Issue, par son père, d’une vieille famille catholique de droite, Élisabeth de Fontenay a été élevée dans l’ignorance des racines juives de sa mère, convertie au catholicisme, dont la famille fut exterminée à Auschwitz. À vingt-deux ans, elle rompt avec la religion catholique pour se tourner vers le judaïsme et assumer son ascendance juive. À la fois détruite et construite, dit-elle, par le secret qui entoura ses origines. Dans toute son œuvre, elle n’a cessé de s’interroger sur les devoirs que nous avons envers les êtres vulnérables et de chercher à combler le silence de sa mère, celui de son frère, celui aussi des animaux qu’on extermine. Élisabeth de Fontenay, inlassablement, s’est attachée à mettre la philosophie « à l’épreuve de l’animalité », sans pour autant « offenser le genre humain ». Elle dénonce une tradition philosophique responsable, à ses yeux, de la longue méconnaissance de l’animal au nom du « propre de l’homme », et rappelle avec force que l’attention portée aux animaux ne saurait entrer en contradiction avec celle que l’on porte aux êtres humains et à leur propre identité. Fragilité, animale ou humaine, stupeur face à la violence génocidaire, amour de la littérature, admiration et méfiance mêlées vis-à-vis des Lumières, mais passion pour Diderot, « inventeur d’un matérialisme enchanté », engagement politique, autant de thèmes qui s’entrelacent dans ce volume rassemblant l’essentiel d’une œuvre sensible, dense et inclassable, qui fait autorité et assure à son auteur un grand rayonnement.
Ce volume contient : Actes de naissance – Gaspard de la nuit – En terrain miné (avec Alain Finkielkraut) – Une tout autre histoire – La Prière d’Esther – Diderot ou le matérialisme enchanté – « Flaubert, un pensum mystique » – « Barbey, cet absolu littéraire » – La Grâce et le progrès – Sans offenser le genre humain – « Lucrèce, la force de dissidence du poème » – « La raison du plus fort » – « Entretien avec Jean-Louis Poirier ».
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