Les étoiles se lèvent-elles à l’ouest ? Et un poème peut-il faire polémique dans les journaux plusieurs semaines durant ? Que doit aux éléphants la rondeur de la Terre ? Et à Dürer La Guerre des étoiles ? Lequel des deux est le plus sémiologue, Tintin ou Milou ?
Quels sont les "rêves humanistes de bibliothèques parfaites", qui parcourent les siècles ? demande l’écrivain-philologue William Marx. Quels sont les paradoxes de la bibliothèque de Babel imaginée par l’écrivain argentin Borges ? Pourquoi cette bibliothèque monstrueuse devient-elle un cauchemar ?
De quelle façon la bibliothèque créée par Aby Warburg reconstitue-t-elle la totalité de l’expérience mentale et comment la forme en ellipse de sa salle de lecture rappelle-t-elle à la fois la boîte crânienne et la dimension cosmique de cette belle institution européenne?William Marx, titulaire de la chaire de "Littératures comparées" poursuit son exploration des "bibliothèques invisibles", bibliothèques mentales et pas seulement virtuelles, qui peuvent avoir des liens avec les bibliothèques matérielles.
Dans le cours précédent, nous avons découvert le merveilleux Atlas Mnémosyne, du nom de la déesse grecque de la mémoire, élaboré par le grand chercheur historien de l’art Aby Warburg. William Marx nous a expliqué que "L’Atlas Mnémosyne est une carte mentale, et que c’est à ce titre qu’il intéresse depuis de nombreuses années non seulement les historiens de l’art, mais aussi les artistes et les écrivains. C’est une bibliothèque d’images organisée selon les réseaux de la mémoire. L’actuelle Warburg Institute Iconographic Database en est la prolongation numérique. Et il en va de même ou presque pour les 60 000 volumes de la bibliothèque d’Aby Warburg. Énorme bibliothèque, car il utilisa pour la constituer les fonds de l’héritage familial".
"Il a pu ainsi fonder, rappelle William Marx, à Hambourg, dans les années 1910, un premier institut destiné à accueillir sa bibliothèque et à l’ouvrir aux chercheurs. Quand les nazis prirent le pouvoir, la bibliothèque fut envoyée à Londres, et l’institut y fut transféré, puis incorporé à l’université de Londres. Il y existe toujours, comme un centre de référence inégalé en histoire de l’art de la Renaissance et de la tradition classique. Le catalogue de la bibliothèque constitue une thèse à lui seul, une vision du savoir."
L’analyse des "utopies bibliothécaires", comme William Marx les appelle, l’a conduit à nous présenter "celle de François Grudé La Croix du Maine, qui, en 1524, dans sa Bibliothèque française, a proposé au roi Henri III l’utopie d’une bibliothèque que l’on décrirait aujourd’hui comme panoptique." C’est cette prétention à la totalité, de savants bibliothécaires, qui doivent aussi négocier avec les puissants et les désastres des temps, qu’explore William Marx aujourd’hui. Et nous verrons que le rêve de fusion entre le cosmos et l’esprit n’est jamais loin...
Nous gagnons le Collège de France, le 9 février 2021 pour le cours de William Marx, aujourd’hui "Le rêve de la bibliothèque parfaite".
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