C'est le moment de s'embarquer dans le bateau ivre de Bukowski, l'écrivain poète, né Allemand, citoyen américain par adoption des rues et des bars, témoin des clameurs urbaines...
Virons donc du côté d'une folie ordinaire, celle qui sommeille en chaque individu, celle qui vous prend aux tripes un beau matin et fait du corps une marionnette dont on tire les fils, celle qui s'immisce, reptilienne et ne se tait qu'à la mort.
Bukowski délivre aux lecteurs qui veulent bien le suivre dans sa démarche, les contes quelques peu exubérants de cette lente conquête de la déchéance.
D'abord abrupte, trash, la folie se coule peu à peu dans la vie et se fait plus mature. Elle gagne en âge et arrondit les angles, estompe sa vulgarité, s'intériorise, pour finir par adopter le corps physique qu'elle habite.
Sexe, alcool, et courses de chevaux sont son lot quotidien: Bukowski parle de Bukowski ; ou plutôt de son double, son extension littéraire au prénom poussif : Hank.
Charles BUKOWSKI – Portrait d’un vieux dégueulasse (DOCUMENTAIRE, 1986)
C'est en 1967, dans le magazine anticonformiste Open City, qu'un poète
presque inconnu commença de publier une chronique régulière. Avec une
brutalité rarement égalée, doublée d'une superbe indifférence au
scandale, il y exprimait sa révolte contre la société américaine, le
pouvoir, l'argent, la famille, la morale. L'alcool, le sexe, les échos
d'une vie marginale et souvent misérable y étaient brandis comme autant
de signes de rupture...
Vieux dégueulasse, poète imprécateur, ivrogne tonitruant, fornicateur sans état d'âme, peintre de l'enfer et du grotesque, tels sont les qualificatifs qui ont affublé Charles Bukowski.
Écrivain «culte» plus aimé en Europe que dans son pays, les Etats-Unis, Bukowski est surtout connu pour ses frasques alors que rien ne vaut la lecture de son oeuvre qui a influencé les jeunes auteurs américains et les cinéastes.
En 1986, la TSR diffusait ce portrait de l'écrivain californien, filmé dans son élément, le Los Angeles des laissés-pour-compte, des strip-teaseuses et des prostituées. Un document exceptionnel, une demi-heure aux côtés d'un grand écrivain américain, quel luxe!
En 1978, Bernard Pivot a dû expulser Charles Bukowski du plateau d'Apostrophes. Il était ivre et n'arrêtait pas de caresser la cuisse de sa voisine… Quelques années plus tard «Buk» déclinait une invitation au festival de Cannes parce qu'elle l'obligerait à priver ses chats de ses bons soins.
Au-delà de ces anecdotes, c'est surtout par le film de Barbet Schroeder Barfly en 1987 que beaucoup d'entre nous firent la connaissance de l'écrivain américain.
En 1981 déjà, Marco Ferreri avait tenté d'adapter en 1981 à l'écran Les contes de la folie ordinaire. De ce film reste surtout l'apparition fugace d'Ornella Mutti, égarée dans la nuit californienne.
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