent comme des dupeurs-nés qui abusent leurs collègues, leurs amis, leurs supérieurs et s'attendent à être démasquées d'un jour à l'autre.

Livre - Un barrage contre l'Atlantique - Frédéric Beigbeder

 


Au hasard d’une galerie de Saint-Jean-de-Luz, Frédéric Beigbeder aperçoit un tableau représentant une cabane, dans une vitrine. Au premier plan, un fauteuil couvert d’un coussin à rayures, devant un bureau d’écrivain avec encrier et carnets, sur une plage curieusement exotique. Cette toile le fait rêver, il l’achète et soudain, il se souvient : la scène représente la pointe du bassin d’Arcachon, le cap Ferret, où vit son ami Benoît Bartherotte. Sans doute fatigué, Frédéric prend cette peinture pour une invitation au voyage. Il va écrire dans cette cabane, sur ce bureau.


Face à l’Atlantique qui à chaque instant gagne du terrain, il voit remonter le temps. Par vagues, les phrases envahissent d’abord l’espace mental et la page, réflexions sur l’écriture, la solitude, la quête inlassable d’un élan artistique aussi fugace que le désir, un shoot, un paysage maritime. Puis des éclats du passé reviennent, s’imposent, tels « un mur pour se protéger du présent ».

A la suite de "Un roman français", l’histoire se reconstitue, empreinte d’un puissant charme nostalgique : l’enfance entre deux parents divorcés, la permissivité des années 70, l’adolescence, la fête et les flirts, la rencontre avec Laura Smet, en 2004… Temps révolu. La fête est finie. Pour faire échec à la solitude, reste l’amour. Celui des siens, celui que Bartherotte porte à son cap Ferret. Et Beigbeder, ex dandy parisien devenu l’ermite de Guétary , converti à cette passion pour un lieu, raconte comment Bartherotte, « Hemingway en calbute », s’est lancé dans une bataille folle contre l’inéluctable montée des eaux, déversant envers et contre tous des millions de tonnes de gravats dans la mer. Survivaliste avant la lettre, fou magnifique construisant une digue contre le réchauffement climatique, il réinvente l’utopie et termine le roman en une peinture sublime et impossible, noyée d’eau et de soleil. La foi en la beauté, seule capable de sauver l’humanité.


Une expérience de lecture, unique et bouleversante, aiguisée, impitoyable, poétique, et un chemin du personnel à l’universel.

Livre - Immigration - Patrick Stefanini

 


L'immigration électrise périodiquement notre débat public. Mais son irruption sur la scène politique et médiatique se fait le plus souvent à partir de données anciennes, incomplètes ou habilement maquillées. Une méconnaissance de la réalité, entretenue par l'extrémisme d'un côté, par le politiquement correct de l'autre.

Ce livre dresse le tableau de l'immigration en France depuis vingt ans. Il permet d'en finir avec le déni soigneusement orchestré par quelques démographes ayant pignon sur rue, lesquels tentent d'occulter la réalité de la vague migratoire massive qui affecte notre pays.

Préfet de région et Conseiller d'État, Patrick Stefanini a consacré à ce problème une grande partie de sa vie professionnelle, dans les divers postes de responsabilité qu'il a occupés auprès de Robert Pandraud, Alain Juppé, Dominique de Villepin et enfin Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux. Il a retiré de cette expérience concrète des convictions fortes qu'il exprime ici sans détour. Il décrit l'impuissance de nos gouvernements à maîtriser l'immigration alors même que la France, affaiblie économiquement, a vu ses capacités d'accueil se restreindre et a laissé s'abîmer son modèle social. Il constate l'échec de nos efforts d'intégration en raison du chômage de masse, mais aussi du repli identitaire et de la poussée du fondamentalisme islamique chez les nouveaux immigrants.

Il formule aussi des propositions précises, à rebours des mots d'ordre simplistes des uns et de l'aveuglement des autres : contrôle des frontières extérieures de l'Europe, dépôt des demandes d'asile hors du territoire français, révision radicale de notre politique d'aide au développement, et enfin refonte des règles d'acquisition de la nationalité française.

C'est désormais la cohésion de notre société qui est en jeu. Pour reprendre le contrôle de l'immigration, Patrick Stefanini appelle à faire les choix devant lesquels la France recule depuis vingt ans.

jeudi 3 février 2022

Livre - Journal d'un paria - Ivan Rioufol


 Ivan Rioufol tient son bloc-notes dans les pages du Figaro depuis 2002. Mais c’est sans doute la première fois que toutes ses chroniques ont une telle continuité thématique, retraçant semaine après semaine pendant deux ans, les errances et l’amateurisme de nos dirigeants face à la pandémie.

Et quel spectacle rétrospectif ! Quel effarement quand on relit les déclarations pleines d’assurance du président et de ses ministres : « On ne fermera pas les frontières, ça n’aurait pas de sens » disait Olivier Véran,


« Tout le monde ne portera pas de masques en France » enchainait la mémorable Sibeth Ndiaye, à quoi répondait la fermeté du président « le passe sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français ».

Ces chroniques du gouvernement par la peur sont précieuses. Elles montrent que dans un pays où grandit l’intolérance, un esprit libre devient vite un paria. Elles sont aussi le verbatim de l’effondrement progressif des libertés et la mémoire de ce que nous avons subi, depuis l’interdiction faite aux familles d’accompagner leurs proches mourants jusqu’à l’interdiction pour les médecins de traiter la maladie.

Ces textes permettent de réaliser à quel point nous sommes passés d’une peur légitime dans les premiers mois à une peur pilotée, utilisée pour transformer la politique en hygiénisme d’État et dissimuler ainsi les vrais enjeux qui menacent le pays, inégalités, islamisme, désindustrialisation, face auxquels Emmanuel Macron sera resté totalement impuissant.

Livre - La nef des fous - Michel Onfray

 Un journal du Bas-Empire de notre civilisation qui s'effondre.

Sous la forme d'une éphéméride, et ce sur presque tous les jours de cette année 2020, je consigne chaque délire dont notre temps est capable.

Dans ce journal se croisent une petite fille de huit ans qui veut changer de sexe depuis l'âge de quatre ans ; des égorgeurs présentés comme de pauvres victimes d'elles-mêmes ; une jeune fille qui ne va plus à l'école et prophétise la catastrophe climatologique dont le clergé de son pays nous dit qu'elle est le Christ ; des femmes qui vendent des enfants pendant que d'autres les achètent ; l'Église catholique qui court après les modes du politiquement correct ; le journal Libération qui se dit progressiste en célébrant la coprophagie et la zoophilie ; des végans qui militent contre les chiens d'aveugles ; une anthropologue qui trouve qu'il y a trop de dinosaures mâles et pas assez de femelles dans les musées ; des pédophiles qui achètent des viols d'enfants en direct sur le Net ; un Tour de France qui commence au Danemark et un Paris-Dakar ayant lieu en Amérique du Sud ; un parfum élaboré par une femme à partir des odeurs de son sexe ; un chef de l'État qui, entre autres sorties, se félicite que ses ministres soient des amateurs ; Le Monde qui estime courageuse une mise en scène théâtrale qui présente Lucien de Rubempré en femme ; le pape et Tariq Ramadan pour qui le coronavirus est une punition divine – et autres joyeusetés du même genre... Entre rire voltairien et rire jaune, cette Nef des fous est un genre de journal du Bas-Empire de notre civilisation qui s'effondre.

Livre - La nef des fous, tome 2 - Michel Onfray

 


Les civilisations naissent, croissent, vivent, connaissent un temps de puissance, décroissent, chutent, tombent et disparaissent avant d'être remplacées par d'autres. Les plus lucides le savent, les plus intellectuellement encrassés le nient.

Notre civilisation judéo-chrétienne est en phase terminale. Il est politiquement sot et niais, sinon dangereux, de prétendre redonner de la santé et de la vitalité à un centenaire subclaquant. N'importe quel médecin promettant de remettre sur pied un vieillard cacochyme passerait illico pour un charlatan. Mais pour une civilisation, les vendeurs d'illusion font toujours florès.

Ce deuxième volume de La Nef des fous est le journal voltairien, au jour le jour, de cet inévitable naufrage. On y trouve tous les délires de notre fin de millénaire wokiste désireux de faire du passé table rase...

Film - 4.6/5 - Adieu Paris - 2021



 

« Adieu Paris » : Edouard Baer réunit huit vieilles gloires du cinéma à La Closerie des Lilas

Le réalisateur aux penchants dadaïstes livre un film désinvolte où s’enchaînent coups de colère ineptes et bons mots laborieux.






Animateur, acteur, auteur, réalisateur, Edouard Baer cultive sous ces diverses casquettes une persona que le public a volontiers adoptée : celle d’un dandy désinvolte, élégant et drôle qui regarde son époque avec la distance nécessaire pour ne surtout pas la prendre trop au sérieux. L’exercice est appréciable et agréable, mais s’expose inévitablement à une certaine usure, que Baer pallie, précisément, par la polyvalence et la finesse de son talent. Flirtant avec la pataphysique et l’absurde, affectionnant l’éloge du dérisoire et la mise en abîme du milieu bohémo-artistique, affichant des castings somptueux soumis au régime d’une improvisation réelle ou fictive, son œuvre de réalisateur est quant à elle insolite et parcimonieuse (quatre longs-métrages en vingt ans depuis La Bostella en 1999).


Adieu Paris irait-il trop loin dans la tendance déconstructiviste floue d’Edouard Baer ? On est en droit de se poser la question tant il semble difficile d’en rapporter le propos et d’en saisir l’esprit. La meilleure manière de décrire le film consisterait à le poser au plus près de son dispositif : Adieu Paris est un huis clos qui réunit huit vieilles gloires à La Closerie des Lilas, à l’occasion de la délibération d’un jury mondain qui remet un prix à une personne qui n’a rien fait de l’année. Pour rehausser le côté dadaïste de l’affaire, ce sont rien moins que Benoît Poelvoorde, François Damiens, Pierre Arditi, Daniel Prevost, Bernard Le Coq, Jean-François Stévenin, Jackie Berroyer et Bernard Murat qui s’y collent.



De quoi il s’ensuit à peu près rien, sinon le plaisir de voir des acteurs qu’on aime ainsi réunis. Pour le reste : des coups de colères ineptes et métronomiques, des bons mots laborieux, des perfidies et fâcheries de circonstance, de la bonne humeur faisandée, des acteurs qui ne savent pas quelle contenance adopter, un auteur qui ne semble lui-même pas avoir résolu de quel côté – entre la caricature un peu navrante et la tendresse réelle – son intrigue pencherait. L’impression, en un mot, que c’est quand même le travail qui a ici, tout bêtement, manqué.

Vocabulaire - Syndrome de l'imposteur

 Les personnes atteintes du syndrome de l'imposteur, appelé aussi syndrome de l'autodidacte, phénomène de l'imposteur, expérienc...