Les vestiges de l'ancien village d'Allan, à moins de dix kilomètres à
l'est de Montélimar, dans la Drôme méridionale, s'étalent sur un éperon
barré, telle une figure de proue s'avançant vers la vallée du Rhône. Ils
datent pour l'essentiel des XIIe et XVe siècles. On y discerne
aujourd'hui les vestiges de pas moins de cinq enceintes successives. Des
effondrements de murs ont aussi provoqué des coulées de terre qui
révèlent que le site est occupé depuis l'âge du fer.
 la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle, les Adhémar
construisent un château sur l'emplacement d'un village alors peut-être
encore habité. Situé au point culminant de l'éperon, le château - dont
la présence est attestée en 1138 - protège le village du côté où
l'assaillant pouvait installer le plus facilement ses machines. Une
partie de l'habitation seigneuriale date du XIIe siècle mais elle a subi
de nombreux remaniements, notamment à l'époque des armes à feu. On voit
particulièrement le crénelage des courtines qui a été noyé dans des
surhaussements tardifs. Devant l'entrée orientale a été accolée une
barbacane équipée pour arquebuses au XVIe siècle.
 la jonction du château et de la première enceinte se trouve la
chapelle castrale, mentionnée en 1183. Elle devait en même temps servir
d'église paroissiale au village qui était primitivement d'une superficie
réduite. Il est vraisemblable que ce premier habitat a été clôturé dès
le XIIe siècle. A la fin du XIIe siècle probablement, le village
s'agrandit d'une nouvelle enceinte. On y pénètre par une porte conservée
au midi. En 1337, date à laquelle la famille Adhémar vend ses parts au
comte de Provence, le village d'Allan devient "commune adjacente" de
Provence. En 1355, le nouveau seigneur fait édifier le donjon.
 la fin du Moyen Âge (au XVe siècle ), le village double de superficie.
Une grande courtine assez mal construite enveloppe cette extension à
l'ouest et au sud. On élève alors une nouvelle église paroissiale qui
sera détruite lors des guerres de Religion. A la même époque, l'enclos
seigneurial s'étend à l'emplacement du premier village et récupère la
chapelle castrale pour l'usage privé du seigneur. Plusieurs poternes
s'ouvrent dans le nouveau rempart, mais son entrée principale - barrée
par une herse et surmontée d'une bretèche - est constituée par une
tour-porte au sud-ouest. En 1601 débutent les travaux de construction
d'une nouvelle église dotée d'une voûte en berceau et surmontée d'un
clocher en tuiles vernissées, aujourd'hui disparu. Habité par
intermittence au cours du XVIIIe siècle, le château faillit accueillir
Jean-Jacques Rousseau en 1778 mais le philosophe mourut avant d'avoir pu
effectuer le voyage projeté. Ayant traversé sans dommage la Révolution
française, l'édifice a été habité jusqu'au début du XIXe siècle. Quant à
l'ancien village d'Allan, ce n'est qu'à la période moderne, à la fin du
XIXe siècle, qu'il est abandonné au profit d'un village neuf fondé dans
la plaine, au lieu-dit appelé "La Bégude". Le dépeuplement s'est fait
progressivement d'ailleurs, puisque des maisons étaient couvertes et le
cimetière entretenu jusqu'à une date récente.
Allan est un des villages drômois les plus riches en archives.
Certaines archives - dont l'inventaire du château - ont été conservées
par la famille Mazet jusqu'en 1955.
En septembre 1989, est inscrit à l'inventaire supplémentaire des
monuments historiques l'ancien village d'Allan. Depuis 1989, des travaux
de restauration se succèdent (sauf en 2001 et en 2002). Ils concernent
essentiellement la restauration et la consolidation des éléments
architecturaux d'un village perché : restauration des différentes
portes, consolidation du donjon et du rempart, dégagement des ruelles
par décaissement et débroussaillage.
