Une vie pour la littérature
Tout au long de la semaine, nous cheminons aux côtés de deux auteures italiennes : Elsa Morante et Goliarda Sapienza. Cette émission est consacrée à la vie de la première, romaine née en 1912 et morte en 1985.
Nous sommes avec René de Ceccatty, romancier, traducteur de nombreux ouvrages en italien, et éditeur. Il est l'auteur d'Elsa Morante, une vie pour la littérature (Tallandier, 2018), première biographie en français consacrée à l'écrivaine. Il a également consacré une biographie à Alberto Moravia, qui a été le compagnon d'Elsa Morante.
Née en 1912, Elsa Morante grandit dans des quartiers pauvres à Rome, entre un père biologique et un père adoptif - mystère familial troublant qui l'accompagnera tout au long de sa vie.
Elle acquiert très vite le goût de la lecture et de l'écriture, d'abord avec de petits poèmes. Elle quitte sa famille très jeune pour être indépendante : à vingt ans, elle vit déjà de son écriture, puisque son talent littéraire précoce lui permet de gagner de l'argent en publiant des nouvelles dans la presse et dans des revues. Dès les années 1930, elle publie un roman-feuilleton pour adolescentes, et un livre pour enfants. C'est en 1948, avec Menzogna e sortilegio, qu'éclot véritablement son talent de romancière. Alberto Moravia, rencontré en 1936, le reconnaît immédiatement - notamment avec L'Uomo dagli occhiali.
Ces deux figures de la vie artistique romaine de l'entre-deux guerres forment un couple mu par un grand respect littéraire. Ils se marient en 1941, dans les circonstances particulières de l'apogée du fascisme. Leur couple ne résiste toutefois pas aux différences aiguës qui les séparent : Elsa Morante vit des liaisons avec Visconti et Bill Morrow. Son entourage la décrit comme une femme toujours portée vers l'enfance, comme si elle rajeunissait au fil du temps. On retrouve cet aspect dans son écriture, puisque son style mêle naturalisme et onirisme - réminiscence du monde de l'enfance, de ses terreurs et de ses rêves, dans lequel elle a fait ses premiers pas en littérature.
Les épreuves d'un corps marqué par les accidents et la maladie la conduiront à une longue agonie, qui s'achève en 1985. Moravia, avec qui elle n'avait jamais totalement rompu, vit cette mort à ses côtés et décrira plus tard Elsa Morante comme une immense romancière, en faisant le portrait contrasté entre "sa propre pesanteur" et sa "légèreté gracieuse et rationnelle".
A 15h30 : en compagnie des revues, avec Anne-Sophie Rouveloux, de la Page des Libraires.
A 15h55 : le moment poétique proposé par Jacques Bonnaffé, autour cette semaine de deux jeunes auteurs. Premier jour avec Yoann Thomerel.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction)
MUSIQUE CHRONIQUE : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat)
Un monstre parcourt le monde : la fausse révolution
Elsa Morante engagée politiquement, témoin de l'histoire, amoureuse : nos deux invités poursuivent le portrait de la grande romancière italienne.
Ce sont plusieurs facettes de l'oeuvre d'Elsa Morante que nous abordons avec nos deux invités.
En première partie d'émission, nous sommes avec Martin Rueff, poète, critique, éditeur et professeur à l'Université de Genève, a traduit et écrit la postface du livre d'Elsa Morante Petit manifeste des communistes (sans classe ni parti) chez Rivages en 2018. Dans cet ouvrage, elle dénonce le spectre d'une "fausse révolution", en aspirant à des valeurs telles que l'honneur, la liberté d'esprit, la beauté, et l'éthique. Nous nous demandons ainsi dans quelle mesure Elsa Morante a participé aux débats politiques en Italie, dans l'entre-deux guerres, pendant la Seconde Guerre mondiale, mais surtout durant les années de plomb. En 1974, son grand roman La Storia, se fait témoin inquiet et virtuose des transformations connues par son pays - qui se cristallisent au moment de l'enlèvement d'Aldo Moro, tout en donnant la part belle aux destins individuels plutôt que l'histoire collective. Une mosaïque complexe se dessine donc, entre individu et collectivité, entre christianisme et communisme, entre politique et littérature.
A 15h30 : en compagnie des revues avec la chronique de Jérôme Dupuis, de l'Express.
Dans la seconde partie de l'émission, c'est Simonetta Greggio, romancière, qui a écrit Elsa mon amour, paru chez Flammarion en 2018, qui nous parle avec passion des personnages qui entouraient la romancière. Grande admiratrice, Simonetta Greggio propose un roman biographique dans lequel Elsa Morante devient un personnage de fiction. On y croise Pasolini, son grand ami avec qui elle ne cessait de se quereller, Italo Calvino, Cesare Pavese, Cruzio Malaparte, Leonor Fini, Visconti...
A réécouter pour aller plus loin : "L'expérience - Identification d'une femme : Elsa Morante par Simonetta Greggio"
A 15h55 : Jacques Bonnaffé nous lit des extraits de textes poétiques du jeune auteur Antoine Mouton.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction)
MUSIQUE CHRONIQUE : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire