mercredi 31 mars 2021

Film - 5.5/5 - L'Armée des ombre - 1969

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L'Armée des ombres est un film franco-italien de Jean-Pierre Melville, sorti en 1969 et adapté du roman du même nom de Joseph Kessel, écrit en 1943.

Arrêté pour « pensées gaullistes », Philippe Gerbier (Lino Ventura), qui dirige un réseau de résistants, s'échappe lors de son transfert vers la Gestapo parisienne. Mais les arrestations des membres de son réseau se suivent et les tentatives de libération ne sont pas toutes fructueuses.

En juin 1942, en France occupée. Philippe Gerbier, ingénieur distingué des Ponts et Chaussées, soupçonné de « pensées gaullistes », est arrêté par la police de Vichy et placé dans un camp de prisonniers reconverti en camp de concentration. Il tranche avec les autres prisonniers par une force de caractère peu commune et par les appuis qui l'ont placé dans ce camp. Quelques jours plus tard, les autorités françaises remettent Gerbier à la Gestapo, la police secrète nazie, qui le transfère à Paris pour un interrogatoire à l'hôtel Majestic. Gerbier réussit à s'échapper avec l'aide d'un résistant anonyme et d'un coiffeur apparemment pétainiste, puis retourne à Marseille où est basé le réseau qu'il dirige effectivement.


Le bras droit de Gerbier, Félix Lepercq, a identifié un certain Paul (le jeune Dounat) comme le traître qui a dénoncé son chef. Avec l'aide de Guillaume Vermersch, dit « Le Bison », un colosse d'une loyauté absolue et ancien de la Légion, Félix et Gerbier conduisent Paul dans une maison inhabitée de Marseille pour l'y exécuter. Ils y retrouvent Claude Ullmann, dit « Le Masque », un jeune résistant désireux de faire ses preuves dans une mission difficile. Cependant, l'exécution de Paul, prévue au pistolet, s'avère impossible car une famille a emménagé la veille dans la maison voisine et ne manquerait pas d'entendre les coups de feu. Ayant cherché en vain une autre méthode, Gerbier ordonne à ses hommes de l'aider à étrangler leur captif. Le Masque recule devant la manière de l'exécution, laquelle est pour lui une première, mais Gerbier le rabroue durement et lui confie avec une pointe d'émotion que c'est la première fois pour lui aussi. Le Masque se reprend et les trois hommes mènent à bien leur sinistre besogne.


Marqué par l'exécution, Félix arrive dans un bar et tombe sur un ancien camarade d'escadrille, Jean-François Jardie — un homme séduisant et athlétique, amoureux du risque, mais discret et fiable. Ce dernier accepte l'offre de Félix de s'engager dans la Résistance, à la fois par ennui et par goût de l'aventure. Il mène ensuite avec succès plusieurs opérations d'importance croissante. Lors de sa première mission à Paris, Jean-François fait la connaissance de Mathilde1 qui, sous l'apparence d'une ménagère anonyme, est en fait une pièce maîtresse du réseau de Gerbier à l'insu de son mari et de sa fille. Sa mission accomplie, Jean-François rend une visite-surprise à son frère aîné Luc, qu'il surnomme « Saint-Luc », philosophe de renom qui mène une vie érudite et contemplative dans son hôtel particulier du 16e arrondissement. N'ayant pas vu son frère depuis longtemps, et ne se sentant plus assez proche de lui, Jean-François résiste à la tentation de lui faire connaître son engagement.


Gerbier, qui s'est installé à Lyon, prépare avec Félix son voyage au quartier général de la France libre à Londres. Il doit embarquer de nuit dans un sous-marin britannique dans la calanque marseillaise d'En-Vau avec un groupe d'aviateurs abattus. Jean-François et Le Bison assureront la sécurité de l'opération. Au dernier moment, Gerbier informe Félix que le Grand Patron, le chef de leur groupe, dont l'identité est un secret jalousement gardé, sera lui aussi du voyage. Après que tous les autres ont embarqué, Jean-François conduit le Grand Patron jusqu'au sous-marin dans l'obscurité totale, puis retourne à terre sans jamais avoir vu son passager. Ce n'est que lorsque celui-ci est à bord que la lumière se fait sur le Grand Patron, qui n'est autre que son frère, Luc Jardie.


À Londres, Gerbier reçoit un appui logistique renforcé pour son réseau et Luc Jardie est fait Compagnon de la Libération en privé par Charles de Gaulle lui-même. Gerbier écourte cependant son séjour lorsqu'il apprend l'arrestation de Félix par la Gestapo. Parachuté en France, il est abrité près d'Annecy en toute connaissance de cause par le baron de Ferté-Talloire, royaliste convaincu qui déteste l'occupant encore plus que la République. En l'absence de Gerbier, Mathilde a pris le commandement et se révèle un chef exceptionnel. Elle a appris que Félix est détenu sous garde renforcée par la Gestapo à Lyon et met au point un audacieux plan d'évasion : à bord d'une fausse ambulance, elle affirmera avoir été envoyée pour ramener Félix à Paris. Il faut auparavant prévenir Félix pour garantir le succès du plan ; mais Mathilde, malgré toute son ingéniosité, n'en trouve pas le moyen. Secrètement, Jean-François, qui a assisté en silence à toutes les discussions, rédige une lettre de démission à Gerbier et se dénonce à la Gestapo par une lettre anonyme, avec l'espoir d'être enfermé avec son ancien camarade de régiment. Après interrogatoire et passage à tabac, Jean-François est effectivement mis dans la même cellule que Félix qui est dans un état critique suite aux tortures dont il a fait l'objet.


Mathilde, ignorant tout du geste de Jean-François, convainc tout de même Gerbier de mettre le plan à exécution à condition que celui-ci ne participe pas à l'opération. Déguisée en infirmière militaire allemande et accompagnée du Bison et du Masque, eux aussi en uniforme allemand, Mathilde se présente en ambulance à la prison lyonnaise2 de Félix, porteuse d'un ordre contrefait pour le transfert de Félix à Paris. Déjouant le contrôle d'entrée du camp grâce à un allemand parfait, l'ambulance de Mathilde pénètre dans la cour centrale de la prison, au vu de Jean-François. Le médecin militaire de la prison examine Félix dans sa cellule et le déclare intransportable, confiant à Jean-François puis à Mathilde qu'il ne survivra pas à ses blessures. Mathilde n'a alors d'autre choix que de prendre la nouvelle avec flegme et de repartir bredouille. Voyant que l'opération échoue, Jean-François propose à Félix son unique pilule de cyanure pour lui donner la possibilité d'abréger ses souffrances en se suicidant, tout en lui faisant croire qu'il en a plusieurs.


Serré de plus en plus près par la Gestapo qui a arrêté et exécuté Ferté-Talloire et son personnel sans jugement, Gerbier retrouve Mathilde dans un restaurant de Lyon. Celle-ci l'implore de fuir à Londres, mais Gerbier refuse devant le besoin d'organiser le commandement des nombreux maquis qui se sont formés dans la région. Alors que Mathilde quitte le restaurant, Gerbier est pris dans une descente de police fortuite contre la fraude aux tickets de rationnement. Reconnu et remis aux Allemands, Gerbier est conduit avec d'autres prisonniers dans le long couloir d'un champ de tir3, où un officier SS leur explique la règle du « jeu ». Une mitrailleuse est en batterie juste derrière les prisonniers. Au signal de l'officier, les prisonniers doivent courir aussi vite que possible vers le fond du champ de tir. L'officier donnera un peu d'avance aux prisonniers avant de commander le feu ; l'exécution des condamnés qui atteignent le mur vivants sera ajournée jusqu'à celle du lot suivant de prisonniers. Au signal, Gerbier refuse de courir mais l'officier le force en tirant à ses pieds. C'est à ce moment que l'équipe de Mathilde, en position sur le toit, lance des fumigènes pour obstruer le champ de tir et parvient à extraire Gerbier de justesse au moyen d'une corde. Le Bison conduit ensuite Gerbier dans une ferme abandonnée où il doit se cacher et attendre, seul, de nouveaux ordres.


Un mois passe, puis Gerbier reçoit la visite inattendue de Luc Jardie, qui est venu chercher conseil auprès de lui après l'arrestation de Mathilde : malgré la mise en garde de Gerbier, celle-ci avait conservé sur elle une photo de sa fille. La Gestapo lui donne le choix : ou Mathilde dit tout sur le réseau, ou bien sa fille sera envoyée en Pologne dans un bordel pour soldats revenus du front russe. À peine le Grand Patron a-t-il expliqué la situation à Gerbier que Le Bison et Le Masque s'annoncent. N'estimant pas nécessaire que sa présence soit connue, Jardie se retire dans une pièce attenante pendant que les deux hommes apportent un courrier codé à Gerbier. Celui-ci apprend que Mathilde a été remise en liberté la veille et que deux membres du réseau ont été arrêtés peu après. Il ordonne l'exécution immédiate de Mathilde mais Le Bison refuse d'obéir, promettant d'empêcher Gerbier par la force si nécessaire. Gerbier et Le Masque s’avancent pour le neutraliser, quand Jardie entre dans la pièce.

Conscient du danger que représente désormais Mathilde pour le réseau, Jardie estime comme Gerbier que sa liquidation est nécessaire ; mais l'admiration et la tendresse aveugle du Bison pour Mathilde empêchent ce dernier d'accepter la nécessité de la tuer. Jardie lui explique que le comportement de Mathilde, qui n'a livré que deux hommes malgré sa mémoire photographique et s'est fait remettre en liberté sous le prétexte de conduire la Gestapo au reste du réseau, n'a pour but que de donner à la Résistance l'occasion de l'abattre pour protéger le réseau tout en sauvant sa fille. Le Bison se rend à l'implacable logique de Jardie et accepte la tâche, à laquelle Jardie annonce sa participation afin de faire à Mathilde un adieu digne d'elle. Mais, peu après, Jardie avoue à Gerbier ne pas être convaincu de ce qu'il a avancé.

Quelques jours après, le 23 février 1943, Mathilde marche dans la contre-allée de l'avenue Hoche à Paris, lorsque Jardie et ses hommes s'approchent au ralenti dans une voiture allemande, à la hauteur du numéro 4 de l'avenue, en face du parc Monceau. En les voyant, Mathilde se fige et lance à Jardie un long regard pendant que Le Bison sort lentement un pistolet et l'abat de deux coups de feu. La voiture prend rapidement la fuite.

Le film s'achève sur une série de plans annonçant la fin tragique des quatre hommes :

    « Claude Ullmann, dit « Le Masque », eut le temps d'avaler sa pilule de cyanure, le 8 novembre 1943. Guillaume Vermersch, dit « Le Bison », fut décapité à la hache dans une prison allemande le 16 décembre 1943. Luc Jardie mourut sous la torture le 22 janvier 1944 après avoir livré un nom : le sien… Et le 13 février 1944, Philippe Gerbier décida, cette fois-là, de ne pas courir. »

 

    Lino Ventura : Philippe Gerbier
    Simone Signoret : Mathilde
    Paul Meurisse : Luc Jardie
    Jean-Pierre Cassel : Jean-François Jardie
    Paul Crauchet : Félix Lepercq
    Christian Barbier : Guillaume Vermersch « Le Bison »

 

 

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