Paolo Sorrentino revient dans sa ville natale, à Naples, là où il avait tourné son premier film, L’Homme en plus, où il était déjà question de football. Avec La Main de Dieu, il est évidemment question de Maradona (cité en exergue au film) et de son transfert à Naples, mais surtout de la période bénie de l’enfance au milieu de créatures felliniennes et des sublimes paysages de la côte amalfitaine. Mais il s’agit surtout du premier film ouvertement autobiographique de son auteur, tourné sur les lieux mêmes où il a habité, film d’initiation à l’ombre d’un frère aîné tout d’insouciance, alors que le destin du cadet bascule avec le départ de Toni Servillo au milieu du film, comme si pour la première fois le réalisateur italien quittait son acteur fétiche pour se retrouver seul face à lui-même.
“C’était la main de Dieu” comme le dit le titre original fait référence à une histoire familiale brisée qui va être à l’origine de la vocation du cinéaste. Non sans une scène de dépucelage par substitution comme lui seul sait en inventer, et une satire du milieu du théâtre et de ses actrices surfaites comme cet autodidacte sait s’en amuser avec tendresse. Son inspiration visuelle n’aura jamais été aussi impressionnante pour rendre justice à l’émerveillement que lui offrait la ville de son enfance célébrée jusqu’au générique de fi (“Je suis napolitain ». C’est pourtant là qu’il aura appris à conjurer la mélancolie et la souffrance familiales qui rôdent autour de lui par la “vie imaginaire” du cinéma et la “persévérance” qu’elle nécessite, jusqu’à rêver en lui ses prochains films.
Commencé comme une formidable comédie napolitaine, La Main de Dieu se recentre peu à peu sur une nécessité artistique plus forte que le mouvement de la vie. L’enfant au walkman peut fermer les yeux dans le train en voyant défiler les paysages avec lesquels il a quitté l’enfance. Depuis, il a fait de beaux rêves de cinéma. Dieu sait qu’on aime Paolo Sorrentino. Mais peut-être vient-il de signer avec cette Main de Dieu son film le plus personnel et le plus abouti, aussi drôle qu’émouvant. Comme quoi, parfois, Netflix a du bon…
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