La Courbe de tes yeux
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul ELUARD, Capitale de la douleur, (1926), (1926)
Paul ÉLUARD – Un siècle d'écrivains : 1895-1952 (DOCUMENTAIRE, 1995)
Paul Éluard 1895-1952, de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel, (il choisit à
l’âge de vingt et un ans, le nom de Paul Éluard, hérité de sa
grand-mère, Félicie), est un poète français.
Obligé d'interrompre ses études pour rétablir sa santé gravement menacée
(1912), il séjourne en sanatorium. C'est là qu'il rencontre une jeune
russe qu'il prénomme Gala. Impressionné par sa forte personnalité, c'est
d'elle qu'il tient son premier élan de poésie amoureuse.
Il l'épouse début 1917.
Malgré sa santé défaillante, il est mobilisé en 1914, puis publie ses
premiers poèmes, marqués par son adhésion aux idées pacifistes ("Le
Devoir et l'Inquiétude", 1917 ; "Poèmes pour la paix", 1918).
Au lendemain de la Grande Guerre, il fait la connaissance de Breton,
d'Aragon, de Soupault, de Tzara, de Magritte, de Man Ray, ou encore de
Miró, et participe au mouvement Dada ("Les Animaux et leurs hommes, les
hommes et leurs animaux", 1920 ; "Les Nécessités de la vie et les
Conséquences des rêves", 1921), avant d'être admis dans le groupe de
Littérature et de s'engager dans l'aventure surréaliste ("Mourir, de ne
ne pas mourir", 1924).
En 1928, il repart en sanatorium accompagné de Gala. Et c'est là qu'elle le quitte pour Salvador Dali.
"Je t'aime" Yves Montand chante Paul Eluard
Peu de temps après, au cours d'un voyage autour du monde, il fait la
rencontre de Maria Benz (Nusch), qui devient sa muse et qui lui inspire
certains de ses plus beaux poèmes d'amour ("Capitale de la douleur",
1926 ; "L'Amour, la poésie", 1929 ; "La Vie immédiate", 1932).
Entré au Parti communiste en 1926, il en est exclu en 1933, mais n'en
milite pas moins pour une poésie sociale et accessible à tous ("Les Yeux
fertiles", 1936 ; "Cours naturel", 1938 ; "Donner à voir", 1939), prend
position en faveur de l'Espagne républicaine (la Victoire de Guernica,
1938), puis, s'engage dans la Résistance et publie plusieurs ouvrages
dans la clandestinité (parmi lesquels Poésie et Vérité 42, 1942, qui
comprend le célèbre poème "Liberté" ; "Les Sept Poèmes d'amour et de
guerre", 1943 ; "Les Armes de la douleur", 1944).
Le décès de Nusch en 1946 le plonge dans le désespoir, mais en 1948, il
rencontre Dominique qui devient sa dernière compagne et pour laquelle il
écrit le recueil "le Phénix" consacré à la joie retrouvée.
Eluard succombe à une crise cardiaque. Le gouvernement refuse des
obsèques nationales. Aragon, Picasso, Cocteau, entres autres, assistent à
ses obsèques.
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