jeudi 23 septembre 2021

Livre - Le criquet de fer - Salim Barakat


 Tout près de la frontière turque, au début des années 1950, une bourgade perdue de la campagne syrienne subit la loi des brigades recrutées dans les tribus bédouines du désert. Comment leur tenir tête sinon en recourant à la violence ? C'est ainsi qu'une société oubliée par l'histoire entraîne dans son délire ses propres enfants à jamais mutilés de leur candeur. L'enfance kurde de Salim Barakat fut précipitée dans des passions "plus vieilles que son âge".
Loin d'en prononcer l'oraison funèbre, Le Criquet de fer célèbre avec une poésie barbare l'allégresse de ces jeunes années cruelles. Et leur récit s'évade en un lyrisme superbe qui rend le mal au bien et la culpabilité à l'innocence. 

 

 

 

Le criquet de fer : Les aventures inachevées d'un enfant qui ne vit que terre fuyante et s'écria : coqs, voici mes pièges ! 

 la Syrie vue à travers "Le Criquet de fer" dans lequel Salim Barakat, né en 1951 dans le nord-est du pays, raconte sa propre enfance. Dans une langue d'une grande force poétique, l'écrivain entremêle récit autobiographique et histoire douloureuse de la présence des Kurdes en Syrie.


Jeune berger marchant sur une ligne de train désaffectée (Qamishli, Nord de la Syrie) Crédits : BaderKhan Ahmad/Barcroft Media via Getty Images - Getty

Nous poursuivons notre voyage autour de la Méditerranée en Syrie, plus exactement au nord-est du pays, dans la région de la Jézirée, à la frontière de la Turquie et de l'Irak, grâce à l'extraordinaire récit biographique de Salim Barakat, Le Criquet de fer. Dans cet ouvrage paru en arabe en 1980 (en français en 1987), l'écrivain, né en 1951, fait le récit de son enfance vécue dans la peur et la violence, une "enfance sans enfance" comme il le dit lui-même.

Les enfants de notre quartier étaient pauvres, pauvres jusqu'à l'os. Quelques-uns mangeaient la boue des murs et quand ils tombaient malades, on les emmenait chez le médecin qui déclarait que c'était une habitude exécrable. Je n'exagère rien : parlez donc aux médecins des mangeurs de boue !        
Salim Barakat

Pour évoquer Le Criquet de fer, Mathias Enard s'entretient avec François Zabbal, son traducteur en français. De langue maternelle kurde, Salim Barakat va se prendre de passion pour la langue arabe jusqu'à en faire sa langue d'expression littéraire. Et ce en dépit de la violence politique qui s'est exercée contre sa communauté d'origine. François Zabbal évoque cette violence qui forme le cœur du premier des cinq tableaux qui composent Le Criquet de fer.

En dehors du premier chapitre où il évoque la visite du président syrien à Qamishli, Salim Barakat traite la violence politique de façon plus générale, davantage sur le plan symbolique. Elle irrigue son récit mais sans qu’il précise forcément à quelle époque elle s'est exercée. A l'intérieur d'un récit autobiographique, il évoque des épisodes de l’histoire des Kurdes qu’il n’a pas vécus, comme par exemple ces batailles entre les Bédouins et les Kurdes qui remontent à la période où la Syrie se trouvait sous mandat français (1920-1946) et que son grand-père lui a racontées. La violence politique a été permanente dans cette région du bout du monde où aucun Syrien de Damas n'a jamais mis les pieds.                
François Zabbal

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