mercredi 31 mars 2021

Livre - Se libérer de la peur - Aung San Suu Kyi

 

" Ce n'est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l'exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime... Dans sa forme la plus insidieuse, la peur prend le masque du bon sens, voire de la sagesse, en condamnant comme insensés, imprudents, inefficaces ou inutiles les petits gestes quotidiens de courage qui aident à préserver respect de soi et dignité humaine. Un peuple assujetti à une loi de fer et conditionné par la crainte a bien du mal à se libérer des souillures débilitantes de la peur. Mais aucune machinerie d’État, fût-elle la plus écrasante, ne peut empêcher le courage de resurgir encore et toujours, car la peur n'est pas l'état naturel de l'homme civilisé. "
A.S.S.K

Aung San Suu Kyi, née en 1945, diplômée d'Oxford en philosophie, sciences politiques et sciences économiques, a reçu en 1990 le prix Thorolf Rafto pour la défense des droits de l'homme décerné par la Norvège et le prix Sakharov pour la liberté de pensée décernée par le Parlement européen.
En 1991, le prix Nobel de la paix a fait connaître son combat au monde entier.
En 1988, elle affrontait, avec le plus grand courage et sans violence, l'une des pires dictatures de la planète. Assignée à résidence en juillet 1989, elle fut condamnée au silence et à un isolement complet, malgré l'écrasante victoire aux élections de Mai 1990 du parti démocratique qu'elle avait fondé.
En mai 2003, dans le nord de la Birmanie, Aung San Suu Kyi échappait, avec des militants de son parti à une attaque qui fit de nombreux morts et blessés. Depuis, elle vit de nouveau totalement isolée du monde extérieur, sous haute surveillance de la junte militaire.
La publication en France de "Se libérer de la peur" est un geste de solidarité qui vise à intensifier la mobilisation internationale pour la libération d'Aung San Suu Kyi.

Michael Aris, époux d'Aung San Suu Kyi, avait choisi et rassemblé les textes qui composent ce recueil. Professeur permanent au St Antony's Collège d'Oxford, il fut professeur associé au département des Etudes Tibétaines et himalayennes de l'Université de Harvard (USA).

Février 2021: En Birmanie, la tragédie sans fin d’Aung San Suu Kyi

A 75 ans, la Dame de Rangoun se trouve de nouveau placée en résidence surveillée, après des années de compromis – et de compromissions – au pouvoir avec les militaires. 

On aura beau fouiller dans les mythes de la tragédie grecque, il sera difficile d’y trouver un personnage au destin plus singulier que celui d’Aung San Suu Kyi : si la dirigeante birmane fut, de 1988 à 2010, une sorte d’Antigone dont le Créon était l’un ou l’autre des dictateurs en place, son histoire a connu, ces dix dernières années, des rebondissements que nul n’aurait été capable d’anticiper.

Quatre dates illustrent le récent parcours de la Lady : le 13 novembre 2010, la dissidente et bête noire des militaires est libérée après une période d’assignation à résidence de quinze ans étalée sur deux décennies à partir de 1989 ; le 1er avril 2012, « Daw » (« madame «) Suu Kyi est élue députée dans la chambre basse du Parlement ; le 5 avril 2016, après l’éclatante victoire de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), aux élections législatives de novembre 2015, la Prix Nobel de la paix 1991 devient « conseillère d’Etat » et ministre des affaires étrangères, accédant ainsi à un poste équivalent à celui de premier ministre ; le 1er février 2021, elle est renversée par l’armée et se retrouve assignée à résidence, plus de trois décennies après l’avoir été une toute première fois.

La boucle est bouclée. A 75 ans, la vie de la Dame de Rangoun paraît suivre l’antique itinéraire de l’éternel retour du temps. Seule différence : par le passé, elle fut confinée dans sa maison au bord d’un lac, à Rangoun. Elle est aujourd’hui en résidence surveillée dans sa vaste demeure d’ex-chef de gouvernement, à Naypyidaw, capitale de la Birmanie.

L’ancienne « conseillère d’Etat » est accusée par la junte d’importations illégales de talkies-walkies et, plus récemment, de violations de la loi sur la gestion des désastres naturels… Elle risque de deux à trois ans de prison. Mardi 16 février, elle a fait une apparition virtuelle devant une cour de justice où elle a répondu à quelques questions formelles sur les charges qui pèsent contre elles. Un porte-parole de l’armée, le brigadier Zaw Min Tun, a fait savoir le même jour que son procès aurait lieu le 1er mars. Elle est aujourd’hui confinée chez elle « pour sa propre sécurité ».

 

 

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