dimanche 9 janvier 2022

Livre - Orlando - Virginia Woolf

 


Orlando, ce sont les mille et une vies dont nous disposons, que nous étouffons et qu'Orlando seul libère, car il lui est donné de vivre trois siècles en ayant toujours trente ans.

Jeune lord comblé d'honneurs, il est nommé ambassadeur en Turquie, devient femme et rejoint une tribu de bohémiens puis retourne vivre sous les traits d'une femme de lettres dans l'Angleterre victorienne.

Assoiffé de vie et de poésie, à l'image de Virginia Woolf, Orlando traverse les siècles, accumule les sensations, déploie les multiples facettes qui composent notre être. La nature de l'homme et de la femme, l'amour, la vie en société, la littérature, tout est dénudé avec un prodigieux humour.

Hymne à la joie, au plaisir, ce conte fantastique révèle que la pensée créatrice est bien " de tous les moyens de transport le plus divagant et le plus fou ! ".


Orlando est le héros-l’héroïne du roman du même nom de Virginia Woolf, pour qui l’écriture inclusive semble avoir été inventée : Orlando naît homme sous la reine Elizabeth I et meurt femme en 1928. Bien plus qu’un manifeste féministe, c’est un essai poétique sur le temps et la mémoire.

Ce personnage prodigieux créé par Virginia Woolf est une sorte de versant anglais du Narrateur d’A la recherche du temps perdu de Marcel Proust.

Qui est Orlando ? Pour en parler, Charles Dantzig reçoit Gisèle Venet, Professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle où elle a enseigné et dirigé des travaux de recherche essentiellement dans les domaines des XVIe et XVIIe siècles anglais. Elle a préfacé les Œuvres romanesques, en deux volumes, de Virginia Woolf à la Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard.



Orlando traverse les siècles et la littérature. Le jeune noble dans sa bibliothèque, incarné par Tilda Swinton dans l'adaptation de Sally Potter (1992)

Gisèle Venet rappelle toute la fantaisie et l’humour de Virginia Woolf, que l’on voit à tort comme une évanescente pleureuse. Il faut bien de l’énergie pour écrire un tel roman, à la fois long, rapide et brillant.

Charles Dantzig souligne que "l’autre point commun antre Orlando et A la recherche du temps perdu est que ce sont des romans sur la création littéraire. Comme le Narrateur, Orlando est quelqu’un qui rêve d’écrire et n’y parvient qu’à la fin". 

Charles Dantzig cite le journal de Virginia Woolf, en octobre 1927 où elle note avoir commencé ce livre, qui a déjà son titre. Elle dit : « J’écris des phrases en marchant. J’invente des scènes quand je m’assois. En fait je suis plongée au plus profond du plus intense ravissement que j’aie jamais connu (…) » Et, une fois qu’elle a fini : « J’ai écrit le livre plus rapidement que les autres comme si c’était une plaisanterie. (…) Des vacances d’écrivain. »

Gisèle Venet rappelle qu'Orlando, qui était un homme, se réveille en femme "après une fabuleuse scène de léthargie". "Et s’ensuit, avec toute l’ironie de Woolf, et son audace, car elle révèle ses codes, un vrai pamphlet contre le XIXe siècle".



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