mercredi 19 janvier 2022

Livre - La fin de la Chrétienté - Chantal Delsol

 


Seize siècles de Chrétienté s’achèvent. Le temps présent connaît une inversion normative et philosophique qui nous engage dans une ère nouvelle.

La transition est brutale. Elle est difficile à accepter pour les défenseurs de l’âge qui s’efface.

De même que le vieillard tend à colorer le monde de sa propre décrépitude et à le voir décadent, de même il est des chrétiens qui, aujourd’hui, se plaisent à contempler le déclin du monde dans leur propre déclin.

Nous assistons en fait à une métamorphose. Le temps païen qui s’ouvre restaure les anciennes sagesses en même temps que les anciennes sauvageries. Le grand Pan est de retour.

L’ère chrétienne qui s’achève avait vécu sur le mode de la domination. Le christianisme doit inventer un autre mode d’existence. Celui du simple témoin. De l’agent secret de Dieu.


« La Fin de la chrétienté » : le pamphlet de Chantal Delsol contre la postmodernité
Dans son dernier essai, la philosophe déplore la disparition, sous nos yeux, de la civilisation chrétienne et juge délétère l’« inversion normative » qui est, selon elle, promue aujourd’hui. Un lamento réactionnaire paresseux.

Le dernier essai de Chantal Delsol ressemble à une longue complainte. La philosophe déploie une rhétorique de la déploration pour décrire la fin de « la chrétienté », qui n’est pas la fin du christianisme mais celle de son incarnation temporelle : une « marche à l’abîme », une « chute » où « tout se [défait] », tandis que « d’autres religions ont envahi la scène ».

A cette saturation terminologique s’ajoute un point de départ discutable. Avec la promulgation de la loi sur l’IVG en 1975, suivie d’autres lois sociétales (mariage pour tous, PMA), nous vivrions les derniers soubresauts de la chrétienté. Mais cette fin ne remonte-t-elle pas plutôt à la Révolution française ou à l’avènement de la modernité philosophique ? Chantal Delsol sait bien tout cela et le reconnaît : « Après les prémisses du XVIIIe siècle, la période révolutionnaire fut ce qu’on peut appeler le début de la fin de la chrétienté. » Nous ne serions donc pas en train de vivre la « fin de la chrétienté », mais « la fin de la fin ». Soit.


L’analyse de la philosophe gagne en intérêt lorsqu’elle fait la généalogie historique des « inversions normatives » qui se sont succédé. La chrétienté, qui commence avec la conversion de l’empereur Constantin au IVe siècle, avait inversé les valeurs romaines. Divorce, avortement, suicide, homosexualité, autrefois admis, sont désormais interdits. Mais alors que la chrétienté avait inversé les normes païennes, la postmodernité inverse les normes de la chrétienté. Aujourd’hui, nous vivons « l’inversion de l’inversion », soutient Chantal Delsol.


Indulgence envers les bourreaux et indifférence aux victimes

Ce changement de paradigme moral et ontologique indigne la catholique traditionaliste qui se prête à des considérations ambiguës : « L’homosexualité était bannie et méprisée, elle est aujourd’hui non seulement justifiée, mais vantée. L’avortement, auparavant criminalisé, se voit légitimé et conseillé. La pédophilie, considérée auparavant comme un pis-aller qu’on supportait pour la sauvegarde des familles et des institutions, est aujourd’hui criminalisée. »

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