Les œuvres de génie ont le pouvoir de représenter crûment le néant des choses, de montrer clairement et de faire ressentir l'inévitable malheur de la vie, d'exprimer les plus terribles désespoirs, et d'être néanmoins une consolation pour une âme supérieure accablée, prive d'illusions, en proie au néant, à l'ennui et au découragement ou exposée aux peines les plus amères et les plus mortifères. En effet, les œuvres de génie consolent toujours, raniment l'enthousiasme et, en évoquant et représentant la mort, elles rendent momentanément à l'âme cette vie qu'elle avait perdue : ce que l'âme contemple dans la réalité l'afflige et la tue, ce qu'elle contemple dans les œuvres de génie qui imitent ou évoquent d'une autre manière la réalité des choses, la réjouit et lui redonne vie.
Une Vie, une Œuvre : l’expérience de l’infini
Giacomo Leopardi 1798-1837 est un moraliste, poète et philosophe italien.
Il est issu de la noblesse de
Recanati, son père, le comte Monaldo Leopardi, possède une des plus importantes
bibliothèques d'Italie. L'enfant surdoué grandit dans la solitude, ne s'éveille
qu'au contact des livres et apprend seul le latin, le grec et l'hébreu.
Jeune homme souffreteux, presque infirme, il connaît des désillusions
amoureuses exprimées dans "Premier amour" ou "Les Canti",
et se forge des convictions pessimistes et matérialistes que l'on retrouve dans
ses ouvrages philosophiques comme les "Petites œuvres morales" ou le
"Zibaldone", son monumental journal posthume.
Celui qui considère que 'tout est vanité, hormis la douleur', chante également
le plaisir, la renaissance et le printemps dans des poèmes lyriques qui font
cohabiter des thèmes morbides et les joies éphémères qu'apporte la beauté.
Chantre de l'Italie et de ses gloires passées ("A l'Italie",
"Sur le monument de Dante", 1818), le poète s'investit dans la cause
nationaliste et dénonce l'invasion napoléonienne. Il chante aussi le néant de
l’homme face à la nature avec "Le Genêt ou la Fleur du désert", et
son désespoir dans "La Vie
solitaire" (1821), "L'Infini" (1819) et "À Sylvie"
(1828) .
Bien qu'admiré par certains romantiques comme Alfred de Musset, Leopardi remet
en cause ce mouvement littéraire et sa propension à l'épanchement subjectif
dans son "Discours sur la poésie romantique" en 1818.
Longtemps considéré comme un classique du fait de sa passion pour les textes
latins, Giacomo Leopardi fait en réalité preuve d'une très grande modernité à
travers sa poésie.
Une parole survolée par les étoiles
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