Rimbaud rompt avec la poésie en 1873. Pour le jeune homme, alors âgé de 19 ans, commence une autre vie. Après un bref passage à Chypre, il part pour la corne de l'Afrique en 1880. Ses séjours sur les hauts-plateaux du Harar, en Abyssinie, alternent avec des replis forcés à Aden. Il cherche à faire fortune par tous les moyens, la photographie, la chasse à l'éléphant, le commerce d'armes et de cotonnade, le trafic d'ivoire, le négoce du café, de l'encens... C'est par les lettres qu'il adresse à sa mère et à sa sœur - de 1880 à 1891, avant son retour précipité en France - que nous connaissons cet autre Rimbaud.
Rimbaud, le roman de Harar | Jean-Michel Djian
Il est le seul dont le fantôme est plus prégnant encore que le mythe ;
l’unique poète à avoir fait de son œuvre/vie de 37 petites années une
énigme. Avec sa bouille d’ange et un corps dessiné comme on croque à
grand traits une figure illuminée, Arthur ne cesse de nous poursuivre de
sa vindicte poétique. Surtout depuis 1880 l’année où il décide de se
murer dans le silence abyssinien de cette Corne de l’Afrique jusqu’alors
méconnue.
Rimbaud c’est nous. C’est lui, c’est l’autre. Un grand
adolescent des Ardennes qui réussit si bien à célébrer notre folie,
notre mal de vivre comme notre génie qu’on peut se demander si l’auteur
définitif et pressé de la Saison en enfer n’était pas seulement venu sur
terre pour nous provoquer…
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