Nouvelle traduction et nouvel agencement du texte de Woyzeck d’après la version manuscrite définitive de la fameuse pièce de Büchner. Jérôme Thélot justifie ses choix et ses intentions de traducteur dans une postface qui aide à mieux comprendre les enjeux linguistique et littéraire de ce texte majeur.
Notre édition s’adresse à ceux qui ne connaissent pas encore l’œuvre de Büchner mais aussi à ceux qui veulent approfondir la pièce en renouant avec ses origines.
Woyzeck s’inspire d’une histoire réelle d’un soldat de l’armée allemande qui poignarde sa maîtresse. Une histoire simple mais rendue explosive par le génie de Büchner.
Georg Büchner (1813-1837), ou l’autopsie du réel (Toute une vie / France Culture)
Considéré comme un monument de l’histoire littéraire et théâtrale, Georg Büchner ne semble pas jouir, encore aujourd’hui, de la notoriété qu’il mérite en France, où on le réduit trop souvent à un drame historique, "La Mort de Danton". Certes, il est l’un des auteurs de langue allemande les plus joués et les plus traduits ces dernières décennies, mais qui connaît réellement ce jeune prodige, mort du typhus à 23 ans, ayant accompli ce que d’aucuns considèrent comme une révolution dans l’art dramatique ? L’homme est un francophile convaincu : Büchner s’est largement inspiré de la littérature française, a étudié la médecine et la biologie à Strasbourg, rédigé sa thèse en français, écrit un drame sur la Révolution française et traduit deux pièces de Victor Hugo. Autant de raisons de lui rendre un hommage radiophonique et de montrer la cohérence de cette œuvre aussi fulgurante que variée. Tout à la fois écrivain, scientifique, philosophe et agitateur politique, Büchner n’est connu à sa mort en 1837 que de ses proches, du publiciste Karl Gutzkow et de quelques services de police allemands. Il faudra attendre des décennies pour qu’éditeurs et gens de théâtre s’emparent de son œuvre et perçoivent la modernité d’une écriture à ce point en avance sur son temps. Qu’il s’agisse de sa thèse sur le système nerveux du barbeau – qui fait encore autorité –, de son analyse "au bistouri" des luttes fratricides de la Révolution française ("La Mort de Danton"), de son activisme politique auprès des masses paysannes d’une province allemande archaïque (son pamphlet "Le Messager hessois"), de la description aussi précise que poétique d’un artiste sur le point de devenir fou ("Lenz"), ou encore de son portrait d’un anti-héros moderne ("Woyzeck"), c’est toujours avec la même analyse clinique, le même regard chirurgical, qu’il dissèque le vivant et l’âme humaine. Son scalpel n’épargne aucune des conditions sociales de son temps, tout en défendant une conception fondamentalement bienveillante de l’humain. Pessimiste sans être cynique, révolutionnaire sans être utopiste, affranchi de tout idéalisme suranné, Büchner met son humour sans concession au service d’une œuvre visionnaire qui échappe à toute tentative de récupération idéologique jusqu’à nos jours. C’est cette vie hors norme que cherche à ressusciter ce documentaire qui croise les voix d’historiens du théâtre allemand (Jean-Louis Besson) et de l’histoire socioculturelle des relations franco-allemandes (Michael Werner), d’une dramaturge (Marie Potonet), d’une traductrice et metteuse en scène (Irène Bonnaud) et d’un homme de théâtre (Jacques Osinski).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire