Tzvetan Todorov : "Il y a une une puissance dans le vers de Marina Tsvetaeva qui est proprement surnaturelle"
En 2005, à partir des carnets et lettres de Marina Tsvetaeva déjà publiés en Russie, Tzvetan Todorov composait et préfaçait "Vivre dans le feu", un ouvrage à travers lequel il offrait de la poétesse un portrait tout à la fois intime et littéraire.
Dans Du jour au lendemain, Tzvetan Todorov disait pourquoi l'œuvre et la vie de Marina Tsvetaeva ne pouvaient être dissociées, et aussi pourquoi elle pouvait être considérée comme l'un des plus grands auteurs de son siècle.
Dans son cas il n'est pas facile de dissocier oeuvre et existence, ou plutôt il est facile mais en réalité une correspondance secrète traverse les deux. Il est facile dans la mesure où l'oeuvre est intense, extatique, alors que l'existence est souvent misérable, mais en même temps c'est une unité qui traverse les deux parce que Tsvetaeva ne voulait pas que la vie soit régie par des principes autres que l'oeuvre. Elle voulait que la même intensité, la même qualité, la même extraordinaire présence dans le feu se retrouve dans l'existence et dans l'oeuvre.
C'est au fin fond du Tatarstan, en 1941, à 49 ans, que Marina Tsvetaeva mit un terme par pendaison à l'une des existences d'écrivain les plus tragiques du XXème siècle ; sans avoir vu se réaliser sa prophétie, la vision qu'à vingt ans elle avait eu du destin de son œuvre, de ses poèmes : "Oubliés aux recoins de vieilles boutiques/ Enfermés, poussiéreux, jamais lus / Tels de grands vins au fond de leurs barriques/ Sauront atteindre leur précieux prix.".
En Russie comme ailleurs, le temps a depuis établi la valeur inestimable de l'œuvre poétique, longtemps restée éparpillée, de Marina Tsvetaeva.
En Russie, l'unanimité s'est faite, elle est considérée comme le plus grand poète russe du XXème siècle ce qui n'est pas peu dire. (...) Il y a une intensité, une puissance, dans la phrase, dans le vers de Tsvetaeva qui est proprement surnaturelle.
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