Un roman qui a pour cadre la résistance du peuple russe à l'invasion
allemande de 1941 jusqu'aux offensives de l'hiver 1942. Le personnage
central est un commissaire politique dans une unité sur le front mais le
véritable héros de ce livre est le peuple russe face à l'armée
allemande et dans le monde communiste.
Il y a une vingtaine d'années les Russes se récitaient le fameux poème Attends-moi, qu'un jeune correspondant de guerre avait composé sur le front. L'auteur, Constantin Simonov, avait fait ses premières armes littéraires à la fin du temps de paix, mais c'est la guerre qui lui apporta avec ce poème une foudroyante consécration. Depuis lors il livra d'autres combats, subit quelques revers. Rédacteur en chef d'une importante revue, il se démit de ses fonctions, sans doute parce qu'il avait accueilli des œuvres dangereuses ou prématurées (c'est lui qui édita l'Homme ne vit pas seulement de pain de Doudintsev). Écrivain, Simonov continue à demander son inspiration à la " grande guerre patriotique ". Récemment il signait avec Ch. Spaak et avec Elsa Triolet le scénario du film Normandie-Niémen, et son dernier roman, les Vivants et les Morts, a aussi pour thème l'invasion allemande.
Roman si l'on veut, en ce sens que les personnages sont nés de l'imagination de Simonov, mais l'ouvrage est une tranche d'épopée vécue. D'innombrables silhouettes surgissent, qui disparaissent aussitôt sous les obus de l'ennemi ; c'est un ballet hallucinant de feux follets où chaque vivant a rendez-vous avec la mort et où le moribond combat jusqu'à son dernier souffle.
La passion de Simonov n'a pas cédé à l'érosion du temps. A travers ses personnages, il brûle de cette volonté farouche de " tuer l'Allemand ", et comme eux il ressent " la plus pure des joies humaines " lorsqu'il parvient à sauver ses frères pris dans l'encerclement. Au 22e congrès du P.C. Cholokhov s'écriait : " Le sang de l'écrivain doit bouillonner quand il écrit. Son visage doit pâlir d'une haine tenace pour l'ennemi quand il écrit sur l'ennemi, et il doit rire ou pleurer avec les héros qu'il aime. " Ainsi chez Constantin Simonov n'y a-t-il pas trace d'impassibilité dans son épopée de l'amour et de la haine. Mais il n'y a pas de rire, parce qu'en ce temps-là le rire des héros résonnait tragiquement. Et peu de larmes, parce que l'auteur n'a pas le temps de s'attendrir sur ses personnages Seule surnage l'angoisse du destin collectif, qui s'exprime avec tant de force qu'on en oublie les destins personnels.
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