«Des Vies froissées» (Netflix), drame turc de Can Ulkay (2021), avec Cagatay Ulusoy, Emir Ali Dogrul, Ersin Arici…
«Des Vies froissées» : le mélo turc qui cartonne sur Netflix
Ce
film lancé sans promotion est entré directement dans le top 10 de la
plate-forme de streaming. Sans doute grâce à sa profonde humanité.
Qui
se sont pris d'affection pour un « petit » film lancé sans promotion,
venu de Turquie, et qui, après avoir été proposé sur la plate-forme en
silence le 12 mars, se retrouve directement dans le Top 10.
« Des Vies froissées » est un film qu'il ne faut surtout pas « spoiler ». De nombreux internautes ont été scotchés par sa fin totalement inattendue qui fait beaucoup pour sa force émotive. Nous voici à Istanbul, mais dans un angle mort de la société, sous les radars et les ravages du capitalisme, dans une sorte de cour des miracles. Les enfants perdus des rues ont grandi. Ce sont des adultes, qui travaillent comme les chiffonniers d'antan, ou ces silhouettes à la fois esseulées et très organisées que l'on peut croiser à l'aube dans les grandes villes européennes : ils vivent de ce que les autres jettent, et se bricolent un monde, et d'abord un salaire, avec nos rebuts.
Mehmet, la trentaine, s'occupe d'une déchetterie. Il vit dans une maison abandonnée et trime avec ses « collègues » à pousser son chariot et faire le tri de tout ce qui peut être récupéré dans les poubelles de la ville. Un business souterrain qui sans être lucratif, nourrit son homme. En petit chef d'entreprise, « Frère Mehmet » tient des comptes méticuleux, et redistribue à ses comparses de tous âges, sous l'autorité ferme mais bienveillante d'un aîné qui les a vus grandir sans mères. Les pères, ici, on n'en parle même pas. Ils ne savent que frapper ou disparaître. Un jour, Mehmet découvre un petit garçon caché dans un sac…
Du réalisme au conte cruel
A partir de là, on croit découvrir un mélo classique. Mais à partir de là, justement, il ne faut plus raconter l'histoire. Très académique dans sa forme, ses musiques, un jeu un peu forcé parfois, « des Vies froissées » ménage toutefois de jolis plans d'Istanbul parfois très émouvants, comme cette baignade dans le Bosphore, parenthèse enchantée dans un quotidien noir de suie. Mehmet, qui souffre d'un rein et attend désespérément une greffe, semble conduire de main de maître ces travailleurs sans fiche de paie, qui doivent aussi défendre leur territoire.
Sans même parler d'y associer un prénom. Nul doute que nous avons déjà croisé un Mehmet, où que nous vivions. Sans penser que dans leur chariot, on trouve nos vieux objets au rebut, mais aussi leurs souvenirs et traumas d'enfance.
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