Hiver 1812. La retraite de Russie. La neige a surpris la Grande Armée qui se transforme en une longue colonne de fantômes exsangues. Les hommes meurent de froid, de faim, de folie. Rentré en France, Napoléon déclare « la paix au monde ». La formule est belle mais ses ennemis ne sont pas dupes : la déroute de la grande armée a affaibli l’Empereur et ils lui imposent les conditions de cette paix : renoncer à toutes ses conquêtes depuis la création de l’Empire, sans quoi l’Autriche elle-même, devenue son alliée depuis son mariage avec Marie-Louise, rejoindra le ban des coalisés. Napoléon refuse et c’est à nouveau la guerre.
Bientôt Russes et Autrichiens sont aux frontières de France. Sentant le vent tourner, certains généraux parmi les plus fidèles abandonnent l’Empereur : Ney et Murat. Puis Joseph, son propre frère, livre Paris et prend la fuite, emmenant Marie-Louise et le petit Roi de Rome. C’est fini, la reddition est signée. Les cosaques sont entré dans Paris. La mort plutôt que la défaite :Napoléon écrit une dernière lettre à Marie-Louise et avale une fiole de poison : il veut mourir. Mais Caulaincourt fait intervenir un médecin qui le sauve.
Au matin, Napoléon est un mort-vivant. Il a tout perdu : son Empire, sa femme, son fils. Louis XVIII monté sur le trône, l’empereur est exilé à l’île d’Elbe : une ville, quelques paysans et des rochers… La défaite est cuisante mais Napoléon garde la tête haute. Il instaure sur ce petit territoire un nouvel Empire. Il réglemente, il réforme. Gouverner est un bon remède. Mais bientôt, il apprend que les anglais envisagent de l’envoyer plus loin encore, dans un endroit où ils n’auront pas à craindre son retour : Sainte-Hélène, une île perdue au milieu de l’Atlantique. Cette perspective lui est insupportable. Mieux vaut lutter : À la tête de 200 hommes, Napoléon débarque en Provence : le peuple l’acclame, les garnisons envoyées pour l’arrêter se rallient à lui, et bientôt il rentre dans Paris. Louis XVIII a pris la fuite. Et pendant cent jours, Napoléon règne à nouveau. Jusqu’à Waterloo, une défaite qui a failli être sa plus grande victoire. Napoléon n’a d’autre espoir que de déclencher une guerre civile. Mais il s’y refuse : il a toujours détester le désordre. il capitule. Entouré de quelques fidèles, il prend la route pour la côte Atlantique où il espère embarquer pour l’Amérique : il imagine y entamer une nouvelle carrière…de scientifique ! son projet : traverser le continent du Canada à la Patagonie. Mais le rêve se brise aussitôt. En effet, des navires anglais l’empêche de quitter les côtes françaises.
Apprenant que des soldats de Louis XVIII s’apprêtent à l’arrêter, il choisit de se livrer aux anglais ses pires ennemis, mais qui ont l’honneur des gens de guerre. Et Napoléon imagine s’installer dans la banlieue de Londres, cultivant des roses et menant une vie tranquille. Las ! l’exil de l’Empereur est décidé : on l’enverra à 6000 kilomètres de l’Europe, en plein Atlantique Sud, à Sainte-Hélène. Crépuscule sur Sainte-Hélène.
Napoléon finit le récit de son épopée à la petite Betzy. La jeune fille, bouleversée, lui annonce qu’elle quitte l’île, son père ayant été rappelé en Angleterre. Elle lui fait un cadeau de départ : elle allume toute les lumières du salon, plongé jusqu’alors dans la pénombre. Puis demande à Napoléon, l’Empereur déchu qui a su faire rêver la petite fille, une mèche de ses cheveux en souvenir… Betzy quitte en larme Longwood. Son cheval s’éloigne dans la nuit. Napoléon reste seul. Avec Betzy, ce sont les dernières forces de vie qui s’échappent de son corps fatigué. Alors il se souvient : l’enfant Bonaparte a 7 ans lorsque son père confie son éducation au collège de Brienne où il apprendra le métier des armes. Le petit garçon est la risée des fils bien nés qui se moquent de son teint olive, de son accent corse et de ses manières de paysan. À un surveillant qui le réprimande, il répond « je suis un homme ». Et l’enfant, de rêver de conquêtes. Et d’une vie d’aventure. 5 mai 1821.
Entouré des derniers fidèles qui l’ont accompagné dans son exil, Napoléon est à l’agonie. Il murmure : « tête…armée… » puis expire. Sous la pluie chaude des tropiques, le cortège des funérailles gravit la petite colline, escorté par la garnison anglaise qui lui rend les honneurs. L’Empereur est mort, l’Europe entre dans l’ère de la modernité. La légende peut commencer.
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