Livre - Recueil des Dames, Poésies et Tombeaux - Brantôme

 

Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, a surtout mérité les faveurs de la postérité par ses "Dames galantes", chef-d'oeuvre de la littérature gaillarde, qui a piqué la curiosité de générations de lecteurs... Mais on aurait tort de limiter la contribution de Brantôme à ces pages, où la verte truculence le dispute à la pure et et simple fanfaronnade. Ce gentilhomme d'une vieille famille périgourdine, bien que promu abbé tout jeune, fut d'abord un homme d'épée. Il parcourut l'Europe en quête de guerre et d'aventure mais il dut se contenter d'un rôle de courtisan avide de pouvoir et d'amour, à l'ombre de Catherine de Médicis et de l'escadron volant, de ses dames et filles d'honneur. Après sa rupture avec Henri III, un accident de cheval le laissa à demi- infirme et le contraignit à se retirer sur ses terres en Périgord. Une nouvelle vie s'ouvrait pour lui. Brantôme devint alors écrivain et le resta jusqu'à la fin de ses jours. Au fil de dix volumes, il évoque à l'aide de ses souvenirs, le visage de la société aristocratique et de la cour des Valois durant la période noire des guerres de religion. Sur fond de massacres et de batailles, défilent en grand nombre ceux dont il a conté la vie : gentilshommes des rodomontades, du traité sur les duels, des retraites de guerre, colonels de l'infanterie et soldats, capitaines français et étrangers, princesses de la avec : Renaissance, dames galantes et dames illustres. En plein coeur d'une époque, celle des derniers chevaliers d'une impossible gloire, à l'aube de l'absolutisme monarchique des Bourbons. Tout au long de son œuvre, Brantôme, jusque là spectateur discret de l'intimité des derniers Valois, se transforme en témoin audacieux et féroce. Dans sa retraite périgourdine, il se repaît d'histoires d'Histoire. Au bout de la plume, il distille sa vengeance et prépare sa revanche.

 

Une vie, une Œuvre : vers 1537-1614 (France Culture, 1995)

C'est à la suite d'une chute de cheval qui le contraint au lit pendant quatre ans, que Brantôme, réfugié sur ses terres de Bourdeille, en Périgord, entreprit de substituer aux exploits amoureux de la réalité les plaisirs de l'écriture et du souvenir. Les Dames galantes, loin d'être, comme les textes érotiques d'un Sade, le récit continu de perversités présentes, semble avoir été des compensations d'âme plus que de corps. Brantôme appartient à une génération de gentilshommes périgourdins très brillante, qui a fourni à la France plusieurs de ses grands auteurs de la Renaissance, comme Montaigne, qui fut échevin à Périgueux, ou La Boétie, descendant d'une grande famille de Sarlat. De sa jeunesse libertine, l'abbé de Brantôme retrouve à l'âge mûr le plaisir de discourir des cocus, des femmes légères et de ses propres exploits.