Dans une petite ville aux abords du détroit de Block Island, les poissons morts s’accumulent sur la rive et Harry observe avec inquiétude son père sombrer dans la démence. Sa sœur, avec laquelle il entretient une relation tendue, arrive en renfort. La famille qui ne tient plus qu’à un fil devra se serrer les coudes, d’autant plus qu’une horreur indescriptible remue dans les vagues, aux aguets.
Dans The Block Island Sound, les genres se mêlent comme dans un écosystème. Science-fiction, terreur sous-marine, horreur cosmique et paranormal naviguent avec une étonnante fluidité dans ce film des frères Kevin et Matthew McManus (American Vandal).
On en retient toutefois surtout le drame familial porté principalement par Chris Sheffield (The Stanford Prison Experiment) et Michaela McManus (The Vampire Diaries), à la chimie palpable.
La femme doit assumer le rôle de matriarche tout en veillant sur son père, puis son frère, qui agissent de manière impulsive et incompréhensible. L’alcoolisme, la rivalité et les rancunes font surface et mettent au test la loyauté de la famille, soulevant la question suivante: où s’arrête la loyauté obligée? Jusqu’où doit-on aller avant d’avoir le droit de tourner le dos à son frère ou à sa sœur?
Cet angle très humain pourrait en rebuter certains, surtout qu’Harry est loin d’être sympathique. Outre l’aspect dramatique, notons l’exploitation admirable d’une île touristique hors saison au froid, au vent et à l’humidité qui perce l’écran et place l’inconcevable dans un cadre hyperréaliste. The Block Island Sound réussit aussi à manipuler le temps (ellipses, pauses, hallucinations) d’une main ferme sans recourir aux clichés.
L’horreur n’atteint toutefois pas tout à fait sa prise. L’utilisation répétée d’un son qui ressemble à un gargouillis d’estomac (un bruit peu menaçant, vous en conviendrez) et d’apparitions d’un personnage à l’allure grotesque, qui émet lui aussi un son qui surfe en eaux ridicules, ne réussit pas trop à faire peur. Heureusement, la dévotion avec laquelle Sheffield joue la descente en eaux troubles de son personnage rend l’ensemble convaincant.
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