dimanche 28 février 2021

Peintre - Johannes Vermeer - 1632-1675


 Johannes ou Jan Van der Meer, dit Vermeer ou Vermeer de Delft, baptisé à Delft le 31 octobre 1632, et inhumé dans cette même ville le 15 décembre 1675, est un peintre baroque néerlandais (Provinces-Unies).

Actif dans la cité hollandaise de Delft rattachée à la maison d’Orange, Vermeer semble avoir acquis en son temps une réputation d’artiste novateur, et avoir bénéficié de la protection de riches commanditaires. Mais une notoriété qui s'est essentiellement cantonnée aux limites du territoire provincial qui était le sien, une production de faible ampleur, évaluée à quarante-cinq tableaux maximum en vingt ans, ainsi qu'une biographie longtemps restée obscure — d'où son surnom de « Sphinx de Delft » —, peuvent expliquer pourquoi le peintre tombe dans l'oubli après sa mort — si ce n'est auprès des collectionneurs éclairés.


Vermeer n'est réellement mis en lumière que dans la deuxième moitié du XIXe siècle, à partir du moment où le critique d'art et journaliste français Théophile Thoré-Burger lui consacre une série d'articles publiés en 1866 dans la Gazette des beaux-arts. Dès lors, sa réputation, soutenue par les hommages que lui rendent les peintres, notamment impressionnistes, et les écrivains, tel Marcel Proust, ne cesse de s'amplifier. Ses tableaux font l'objet d'une véritable traque, rendue plus vive encore par leur rareté, et attirant la convoitise des faussaires. Parmi les trente-quatre qui lui sont actuellement attribués avec certitude — trois autres faisant encore l’objet de discussions —, La Jeune Fille à la perle et La Laitière comptent désormais parmi les œuvres les plus célèbres de l'histoire de la peinture, et Vermeer est placé, avec Rembrandt et Frans Hals, au rang des maîtres du Siècle d'or néerlandais. Cette fortune tant critique que populaire est confirmée par l'affluence des expositions qui lui sont consacrées, et est alimentée par l'utilisation publicitaire de ses œuvres, ainsi que par des succès de librairie et du box-office.


Vermeer reste essentiellement connu pour ses scènes de genre. Celles-ci présentent, dans un style qui conjugue mystère et familiarité, perfection formelle et profondeur poétique, des intérieurs et scènes de la vie domestique, pour figurer un monde plus parfait que celui dont il a pu être le témoin4. Ces œuvres de la maturité présentent une cohérence qui les rend immédiatement reconnaissables, et qui se fonde notamment sur des associations de couleurs inimitables — avec une prédilection pour l'outremer naturel et le jaune —, une grande maîtrise du traitement de la lumière et de l'espace5, et la combinaison d'éléments restreints, récurrents d'un tableau à l'autre. 



Quand l'œil écoute une pensée de femme – Une vie, une œuvre [1996]

 


 À l'heure où la presse parle d'une "vermeermania" provoquée par la grande rétrospective de La Haye, l'urgence d'un point de vue subjectif et "décalé" porté sur cette œuvre se fait sentir. Car au-delà du "Mystère Vermeer" trop souvent ressassé pour signifier encore quelque chose de pictural, que reste-t-il d'irréductible et de singulier dans cette œuvre du XVIIe siècle hollandais ? Il faudra se souvenir, par exemple, de sa stricte contemporanéité avec cet autre aventurier qu'est Spinoza. Il faudra envisager la présence récurrente des cartes géographiques et des miroirs dans ses tableaux. Mais plus encore, il faudra prendre le temps de se pencher sur ces femmes qui inondent toute l'œuvre de la clarté de l'aube. Depuis les Vierges des Annonciations jusqu'aux nus de Courbet, en passant par les Vénus du Titien, le corps des femmes, l'énigme qu'il manifeste, aura sans doute été l'enjeu essentiel de la peinture. Dès lors, sur cette palette de chair, quelle sera la singularité du modèle vermeerien ? De "La Laitière" à "La dentellière", en passant par toute cette galerie de portraits de "Femmes écrivant" et de "Femmes musiciennes", apparemment ni le sacré, ni la nudité, ni le mystère ne sont convoqués par le geste du peintre hollandais. Alors, que voit Vermeer quand il peint ces femmes ? 


Que cherche-t-il à nous faire entendre ? Une hypothèse singulière sert de point de départ à cette enquête en lieu clos, au plus près de l'isolement du modèle vermeerien : et si la question de ce peintre, question vermeerienne par excellence donc, était "qu'est-ce qu'une femme qui pense", fût-elle laitière ou dentellière ? Qu'est-ce qu'une femme qui écrit et qui lit, fût-elle musicienne ? Voilà ce qui sera, en tout cas, notre point de départ. C'est ainsi toute la gamme de "l'intimité dérobée", du "silence sonore", de la peinture qui devient tout à coup lisible, au gré des tons chauds de la palette de Vermeer. C'est ainsi un nouveau rapport du peintre à son modèle qui prend corps, laissant monter à la surface de la toile un visage inédit du féminin en peinture. Il faudra sans doute reconnaître qu'ils sont peu de peintres à avoir su poser cet autre regard sur la femme, un regard ou l'énigme de l'inconnue et du désir qu'elle fait naître, se conjugue avec la couleur de sa pensée. Pour cette émission toute en silence et en surface miroitante, les nouvelles technologies du son auront servi tout particulièrement la recherche d'une matière sonore spécifique, capable de restituer la plastique vermeerienne.

 


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