Les îles de Napoléon
Napoléon est mort le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène, il y a deux cents ans. Télévisions, radios et journaux commémorent sa disparition. Dossiers (plus ou moins) inédits, podcasts, émissions spéciales : on interroge la légende, on décortique le mythe, on perce les secrets du ‘‘Petit Caporal’’ devenu empereur. Était-il un génie ? Un tyran ? Faut-il le célébrer ?
Dans la déferlante médiatique, un documentaire de 52 minutes se garde de toute polémique. « Les îles de Napoléon », de Marie-France Brière, offre un regard décalé. Il invite à un vagabondage érudit et plaisant, dans les pas d’un homme dont le destin exceptionnel s’est noué en terres insulaires.
« La Corse, ou l’enfance et l’insouciance. L’île de la Cité à Paris, ou le sacre et la gloire. L’île d’Elbe, ou l’exil doré dans un décor d’opérette. L’île d’Aix, ou trois jours qui vont sceller son devenir. Enfin, Sainte-Hélène, la légende », scande la réalisatrice dès l’introduction du film. Les images aériennes sont superbes…
Ancienne directrice des variétés de TF1, La Cinq, Antenne 2 puis France 2, Marie-France Brière vit aujourd’hui à Angoulême, où elle a créé le Festival du film francophone (FFA). C’est une femme à l’insatiable curiosité intellectuelle, loin des paillettes qui lui collent à la peau. Elle s’est intéressée à Napoléon un peu par hasard, en feuilletant « Le Mémorial de Sainte-Hélène », où le comte Emmanuel de Las Cases a consigné les souvenirs du prisonnier de Sainte-Hélène. Le livre, publié en 1823, a forgé la légende.
« Il faut savoir que le manuscrit original fut confisqué par les Anglais. On l’a récemment retrouvé à la British Library. Sa publication en 2017 aux éditions Perrin est épatante ! En ouvrant ce bouquin, je ne savais pas qu’il m’amènerait au bout du monde », raconte Marie-France Brière.
À l’écran, la réalisatrice se promène d’île en île, le pavé de 800 pages à la main. Elle rencontre des historiens et raconte, à la première personne. « Je vérifie les racontars. J’approche une silhouette que je ne juge jamais. Les guerres, les victoires, les défaites : ça ne m’intéresse pas », dit-elle.
À l’isolement à Sainte-Hélène
Le tournage s’est déroulé du 30 novembre 2020 au 26 février 2021. Il a été compliqué par l’épidémie de Covid. La petite équipe a passé quarantaine de jours à Sainte-Hélène, dont une douzaine à l’isolement, à la demande des autorités insulaires. « Nous avons découvert une île d’une incroyable beauté ; une île balayée par les vents, hors du temps, où une certaine nonchalance vous gagne, où on se laisse aspirer vers le néant », rapporte la réalisatrice.
Cette « impression troublante » baigne le documentaire, bercé par la musique jazzy du trompettiste Erik Truffaz. Diffusion le 3 mai, à 23 heures, sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, puis le 17 mai sur France 3 Île-de-France, et bientôt sur Public Sénat et TV5 Monde. Replay sur NoA, la chaîne web de France 3 Nouvelle-Aquitaine.
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