Cette expression date du XVIIIe siècle. Elle a été créée par le comédien Philippe Néricault. On comprend facilement ce qu'il a voulu dire : il est plus facile de critiquer ce que font les autres que de créer ou de faire quelque chose soi-même.
"Le cerf-volant" de Laetitia Colombani : "un très mauvais livre, sans style, sans rien" - L'avis du Masque
Après "La Tresse", Laëtitia Colombani plonge son lecteur dans une aventure teintée d'espoir et de colère, où la volonté et le rêve tentent d'outrepasser l'impossible à travers la rencontre entre une femme, une jeune fille et une enfant au milieu d'une Inde tourmentée. Un livre qui n'a pas convaincu "le Masque".
Le livre présenté par Jérôme Garcin
Cinq ans après "La Tresse" (deux millions d'exemplaires vendus), la cinéaste, comédienne et romancière reprend le fil indien de son premier roman, où une intouchable vendait ses cheveux à l'industrie capillaire des pays riches.
C'est en Inde, au bord du golfe du Bengale que, après la mort de son mari, débarque une enseignante française : Léna. Sur la plage, elle observe une fillette de dix ans, Lalita, qui joue seule au cerf-volant. La fillette, qui est mutique et illettrée, est en fait exploitée par un cousin dans son restaurant.
Dès lors, Léna va travailler à fonder une école pour tous les enfants défavorisés du quartier ou d'ailleurs, une brigade rouge qui forme les filles à l'autodéfense.
En épigraphe, Laetitia Colombani a placé cette pensée de Abanîndranâth Tagore :
Le malheur est grand, mais l'homme est plus grand que le malheur
Et, dès la page 18, ce mot de Jacques Prévert :
Les enfants ont tout sauf ce qu'on leur enlève
Olivia de Lamberterie regrette un mélange littéraire et de bons sentiments qui ne marche pas…
OdL : "Peut-être que ce n'était pas une très bonne idée de retourner en Inde, sur le territoire de La Tresse… Et je persiste à dire que La Tresse était un livre qui avait une vraie grâce.
Mais, là… il y a plein de choses que je trouve intéressantes, comme ces Brigades rouges, ces filles qui ont décidé de se venger des viols ou des harcèlements qu'elles ont subis, et apprennent à se défendre - parce qu'il faut savoir que les intouchables dont on ne doit pas toucher le corps, en Inde, on ne se gêne pas pour les violer.
Le propos du livre est intéressant, dans la façon de voir comment une européenne pleine de bonnes intentions va détruire beaucoup de choses malgré elle.
Après, je n'ai jamais mis les pieds en Inde et j'ai l'impression que ce livre est un festival d'odeurs, de saveurs, de clichés et de lieux communs sur l'Inde que moi-même, qui n'ait pas été en Inde, j'aurais pu écrire. Ça fourmille de bruits et d'odeurs.
Et puis, cette héroïne est tellement innocente, trop malheureuse et, tout d'un coup, elle rencontre cette petite fille et se demande : "Est-ce que c'est possible qu'elle ne sache pas lire et écrire ?" Mais on envie de lui dire "Mais oui, bien sûr que c'est possible !". On a l'impression qu'elle découvre que l'eau mouille…
La littérature et les bons sentiments à ce point-là, ça ne fait jamais un beau mariage
Ce qui est intéressant, c'est de voir comment, en quelques années, la littérature féminine populaire est passée du secret de famille à une littérature de résilience avec des femmes qui vont très mal et qui s'en vont en Bretagne, en Inde, en Provence, à la lumière du soleil et des oliviers pour retrouver confiance en elles".
Pour Arnaud Viviant, "c'est un très, très mauvais livre"
AV : "J'ai trouvé ça très inintéressant et c'est un très très mauvais livre. Elle n'écrit pas, Laetitia Colombani, elle donne des informations… Chaque paragraphe ressemble à un communiqué de presse.
Elle oublie totalement l'idée même de ce que peut être écrire.
Dans ce très mauvais livre, ce qui est bien, c'est qu'on voit l'idéologie à l'état pur, comme de l'eau transparente, romancée. C'est clair et net. Et c'est quoi l'idéologie ? C'est simple, c'est la résilience, évidemment chère à Boris Cyrulnik.
Et, à chaque fois, on l'a interrogée parce qu'elle est très véhémente contre la résilience. C'est pour elle une forme d'héroïsme individuel ou collectif. Si vous n'êtes pas une héroïne, eh bien précisément, vous ne pouvez pas être résiliente, c'est foutu pour vous.
Là, on l'observe très bien quand l'héroïne rencontre, par exemple, la petite fille mutique. L'enseignante voit qu'elle a des capacités. Mais si la petite n'avait pas eu de capacités, qu'est-ce qu'elle aurait fait ? Elle l'aurait laissée tomber… C'est ça le problème de la résilience : à chaque fois, les gens ont des capacités, là elle surmonte les difficultés, elle est résiliente. C'est un concept qui renvoie à l'ultralibéralisme de la sentimentalité…"
La résilience, c'est du jargon ultralibéral : "Démerde-toi", en gros…
Jean-Claude Raspiengeas est "effaré" par un livre qui n'a, selon lui, "aucun style"
J-C R : "Je suis assez content parce que c'est le nouvel album de Bécassine. Là c'est "Bécassine en Inde", "Bécassine sauve l'humanité". On est partagé en permanence dans ce livre.
C'est effarant et on a envie de rire tellement c'est ridicule. C'est gluant de bons sentiments. C'est dans l'indignation et la dénonciation. C'est tellement sucré que c'en est indigeste
Ce personnage a 40 ans. Elle est enseignante. Ça fait 20 ans qu'elle enseigne. Elle ne sait rien de l'Inde, elle découvre qu'il fait très chaud, qu'il y a beaucoup de misère, qu'il y a même des castes. Et du coup, l'Inde, sous sa plume, devient une sorte de terre de contrastes".
Il n'y a aucun style. Comme c'est l'été et qu'on aime bien les catégories, moi je propose qu'on le mette sur l'étagère des livres cul-cul la praline de l'été
Michel Crépu préfère ironiser et saluer "un rien reposant"
MC : "Je me fous de la résilience. La résilience ne m'intéresse pas. Il y a longtemps que c'est quelque chose qui a rendu l'âme. C'est une vieillerie qui n'a pas de fondement, pas d'existence.
J'avais l'impression de lire un mémoire de psychologie d'étudiant de troisième année
Le livre ne m'a pas déplu car, au fond, j'ai trouvé assez bien que
cette fille ne cherche pas à faire de l'effet… Car il n'y a rien, mais
ce rien a quelque chose de reposant pour l'esprit. C'est quelque chose
qui, finalement, vient à point nommé pour vous établir avec le lecteur
une sorte de relation stable, un peu mutique. Moi qui suis allé en Inde,
ce n'est pas si mal vu".
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