Rutebeuf n'a pas inventé l'histoire du clerc Théophile qui, pour recouvrer dignités et fonctions, rendit hommage au diable et que la Vierge sauva de la damnation. Cette histoire faustienne avant l'heure apparaît d'abord en Grèce au Ve ou VIe siècle. Mais Rutebeuf se l'approprie pour ainsi dire puisque Le Miracle de Théophile intègre les thèmes et les symboles chers au poète, clans un cheminement spirituel qui reconstitue sa vie même. exorcise ses hantises, ses contradictions et ses tentations, exprimant aussi ses plus profondes espérances.C'est la quête d'une âme qui doit aller au fond de la misère et du dénuement pour découvrir la vraie foi.
RUTEBEUF – Une Vie, une Œuvre : Le jongleur désenchanté (France Culture, 1986)
Poète du Moyen-Âge, Rutebeuf (né à une date inconnue, dans les premières
décennies du XIIIe siècle, avant 1230 - mort v. 1285), doit
probablement son nom au surnom « Rudebœuf » (bœuf vigoureux), qu'il
utilise lui-même dans son œuvre. Il serait originaire de Champagne (il a
décrit les conflits à Troyes en 1249), mais a vécu adulte à Paris.
On ne sait quasiment rien de sa vie sauf qu'il était probablement un
jongleur avec une formation de clerc (il connaissait le latin). Son
œuvre, très diversifiée, qui rompit avec la tradition de la poésie
courtoise des trouvères, comprend des hagiographies (Vie de Sainte
Helysabel), du théâtre (Miracle de Théophile), des poèmes polémiques et
satiriques (Renart le Bestourné ou Dit de l'Herberie) envers les
puissants de son temps. Rutebeuf est aussi un poète « personnel », l'un
des premiers à nous parler de ses misères et des difficultés de la vie.
Parmi ses vers les plus célèbres on trouve certainement ceux issus des
Poèmes de l’infortune : « Que sont mes amis devenus, que j’avais de si
près tenus, et tant aimés ... »
Les poèmes de Rutebeuf ont inspiré Léo Ferré qui a assemblé plusieurs
bribes de poèmes de l'auteur pour en faire une chanson qu'il a appelée
Pauvre Rutebeuf. Plusieurs interprétations de cette chanson existent,
entre autres : Léo Ferré (1955 en studio, 1958, 1984 et 1986 en
récitals), Catherine Sauvage (1956), Jacques Douai (1957), Hugues Aufray
(1967), Hélène Martin (1983), James Ollivier (1988), Marc Ogeret
(1999), Joan Baez (1965) et aussi Cora Vaucaire ou Nana Mouskouri.
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