jeudi 16 décembre 2021

Film - 5.1/5 - La Main de Dieu de Paolo Sorren­tino - 2021

 


Paolo Sorren­tino revient dans sa ville natale, à Naples, là où il avait tourné son premier film, L’Homme en plus, où il était déjà ques­tion de foot­ball. Avec La Main de Dieu, il est évidem­ment ques­tion de Mara­dona (cité en exergue au film) et de son trans­fert à Naples, mais surtout de la période bénie de l’en­fance au milieu de créa­tures felli­niennes et des sublimes paysages de la côte amal­fi­taine. Mais il s’agit surtout du premier film ouver­te­ment auto­bio­gra­phique de son auteur, tourné sur les lieux mêmes où il a habité, film d’ini­tia­tion à l’ombre d’un frère aîné tout d’in­sou­ciance, alors que le destin du cadet bascule avec le départ de Toni Servillo au milieu du film, comme si pour la première fois le réali­sa­teur italien quit­tait son acteur fétiche pour se retrou­ver seul face à lui-même.


“C’était la main de Dieu” comme le dit le titre origi­nal fait réfé­rence à une histoire fami­liale brisée qui va être à l’ori­gine de la voca­tion du cinéaste. Non sans une scène de dépu­ce­lage par substi­tu­tion comme lui seul sait en inven­ter, et une satire du milieu du théâtre et de ses actrices surfaites comme cet auto­di­dacte sait s’en amuser avec tendresse. Son inspi­ra­tion visuelle n’aura jamais été aussi impres­sion­nante pour rendre justice à l’émer­veille­ment que lui offrait la ville de son enfance célé­brée jusqu’au géné­rique de fi (“Je suis napo­li­tain ». C’est pour­tant là qu’il aura appris à conju­rer la mélan­co­lie et la souf­france fami­liales qui rôdent autour de lui par la “vie imagi­naire” du cinéma et la “persé­vé­rance” qu’elle néces­site, jusqu’à rêver en lui ses prochains films.


Commencé comme une formi­dable comé­die napo­li­taine, La Main de Dieu se recentre peu à peu sur une néces­sité artis­tique plus forte que le mouve­ment de la vie. L’en­fant au walk­man peut fermer les yeux dans le train en voyant défi­ler les paysages avec lesquels il a quitté l’en­fance. Depuis, il a fait de beaux rêves de cinéma. Dieu sait qu’on aime Paolo Sorren­tino. Mais peut-être vient-il de signer avec cette Main de Dieu son film le plus person­nel et le plus abouti, aussi drôle qu’é­mou­vant. Comme quoi, parfois, Netflix a du bon…


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