samedi 13 novembre 2021

Film - 4.9/5 - Une vie démente ou comment voir la maladie d’Alzheimer de manière légère et joyeuse - 2020

 


«Une vie démente», ou comment voir la maladie d’Alzheimer de manière légère et joyeuse

Porté par la prestation exceptionnelle d’une comédienne non-professionnelle, «Une vie démente» aborde la maladie d’Alzheimer sous un jour inédit, avec humour et légèreté.








Noémie et Alex forment un jeune couple de trentenaires enthousiastes, qui se décident à faire un enfant. Rien de plus banal, sauf que c’est le moment où Suzanne, la mère d’Alex, veuve énergique, indépendante et enjouée, très présente dans leur vie, commence à avoir un comportement bizarre. Elle ne s’occupe plus des tâches administratives, oublie beaucoup de choses, et multiplie caprices et enfantillages. Après l’avoir obligée, non sans mal, à consulter, le diagnostic tombe : Suzanne est atteinte d’une forme particulière de la maladie d’Alzheimer, sorte de démence précoce qui la fait régresser.



De plus en plus adolescente dans son attitude, Suzanne ne s’estime pas malade, bien au contraire, elle déborde d’activités, au risque de se mettre en danger. Si Noémie l’aborde avec sérénité, Alex se montre de plus en plus inquiet pour sa mère, même après l’avoir confiée aux soins d’un aide à domicile. Et voilà le projet du couple remis en question : comment envisager de procréer quand on a déjà une sorte d’enfant très turbulent à gérer ?



Premier long-métrage d’un duo belge renommé pour son originalité à travers ses précédents courts-métrages, « Une vie démente », qui a raflé quatre prix – mise en scène, interprétation féminine, prix du public et du jury jeune – au récent Festival de Saint-Jean-de-Luz, épate à chaque plan. Sur le plan formel tout d‘abord, les cinéastes ayant opté pour des choix visuels bien spécifiques, notamment pour les scènes d’une folle créativité où Alex et Noémie se retrouvent isolés dans leur chambre, coupés des délires de Suzanne et du ramdam éprouvant qu’est devenu leur quotidien.



Surtout, le film éblouit par la manière légère et joyeuse dont il envisage la démence à l’écran – du jamais-vu jusqu’ici – pour coller à la régression que vit son personnage principal. Souvent traitée de façon hilarante, la maladie de Suzanne la rend au fil des séquences de plus en plus attachante, sidérante… extraordinaire. Il fallait pour l’incarner une comédienne hors normes, et Ann Sirot et Raphaël Balboni ont eu l’audace d’embaucher une non-professionnelle, Jo Deseure, ancienne professeure de sport, tant ils ont été séduits par ses essais face caméra.



Époustouflante de naturel et de drôlerie

Elle livre une performance inouïe, entre insouciance, impertinence et allégresse. Époustouflante de naturel et de drôlerie dans la peau de cette Suzanne qui, malgré la maladie, persiste à vouloir conduire, jusqu’à envisager de voler des voitures ou de se fabriquer maladroitement un faux permis, gribouillé comme la mauvaise bafouille d’une gamine qui apprendrait à écrire. Et il faut la voir héler en pleine rue des inconnues pour les présenter à son fils, très embarrassé car bien marié.


Des petites et grosses bêtises, elle va en cumuler beaucoup, sous le regard peiné d’Alex, et plus amusé de Noémie. Laquelle tisse un fil entre Suzanne et les spectateurs sur la façon dont on peut, dont on doit, envisager la démence de nos proches : avec sourire et douceur, et ce jusqu’au bout, jusqu’à ce que ces personnes âgées effectuent le retour ultime à leurs plus jeunes années, et puissent enfin réaliser leurs rêves d’enfant.



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