"Samuel Taylor Coleridge (1772-1834) est le plus romantique de tous les
poètes romantiques. Mélange d'émotions et de réflexion, d'enthousiasme
et de doutes, il est la contradiction faite homme. Il aime passionnément
la Nature, dans sa version sauvage du Pays de Galles et des Lacs où il
vit avec une parfaite sobriété écologique. Dans le même temps,
cependant, il ne peut pas se passer de Londres, dont il aime fréquenter
les cafés. Comme il a lu Rousseau et les philosophes du XVIIIe siècle,
il porte en lui l'utopie d'une société meilleure. Mais comme il trouve
que la Révolution française s'est pervertie, il part en 1798 pour
l'Allemagne et l'université de Göttingen découvrir Kant, Schelling et
Fichte. Ce faisant, il quitte la poésie pour la philosophie, abandonne
femme et enfants pour une vie d'errance londonienne et d'accoutumance à
l'opium. Il est le modèle de tous les Rimbaud à venir. Il compose un
impérissable poème en sept chants La Ballade du Vieux Marin ainsi qu'une
méditation orientale sur l'empereur mongol Kubla Khan, que toute
l'Angleterre sait par cœur. Ce grand marcheur métaphysique, capable
d'escalader les pics du Lake District de nuit, est probablement
l'inconnu que l'on voit de dos dans les tableaux de Caspar David
Friedrich rêver dans le soleil naissant au-dessus d'un océan de brume".
Samuel COLERIDGE – Une Vie, une Œuvre : 1772-1834 (France Culture, 1990)
Samuel Taylor Coleridge 1772-1834 est un poète et critique britannique.
Très jeune, il se passionne, pour la lecture. Suite au décès de son père, il entre en pension à l'austère Christ's Hospital. Son amitié avec Charles Lamb, lui permet de surmonter le manque d'affection qu'il connaît alors. Il compose ses premiers poèmes.
Il poursuit ses études à l'université de Cambridge en 1791. Un an après, il obtient le prix de la meilleure ode grecque. C'est à cette époque, qu'il commence à s'adonner à l'alcool et au Laudanum. La politique le passionne et il s'éprend des grands idéaux de la Révolution française. Il abandonne ses études sans diplôme. En 1794, Coleridge se lie d'amitié avec Southey, et ils envisagent de fonder une communauté utopique bâtie sur les idéaux égalitaires. Ce projet avorte rapidement.
En 1795, Coleridge donne des cours sur la Révolution française et se marie. Mais le désamour s'installe dans le couple; son mariage se conclut par une séparation. La même année, il rencontre Wordsworth. En 1798, ils publient, ensemble, "Les Ballades lyriques", qui contiennent "La Ballade du Vieux Marin". Pour calmer ses rhumatismes et ses troubles névralgiques, les médecins lui prescrivent de l'opium, dont il devient dépendant.
Avec Wordsworth, il voyage en Allemagne en 1798 et apprend l'allemand en autodidacte. Il y étudie la philosophie et s'intéresse aux écrits de Kant, Lessing et Schelling. De retour en Angleterre, il traduit le "Wallenstein" de Schiller. Après ce voyage, il devient fervent philosophe spirituel, royaliste, et est désormais un détracteur de la Révolution française.
Il s'installe avec Wordsworth dans le Nord de l'Angleterre dans le district des lacs, ce qui leur vaut avec Southey, l'appellation de lakistes. Il tombe amoureux de la sœur de la future femme de Wordsworth, mais cette passion est contrariée et ils cessent de se fréquenter. Il sombre alors dans une profonde dépression.
Prenant peu à peu ses distances avec Wordsworth, sa poésie devient plus rare et plus fragmentaire. Après un voyage de deux ans en Italie, il s'installe à Londres et à Bristol où il connaît un franc succès en tant que conférencier.
En 1816, avec l'aide de Byron, il publie un recueil de poèmes où figurent "Christabel", "Les Souffrances du sommeil" et "Kubla Khan". Il publie un autre recueil, "Feuilles sibyllines" (1817). Mais victime de sa dépendance à l'opium, il séjourne chez le médecin James Gillman. C'est là qu'il achève la "Biographia Literaria".
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