À la suite d'un chagrin d'amour, Aldo se fait affecter par le gouvernement de la principauté d'Orsenna dans une forteresse sur le front des Syrtes. Il est là pour observer l'ennemi de toujours, replié sur le rivage d'en face, le Farghestan. Aldo rêve de franchir la frontière, y parvient, aidé par une patricienne, Vanessa Aldobrandi dont la famille est liée au pays ennemi. Cette aide inattendue provoquera les hostilités... Dans ce paysage de torpeur, fin d'un monde où des ennemis imaginaires se massacrent, le temps et le lieu de l'histoire restent délibérément incertains dans un récit à la première personne qui semble se situer après la chute d'Orsenna. Julien Gracq entraîne son lecteur dans un univers intemporel qui réinvente l'Histoire et donne lieu à une écriture qui s'impose avec majesté, s'enflamme au contact de l'imagination. Pour Le Rivage des Syrtes, Julien Gracq obtint en 1951 le prix Goncourt, qu'il refusa.
Documentaire - JULIEN GRACQ (1910-2007) – Un siècle d'écrivains [1995]
[...] C'est un entretien sonore qui sert de fil conducteur à ce portrait de Louis Poirier, professeur d'histoire et de géographie, né en 1910, qui a choisi en 1939 pour publier 'Au château d'Argol', le pseudonyme de Julien Gracq, « un nom rapeux qui heurte un peu l'oreille ». Dans cet entretien, le dialogue est très libre, il laisse percer les agacements de Julien Gracq, « ses vives préférences » et ses « refus également vifs » (Henri Thomas). [...] Des photos, des archives, des images de lieux contemporains, un commentaire du réalisateur s'ajoutent à l'ensemble. [...] On retiendra la lecture par Julien Gracq d'extraits des 'Carnets du grand chemin' (1992), de 'Lettrines 2' (1974), de 'La Forme d'une ville' (1985), 'Des eaux étroites' (1976), avec cette voix un peu rapeuse, sans lyrisme inutile. Une vraie voix, sans affectation, et qui, privée de l'image, du visage, devient encore plus vivante, encore plus charnelle. Catherine Blangonnet.
Julien Gracq 1910-2007, de son vrai nom Louis Poirier, est un écrivain français.
Son pseudonyme littéraire doit beaucoup à sa fascination pour le héros
de "Le Rouge et Le Noir "de Stendhal et à son admiration pour les
Gracques, dans l'histoire romaine. Il décide de prendre un pseudonyme
littéraire, afin de séparer nettement son activité de professeur de son
activité d'écrivain.
Élève brillant, il est admis à l'École normale supérieure en 1930, il
suit en parallèle des cours à l'École libre des sciences politiques d'où
il sort diplômé en 1933. En 1934, il est reçu à l'agrégation
d'histoire et géographie, et est affecté, d'abord à Nantes, au lycée
Clemenceau où il avait été élève, puis à Quimper. En 1946, il est nommé
au lycée Claude-Bernard de Paris, où il enseigne l'histoire-géographie
jusqu'à sa retraite en 1970.
Tenté par le communisme, il adhérera au PCF (1936) jusqu'au pacte
germano-soviétique mais observera toute sa vie une froide distance à
l'égard de tous les embrigadements littéraires ou politiques.
Si « Au château d'Argol »(1938), son premier roman, fortement influencé
par le romantisme noir et par le surréalisme, avait attiré l'attention
d'André Breton, c'est avec « Le Rivage des Syrtes »(1951), et surtout le
spectaculaire refus de son auteur de recevoir le prix Goncourt en 1951,
que Julien Gracq s'est fait connaître du public.
Reconnaissance paradoxale pour cet écrivain discret qui s'est effacé
derrière une œuvre protéiforme et originale, en marge, voire en
opposition vis-à-vis des courants dominants de la littérature de son
époque, qu'il s'agisse de l'existentialisme ou du Nouveau roman.
Après avoir abandonné l'écriture de fiction, les livres que publie
Julien Gracq à partir de 1970 mélangent bribes d'autobiographie,
réflexions sur la littérature et méditations géographiques.
Traduites dans vingt-six langues, étudiées dans des thèses et des
colloques, proposées aux concours de l'agrégation, publiées de son
vivant dans la bibliothèque de la Pléiade, les œuvres de Julien Gracq
ont valu à leur auteur une consécration critique presque sans équivalent
à son époque.
En 2007, Julien Gracq décède à 97 ans. Bernhild Boie est l’exécutrice testamentaire de l’auteur.
Sur les traces de Julien Gracq à Saint-Florent-le-Vieil dans Vues-sur-Loire
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