"Le débat des idées a-t-il échoué au tribunal de la morale ? ". La question est posée dès la première page. Élisabeth Lévy, journaliste à Marianne, chroniqueuse sur le plateau télévision de Culture et dépendances, cherche à mettre les mains dans le moteur de l'idéologie dominante pour démonter les mécanismes de la nouvelle censure. Très attentive aux débats idéologiques des vingt dernières années et aux querelles intellectuelles qu'ils génèrent, l'auteur constate amèrement que nous avons changé d'époque. Fini les maîtres penseurs, place aux maîtres censeurs. La joute démocratique n'intéresse plus, "plumes et paillettes interdisent aujourd'hui le débat démocratique". Le marketing littéraire et philosophique a été introduit en France par Sollers, BHL et consorts au point qu'on en voit un dialoguer dans la revue Infini avec Jean-Marie Messier et l'autre, rompu à l'exercice de l'émotion de l'engagé médiatique, un jour en Bosnie, le lendemain au Burundi. Reprenant le mot de Philippe Murray, Élisabeth Lévy affirme que "l'empire du Bien est advenu". Et c'est regrettable. Au nom d'un postulat moral de principe, on finit par tous penser pareil et s'empêcher ainsi de penser quoi que ce soit par soi-même. En France il n'est plus possible de débattre. Les vilains petits canards qui franchissent la ligne jaune de la morale seront dénoncés : dernièrement l'affaire de la pédophilie supposée de Cohn-Bendit ou des propos qualifiés immédiatement d'antisémites de Renaud Camus sont les parfaits exemples qu'une certaine forme d'ordre moral est de retour. Pour son essai Les Maîtres censeurs Élisabeth Lévy vient de recevoir le nouveau prix Jean-Edern Hallier.
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