dimanche 21 novembre 2021

Livre - Americanah - Chimamanda Ngozi Adichie


« En descendant de l'avion à Lagos, j'ai eu l'impression d'avoir cessé d'être noire. »

Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l'Amérique qui compte bien la rejoindre.

Mais comment rester soi lorsqu'on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés?

Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux États-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria.

À la fois drôle et grave, doux mélange de lumière et d'ombre, Americanah est une magnifique histoire d'amour, de soi d'abord mais également des autres, ou d'un autre. De son ton irrévérencieux, Chimamanda Ngozi Adichie fait valser le politiquement correct et les clichés sur la race ou le statut d'immigrant, et parcourt trois continents d’un pas vif et puissant.A l'occasion de la parution de "Notes sur le chagrin" de Chimamanda Ngozi Adichie évoquant la perte de la figure paternelle, Marc Weitzmann s'entretient avec la romancière, figure majeure de la littérature et évoque son parcours, le monde comme espace de créativité ainsi que son manifeste féministe


Chimamanda Ngozi Adichie, novembre 2014.• Crédits : Borja B. Hojas - Getty

Elle avait 26 ans quand elle a publié son premier roman, sorti en France en 2004 sous le titre de L'hibiscus rouge et le livre a tout de suite remporté le Prix du Commonwealth dans la catégorie des premiers romans. Elle en avait deux de plus à la publication de L'autre moitié du soleil, en 2006. Ce roman, qui se situe dans les années 60 au Biafra, est couronné dans la catégorie fiction par le Prix Orange. Et c'est en 2013 qu'elle a fait paraître Americanah, à la fois histoire d'amour intercontinentale et tribulations d'une Nigériane à la découverte de la condition noire aux États-Unis. Ce roman, qui va obtenir parmi bien d'autres le prix National Book Critics Circle award et sera traduit dans 25 langues et qui va la consacrer à 39 ans, comme l'une des grandes figures de la littérature internationale. Ce qui va suivre en 2014, sera le texte paru en français sous le titre Nous sommes tous des féministes, texte adapté d'une conférence visionnée sur internet plus de 4 millions de fois. Le petit livre qui en sortira va être traduit en 35 langues. Une intellectuelle cosmopolite qui vit aux Etats-Unis et enseigne la littérature à Lagos, dont les livres figurent au programme des collèges américains. Une intellectuelle aussi féministe qui se refuse au jargon militant se produit à l'occasion avec Beyoncé et voit le titre de son manifeste féministe repris par Dior. Une intellectuelle, enfin, qui figure sur la très select liste des personnalités les mieux habillées établie chaque année par Vanity Fair.


Des origines à l'aspiration à l'universel 

Ce pays du Nigeria a beaucoup de potentiel ; cependant, il n'en est pas là où il devrait être. Ceux qui ont connu la réussite, quelle qu'elle soit, ont une responsabilité de rendre. Je me sens plus utile au Nigeria qu'aux États-Unis ; j'ai choisi d'enseigner à Lagos. Chimamanda Ngozi Adichie


Cette idée de l'universel est enracinée dans le spécifique. Il y a une expérience humaine universelle -il s'agit d'amour, de perte-. Mais l'expérience propre vient des circonstances culturelles dans lesquelles on a baigné. Mon identité est ancrée, mais cela n'enlève rien à ce sentiment d'appartenir à l'expérience humaine universelle. Mon amour de la littérature m'a appris que l'universalité vient du particulier. (...) On peut être pluriel. Chimamanda Ngozi Adichie


Quel espace de créativité et de liberté pour l'avenir ? 

La civilisation occidentale m'inquiète et l'avenir de la créativité, de l'art, de la littérature m'inquiète aussi parce que nous ne vivons pas dans une époque où on peut dire ce que l'on veut. Il y a de l'autocensure. (...) On y perd sur le marché des idées ! J'ai toujours été attachée aux droits des minorités. (...) Mais je ne vais pas me contenter d'une orthodoxie qui ne va pas. (...) Le problème est ce que nous avons fait de notre société ; l'intention initiale était bonne, nous voulions plus l'inclusivité et nous voulions plus de sensibilité des uns envers les autres. Mais on a vite fait de déraper.  

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