Les Mata-Hari du tricot
De la Révolution française à la Première guerre mondiale, l’Histoire
compte de nombreux exemples de femmes qui se sont servies de cette
discrète activité pour dissimuler, par exemple, des
activités d’espionnage.
La résistance est partout : il y a les jardiniers résistants qui lancent des bombes à graines dans les espaces verts pour en faire des paradis fleuris pour les abeilles ou les tricoteuses qui emmaillotent les panneaux de signalisation, les troncs d’arbre et les vélos de petits tricots colorés. Ce que l’on sait peut-être moins, c’est qu’il a existé des combattantes de l’ombre qui se sont servies de leurs aiguilles à tricoter pour s’attaquer au pouvoir.
Pourtant, résistance et tricot n’ont jamais été antinomiques. On connaît surtout les “tricoteuses” de la Révolution française, des femmes qui jouaient des aiguilles en public contre le modèle dominant, l’aristocratie et le patriarcat. En délocalisant cette occupation privée dans l’espace public, elles prenaient fait et cause pour l’intégration [des femmes] dans la société. Les grossièretés qu’elles proféraient lors des exécutions ont été consignées dans les registres de l’époque.
Charles Dickens les a immortalisées dans Le Conte de deux cités, un roman de 1859. Thérèse Defarge est tricoteuse et s’illustre non seulement par sa soif de vengeance à l’égard de l’aristocratie, mais aussi en inscrivant les noms des prochaines victimes de la guillotine sous une forme codée dans les mailles de ses tricots.
Le réalisateur Christopher Nolan s’est inspiré de ces actes de rébellion dans The Dark Knight Rises : le méchant de l’histoire, Bane, tricote pendant le procès-spectacle du commissaire Gordon, se délectant de ce simulacre de justice depuis le deuxième rang.
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