mercredi 8 décembre 2021

Livre - Berty Albrecht - Dominique Missika


 10 novembre 1945 : Paris est plongé dans l'obscurité. Cinémas, théâtres et restaurants sont fermés. Paris est vide - seuls trois longs cortèges funéraires de quinze cercueils filent vers les Invalides. Sur l'un d'entre eux, une plaque : " Berty Albrecht, résistante du mouvement Combat, 15 février 1893-31 mai 1943, Compagnon de la Libération, Médaille militaire, Croix de guerre avec palmes, médaille de la Résistance avec rosette ". Le lendemain, elle sera inhumée au Mont-Valérien. Dominique Missika est partie sur les traces de cette héroïne au destin tragique. Son enquête révèle une femme étonnante et complexe : issue de la bonne société protestante de Marseille, cette mère de famille deviendra surintendante d'usine et militante féminine avant de vivre une grande passion avec Henri Frenay, un saint-cyrien catholique de douze ans son cadet, qu'elle entraîne dans sa lutte contre le nazisme. Figure emblématique de la Résistance, elle meurt clans des circonstances longtemps mystérieuses, à l'origine d'une légende ici élucidée. En consultant documents de justice, archives privées et témoignages inédits, l'auteur retrace avec talent les raisons de son engagement, les circonstances de son arrestation par les Allemands et redonne toute sa place à cette femme exceptionnelle.


Qu'elles aient été ouvrières, ménagères, châtelaines, secrétaires, postières, aubergistes, paysannes ou encore étudiantes, de nombreuses "femmes de l’ombre" ont participé à la résistance, mais l'histoire n'a pas retenu leurs noms, ni les actions décisives qu'elles ont menées.

Des femmes françaises en uniforme militaire et avec des grenades en bandoulière, membres des Forces Françaises de l'Intérieur, à Guincamp, en Bretagne.
Des femmes françaises en uniforme militaire et avec des grenades en bandoulière, membres des Forces Françaises de l'Intérieur, à Guincamp, en Bretagne.• Crédits : Getty
On ignore souvent la place qu'ont eue les femmes dans la Résistance.

On imagine qu'elles ont seulement aidé, en tant qu'épouses, fiancées ou sœurs des résistants. En réalité, elles sont nombreuses à avoir combattu. Il est vrai que peu de femmes furent encouragées à intégrer le maquis et à avoir les mêmes missions que les hommes. Souvent, elles étaient cantonnées à des rôles d'agents de liaison. Si résister, c’est avoir "la volonté chevillée au corps de nuire à l’occupant en l’empêchant d’atteindre ses objectifs par tous les moyens", c'est parce que ce n'est pas seulement dans les actes que se mène la résistance, mais aussi par la pensée. La désobéissance aux lois ordonnées par l'occupant exigeait d'être prêt psychologiquement à en assumer les conséquences, de la torture à l'exécution. Sur ce terrain, les femmes ont d’autant plus de mérite qu’en 1940, elles n’ont encore ni droits politiques (pas de droit de vote) ni droits civils (l’autorité familiale reste soumise au chef de famille). Si on évalue à environ 20% la proportion de femmes dans les rangs de la Résistance française, il reste en réalité très difficile de les distinguer, tant elles ont œuvré sous pseudonymes et dans la clandestinité. Ce qui est certain, c'est que c'était la plupart du temps "par" et "autour" des femmes que s’est organisée la quotidienneté de la Résistance.


Les invités : Dominique Missika, éditrice, journaliste et historienne, qui a publié en 2018 aux éditions du Seuil, Les Inséparables, Simone Veil et ses sœurs, mais aussi une biographie sur une "célèbre inconnue de la Résistance" intitulée Berty Albrecht parue en 2005 chez Perrin, et également Résistantes. 1940-1944, publié aux éditions Gallimard, en coédition avec le Ministère des armées.








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